Ancien footballeur professionnel et formateur à l’Olympique lyonnais, Joël Fréchet dirige la section futsal créée à l’été 2019. Il espère que ce projet précurseur pour un club professionnel va permettre à ce sport, qui attire de plus en plus d’adeptes, de poursuivre son développement en France.
Racontez-nous la genèse de cette section futsal ?
Joël Fréchet : J’en suis à l’origine mais cela fait quelques années que les jeunes de l’OL (U11, U12, U13) ont une séance spécifique de futsal par semaine. Cela leur permet de s’ouvrir à d’autres disciplines. Le futsal est très pratiqué en Amérique latine mais l’histoire de ce sport en France est assez récente. À la fin des années 90, j’ai eu la chance de faire partie de l’équipe de France menée par James Doyen et Pierre Jacky, l’actuel sélectionneur. À l’époque, j’étais en fin de carrière professionnelle et j’ai été le premier capitaine de cette équipe de France. La Fédération a, aujourd’hui, un vrai projet fédéral pour ce sport qui est amené à se développer. On a beaucoup de chance à Lyon, car c’est ici qu’a été créé le pôle France.
Depuis 15 ans, j’étais formateur à l’OL. J’ai eu la chance de côtoyer de grands éducateurs tels que José Broissart, Alain Thiry, Robert Valette, Patrick Paillot... Cela m’a apporté une vraie expérience. J’ai donc eu envie de continuer mais dans une autre discipline. Il y a deux ans, en regardant nos jeunes à l’OL faire leur séance de futsal, je me suis dit : pourquoi ne pas mettre en place un projet autour de cette discipline sportive ? J’ai donc présenté ce projet à Gérard Houllier (conseiller extérieur) et au président (Jean-Michel Aulas). Ce dernier m’a dit : “Banco, on monte une équipe.” On a démarré très humblement (au niveau départemental en D1). Le district du Rhône (2 400 licenciés) est en pleine expansion. On a la chance d’avoir de bons clubs comme Chavanoz (D1*) et Martel Caluire (D2) puis tous ceux qui font leur bonhomme de chemin. J’espère que d’autres clubs professionnels vont nous suivre dans cette démarche sans que cela soit destructeur pour les structures amateurs. L’entente est cordiale. De toute manière, pour porter le futsal au plus haut niveau, on a besoin de tout le monde.
Pour vos entraînements, vous utilisez le gymnase du lycée Saint-Louis-Saint-Bruno...
On a une convention avec le lycée Saint-Louis-Saint-Bruno qui travaille avec l’OL au niveau du collège depuis de nombreuses années. On s’est servi de cette histoire pour intégrer les lieux où le pôle France s’entraîne. On est content de s’entraîner ici et de jouer les week-ends à Décines au gymnase Colinelli. À ce sujet, je tiens à remercier la mairie car c’est difficile de trouver des créneaux. C’est un enjeu pour continuer de se développer. Il faut que les municipalités nous aident si on veut former des jeunes. Car c’est un axe d’amélioration. Quand je vois qu’il y a beaucoup de Brésiliens dans le championnat français, je suis très content, ils amènent beaucoup de choses, mais je me dis qu’on doit former des jeunes pour les amener à ce niveau.
Un bon joueur de futsal est-il automatiquement un bon joueur de football ?
Il faut demander à Juninho (rires). Au Brésil, c’est culturel, ils débutent par le futsal. On a beaucoup à apprendre des deux sports. Le futsal doit apprendre du football à 11 dans les déplacements, dans la connexion et le football à 11 doit apprendre du futsal dans la technique et la maîtrise de balle. On dit souvent que le futsal, c’est la maîtrise de la semelle, non ce n’est pas ça. C’est trop réducteur. C’est très technique et ça va très vite. Cela me plaît beaucoup (sourire). On entend également que c’est un sport de quartier avec, en toile de fond, ce côté péjoratif. C’est faux ! Au sein de notre section, on a 24 joueurs black-blanc-beur qui viennent de tous horizons et ont tous des parcours différents mais ils se retrouvent ensemble pour pratiquer cette belle discipline.
*Les divisions en futsal : national (D1 et D2), régional (R1 et R2) et départemental (D1, D2, D3)