En marquant l’unique but de la rencontre entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire (1-0), Karl Toko-Ekambi a envoyé les Lions Indomptables disputer les barrages qualificatifs pour la prochaine Coupe du monde. Un symbole que le Lyonnais commence à devenir un membre important de la sélection.
Un match pour tout renverser. Mardi, le Cameroun recevait la Côte d’Ivoire dans un rendez-vous capital pour la qualification à la Coupe du monde 2022. Devancés d'un point par les Ivoiriens, les Camerounais devaient s’imposer pour prendre la première place de la poule. Grâce à la réalisation de Karl Toko-Ekambi à la 21e minute, les champions d’Afrique 2017 continueront leur parcours en mars 2022.
Vainqueurs 1 à 0, les Lions Indomptables ont obtenu leur billet pour les barrages, où ils affronteront l'Algérie, le Maroc, le Sénégal, le Nigéria ou la Tunisie (tirage au sort le 18 décembre). S’ils peuvent encore croire à une place au Mondial 2022, les joueurs de Toni Conceição le doivent donc à l’attaquant lyonnais. “En fait, il avait besoin d'un déclic pour se lancer. Là, c'était un duel couperet et avec une énorme pression, raconte le journaliste Mansour Loum. Typiquement le genre d'événement qui peut libérer un joueur. Avec sa forme du moment, il sera difficile pour le sélectionneur de ne le considérer que comme un joker de luxe. A l'heure actuelle, ils sont 4 pour 3 postes en attaque, et il y a match, il ne part plus forcément avec une longueur de retard comme par le passé.”
"Son statut est un peu difficile à définir"
Cela pourrait en effet lancer définitivement la carrière internationale de l’ancien joueur angevin, qui a eu des difficultés pour s’imposer comme un élément important du 11. “Pour le moment, son statut est un peu difficile à définir. Il était attendu pour s'imposer plus vite au sein de l'attaque camerounaise, mais il y a eu retard à l'allumage, relate le rédacteur en chef de Sport News Africa. Il faut aussi dire qu'il est dans un secteur de jeu où il y a de la concurrence (Choupo-Moting, Aboubakar, Ngamaleu, Bassogog, Bahoken, pour ne citer qu'eux). Ce sont des joueurs quasiment tous capables d'évoluer à tous les postes sur le front de l'attaque, mais certains ont été bien plus décisifs et ont su saisir leur chance. Il est un peu passé dans un rôle de remplaçant.”
Si l’ailier a mis du temps à s'incorporer dans cette sélection, cela est notamment dû à sa nature plutôt discrète. “Il n’est pas vu comme certains de ses compatriotes, exubérants avec le verbe haut, pour forcer le trait. Il est introverti et du coup, certains expliquent aussi son temps d'adaptation plus long par ce décalage entre son caractère et celui de nombreux joueurs dans le groupe, confie Mansour Loum. Après, forcément avec ce but si important et s'il confirme durant la CAN, le regard va totalement changer. Cela commence déjà à être le cas.”
"Ce ne serait pas surprenant qu'il s'installe dans le 11"
A l’aube de la Coupe d’Afrique des nations en janvier prochain, que le Cameroun disputera à domicile, Toko-Ekambi (39 capes, 5 réalisations) s’est peut-être offert le droit de prendre une place de titulaire. “Sur ses dernières sorties, il est bien plus intéressant et décisif. Ce n’est sans doute pas un hasard car il est en pleine confiance en club, il a la réussite et du coup, ça rejaillit aussi en sélection, confirme le journaliste. Le sélectionneur compte sur lui. Il y a des joueurs comme Bassogog qui connaissent une baisse de régime. Avec sa forme du moment, Toko-Ekambi montre qu'il est une vraie solution. Ce ne serait pas surprenant qu'il s'installe dans le 11 de départ.” Concrètement, cela se traduit par 4 titularisations sur les 5 dernières rencontres.
Toutefois, il est encore un peu tôt pour être réellement certain que le Rhodanien a définitivement passé un cap. Malgré tout, il a déjà inscrit 12 buts toutes compétitions confondues cette saison, après notamment un début d’exercice manqué. “Il y a des signes qui montrent un net regain de forme. La CAN va servir de baromètre pour vraiment le savoir, insiste Mansour Loum. En revanche, pour ce qui est du club, là ça ne fait aucun doute. C'est un des hommes forts de l'OL et un des éléments-clés de l’entraîneur. Et un joueur qui a la confiance du coach, ça peut faire de très grandes différences. Ce n'est pas étranger à sa réussite actuelle.” En effet, Peter Bosz compte énormément sur le footballeur de 29 ans. Il en a largement fait un de ses hommes de base lorsqu’il construit son équipe-type.
Plus performant sur l'aile gauche
Pour être le plus efficace possible, et également le plus utile au collectif, Karl Toko-Ekambi doit être placé à son meilleur poste, sur l’aile gauche. “Il arrive à faire de grosses différences et surtout, il est redoutable une fois qu'il revient dans l'axe pour armer avec son pied droit. Et de cette position, il peut aussi faire des appels tranchants et venir conclure une action dans l'axe, détaille le spécialiste du football africain. Ce qui perturbe énormément les défenses. Surtout, sa polyvalence peut rendre bien des services.” Si le technicien néerlandais n’a pas utilisé sa capacité à couvrir tout le front de l’attaque puisqu’il a surtout été aligné sur le côté gauche, son profil peut en effet s’avérer précieux dans un groupe, surtout s’il est dans de telles dispositions.