OL : rejouer avec Gomis

C'est Rémi Garde qui doit l'avoir mauvaise. Alors qu'il prépare et construit une équipe pendant plus de deux mois, il est obligé de faire avec un petit nouveau de dernière minute : Bafé Gomis. Enfin, un petit nouveau qui est le meilleur buteur du club sur les deux dernières saisons. Or, le coach ne l'avait pas prévu. Et c'est tout une tactique qu'il faut repenser.

Un homme dans le match. Première apparition dans le groupe professionnel cette saison et titularisation d'entrée pour la Panthère. Pas question d'entendre parler de la sempiternelle "adaptation" cette fois-ci se dit-on, chère à tous les nouveaux joueurs qui débutent pour la première fois. Certains prévoient même un regain de forme pour l'OL avec le retour de "celui qui manquait à l'équipe". Oui mais non. Rémi Garde avait imposé Alexandre Lacazette en pointe depuis le début de saison, ce qui suppose un jeu fait de possession et de redoublement de passes.

Il aurait été bête de jouer avec des longs ballons et attendre des déviations aériennes de sa part alors qu'il culmine à 1m75. D'ailleurs, depuis le début de championnat, les Lyonnais finissent leurs matches avec toujours plus de possessions et de passes réussies que leurs adversaires. Dans ce cadre, la relance se faisait de derrière, les latéraux étaient sollicités, et les milieux le cœur du jeu rhodanien. Surtout quand on associe Grenier et Gourcuff (deux joueurs à plus de 80% de passes réussies en moyenne). Mais ça, c'était avant.

Un vrai numéro 9 et un jeu plus direct

On connait le jeu de Bafé. C'est un point de fixation parfait pour une équipe, il permet au bloc équipe de rester haut sur le terrain et par conséquent de laisser l'adversaire très bas. Contre Rennes, cela s'est vérifié. En moyenne, l'OL récupérait la balle à 48 m de ses buts, alors que les Rennais ne le faisaient qu'à 33 m. Dans ce système, le 9 est utilisé comme un point d'appui, ce qui met en valeur les ailiers. D'ailleurs, on dénombre 43 centres (oui 43 !) lors de ce match contre 9 seulement du côté Breton. Jusqu'à maintenant, et sans Gomis, Lacazette n'avait eu droit qu'à 25 centres en moyenne (sur les quatre premiers matches de championnat). Or, aucun but n'a été inscrit, et on se souvient surtout du loupé de Bafé de la tête alors qu'il était tout seul à 5 m du but ...

La team à Rémi Garde récupère plus haut, centre plus. Et la sacro-sainte possession dans tout ça ? Et bien pour la première fois de la saison, toutes compétitions confondues, l'OL ressort d'un match en ayant eu moins le ballon que son adversaire. Bon, la différence n'est pas énorme sur ce match : 50% à Rennes contre 49% à Lyon (on se demande où est passé le pourcentage manquant si on se fie à la LFP). Tout de même, les Gones finissaient leurs matches avec au moins 55% de possession de balle jusqu'à présent. C'est une conséquence logique du retour de Gomis. On le cherche beaucoup plus grâce à de longs ballons depuis la défense, où alors le milieu réduit les redoublements de passes et on cherche direct l'attaquant de pointe dans les pieds, qui lui décale les ailiers directement (ou par l'intermédiaire de Grenier en retrait).

Les ailiers plutôt que les latéraux

Dans les statistiques, cette tendance se vérifie. Avant la réception de l'équipe de Philippe Montanier, l'ailier lyonnais principal (Gourcuff étant positionné en tant que tel sur la feuille de match, mais ne débordait jamais et repiquait dans l'axe) qui était soit Benzia soit Bahlouli , arrivait à maximum 40 ballons par match. Au contraire, les latéraux que sont Bédimo et Miguel Lopes touchaient plus de 65 fois le ballon en moyenne.

Dans un système qui privilégie la possession et le dé-zonage de l'attaquant de pointe (Lacazette), les latéraux constituent la première option de relance et sont énormément sollicités par les milieux. En revanche, contre Rennes, c'est Fékir et Lacazette qui ont tiré leur épingle du jeu avec plus de 50 ballons touchés chacun, alors que Bédimo est passé pour la première fois en dessous de 60 ballons. Dans cette optique, les latéraux montent moins, ce ne sont pas eux qui relancent en premier et leurs montées créeraient un embouteillage sur le côté, alors que l'ailier déborde déjà.

Et Bafé Gomis dans tout ça ? S'il touche autant de ballons que Lacazette en pointe (25 en moyenne), il a donc beaucoup plus de possibilités devant le but avec tous ces centres (s'ils arrivent bien). Conclusion : le nouveau système lyonnais est clairement fait pour lui. Mais pour qu'il soit validé, il faut des buts. On repassera pour cela ... dès ce jeudi soir face au Bétis ?