La Super League a hanté les nuits de beaucoup d'amoureux du football ces derniers jours. Pour l'instant enterrée, cette compétition n'est pas pour autant définitivement abandonnée. Fondateur de l’Observatoire du Sport Business, Vincent Chaudel explique pourquoi ce projet n'est, en l'état, pas une bonne chose pour l'OL.
De dimanche à mardi, l’actualité de football mondial a tourné autour de la Super League. Ce projet, mené par 12 clubs parmi les plus prestigieux (Real Madrid, FC Barcelone, Atlético de Madrid, Juventus Turin, AC Milan, Inter Milan, Liverpool, Manchester United, Manchester City, Chelsea, Tottenham et Arsenal), devait concurrencer la Ligue des champions. Mort-née, cette compétition a tout de même permis à l’univers du ballon d’ouvrir les yeux sur les travers qui régissent ce sport. Les fans anglais notamment ont largement protesté contre la création de ce tournoi. « En réagissant aussi fortement ces dernier jours, ils ont fait bouger les joueurs et les entraîneurs. Je pense que c’est ça qui a fait évoluer les choses", observe Vincent Chaudel, fondateur de l’Observatoire du Sport Business.
Le désengagement des formations britanniques a fait couler cette initiative, notamment menée par Florentino Pérez (Real Madrid) et Andrea Agnelli (Juventus Turin). Toutefois, le spécialiste des questions économiques dans le football prévient, "il faut rester prudent. Cette Ligue est plus que mal engagée, mais je ne dis pas qu'elle est morte car s’il y a eu une prise de parole de ces clubs-là dimanche, ce n’était pas pour rien."
"La question se reposera"
Selon lui, l'intervention de plusieurs dirigeants de pays, Emmanuel Macron ou Boris Johnson par exemple, a joué un rôle important dans cet échec de la Super League. "Si cette compétition existe avec les meilleures équipes et joueurs, alors l’UEFA serait en difficulté. La réaction du public a pesé sur certains joueurs, mais aussi sur les politiques, explique le créateur de l'observatoire du Sport Business. Je pense que c’est surtout de l’affiche car je ne suis pas sur que l'UEFA gagnerait au niveau juridique. Mais le soutien politique est important et ça a pu jouer dans le revirement de position des clubs. Mais la question se reposera. »
Car en effet, le Real Madrid et Barcelone sont toujours officiellement engagés dans cette ligue quasi fermée. La Juventus n'a elle pas clairement acté son repli. Toutefois, la situation profite pour l'instant aux principales équipes françaises et allemandes, qui ont refusé de rejoindre cette compétition. "Ce sont les grands vainqueurs. Si on se met à la place de l’OL, c’est tant mieux si ce projet ne se fait pas car il n’était probablement pas calculé, et n’en aurait, probablement, pas fait partie (Jean-Michel Aulas était de toute manière opposé à ce tournoi). Il vaut mieux pour lui que l’UEFA consente à redistribuer de manière plus généreuse vers les clubs disputant la C1, affirme Vincent Chaudel. Il doit tout de même se qualifier régulièrement pour la Ligue des champions. Ce serait alors tout bénéfice pour lui."
En 2024, 3 clubs français en C1
En attendant l’instance européenne a validé lundi un nouveau format pour la Champions League. Celui-ci sera mis en place à partir de 2024. Toutefois, plusieurs médias annoncent des changements à venir concernant notamment la distribution des places supplémentaires avec le passage à 36 équipes (contre 32 actuellement). "La France est plutôt du côté des gagnants de l’histoire mais ce qui a été voté lundi va encore bouger. Les deux tickets qu’ils restaient à distribuer aux clubs les mieux classés à l’UEFA, cela va peut-être changer pour être donné aux plus petits pays. Donc potentiellement dans ces deux places, une aurait pu nous revenir", rappelle le fondateur de l'Observateur du sport business. L'Hexagone aura tout de même trois qualifiés d'office, contre deux aujourd'hui.
Mercredi, Jean-Michel Aulas a parlé "d'osmose exemplaire" entre le Paris Saint-Germain et l'Olympique lyonnais suite à ce mouvement Super League. Pour Vincent Chaudel, "cette histoire est peut-être l’élément qu’il manquait pour rassembler la famille du football français qui depuis un an est très divisée. Le PSG ayant pris une meilleure position au niveau des instances, cela bénéficie à l’OL, à Marseille et aux autres équipes, estime-t-il. Il y a comme une forme de solidarité qui peut faire du bien à l’Hexagone, même si cela est peut-être de façade ou temporaire." Au vu du passif entre ces clubs, on peut légitimement penser que cette alliance franco-française ne soit que passager.