Dans l'interview qu'elle nous a accordée, la gardienne de l'Olympique lyonnais Sarah Bouhaddi, révèle avoir décidé de faire "une pause" avec l'équipe de France. A 33 ans, celle qui compte 149 sélections sous le maillot bleu, affirme avoir besoin de digérer l'immense déception vécue lors de la dernière Coupe du monde disputée en France.
Olympique-et-lyonnais.com : Comment se passe cette préparation estivale ?
Sarah Bouhaddi : Ça se passe très bien. Après trois mois de confinement, nous étions ravies de nous retrouver. Le ballon nous a manqué, le plaisir est là. Nous avons de belles échéances. On accepte mieux la préparation physique car il y a peut-être des trophées à l'arrivée. Donc, pour le moment, tout va bien.
On imagine qu'il a fallu gérer au niveau mental après tant de semaines passées sans taper dans un ballon ?
Oui, franchement, cela a été dur car on ne pouvait pas pratiquer notre métier, le football. Certains ont pu reprendre une activité professionnelle, et, nous, on n'avait toujours pas l'autorisation de rejouer. Cela a été dur psychologiquement, avec par moment, l'envie d'arrêter le programme physique donné par le club car on ne voyait pas trop la fin. Mais au final, toutes les joueuses ont été très sérieuses et, cela s'est vu lors des séances d'entraînements.
Lors du confinement, vous avez tenu à vous mobiliser à travers une initiative "les gardiens de l'espoir" afin de venir en aide aux familles endeuillées par la Covid-19...
J'étais chez moi et j'ai vu de nombreuses chaînes de solidarité, de nombreux Français qui se mobilisaient pour aider le personnel soignant. Et je me suis dis qu'il manquait quelque chose pour toutes ces familles qui ont perdu un être cher. J'ai voulu les aider car elles ont été très touchées avec ces deuils et, très souvent, elles se sont retrouvées en grandes difficultés financières. Mon objectif était de trouver quelque chose pour les aider à surmonter cette épreuve. J'ai mis en place avec la Fondation 101 une campagne afin de récolter le maximum de fonds.
"A l'OL, je suis heureuse !"
Dans quel état d'esprit abordez-vous cette demi-finale de la Coupe de France contre Guingamp ?
Le coach vient juste d'aborder le sujet avec nous (sourire), on n'en a pas trop parlé avant car on était vraiment focalisé sur la préparation. C'est un match de Coupe, on joue au football pour disputer de telles rencontres. A titre personnel, je suis dans un bon état d'esprit, je suis contente. On travaille dans de bonnes conditions, le groupe vit bien. On est impatientes de jouer un tel match car cela nous a manqué. Même si on a disputé trois matchs amicaux en Pologne, ce n'était pas du même niveau. Là, il s'agit d'un match décisif, on a hâte d'y être.
Vous deviez quitter l'OL en juin mais vous avez finalement prolongé de quatre saisons supplémentaires. Expliquez-nous ce revirement ?
J'avais effectivement annoncé que je partais, je l'avais dit au président (Jean-Michel Aulas) et à l'entraîneur (Jean-Luc Vasseur). C'était vraiment mon souhait d'aller voir ailleurs, de voir autre chose. Mais le monde entier a été touché par une crise sanitaire. Mon souhait était de partir aux Etats-Unis mais ce n'était pas possible, les avions ne décollaient pas et je ne pouvais pas avoir un visa... On a rediscuté avec le club car je devais prolonger pour pouvoir disputer la Ligue des champions et la Coupe de France. On est tombés d’accord sur des conditions pour une prolongation et je remercie le Président pour la confiance qu’il m’a une nouvelle fois accordée. Ceci dit, je ne m'interdis pas sur les quatre ans de vivre cette expérience aux Etats-Unis car cela fait partie d'un de mes rêves. Je suis dans le meilleur club français et européen, et, si je dois partir c'est vraiment dans cette optique-là.
A 33 ans, vous êtes toujours aussi ambitieuse avec l'OL qu'avec l'équipe de France ?
A l'OL, je suis heureuse ! J'ai la chance d'être dans la meilleure équipe, on gagne énormément de trophées. Tous les week-ends, on a envie de gagner. On ne fait pas de détails. J'ai toujours autant faim de succès. Par rapport à l'équipe de France, c'est plus particulier. Mon souhait aujourd'hui est de faire une pause. On a disputé la dernière Coupe du monde (2019) et ce n'était pas le résultat attendu (les Bleues ont été éliminées en quart de finale). Ce n'était pas l'objectif qu'on s'était fixés avec la Fédération et la sélectionneure*. Il y a eu un après-Coupe du monde, il y a eu six mois où j'ai essayé de beaucoup réfléchir. Je vais être honnête, c'est une cicatrice qui n'est toujours pas refermée, cette Coupe du monde. Pour moi, c'est un échec sportif. Comme je vous l'ai expliqué, j'ai envie de faire une pause. On verra par la suite ce qu'il en sera.
"Une cicatrice qui n'est toujours pas refermée"
Si on vous suit bien, il s'agit d'une pause et non d'un arrêt définitif ?
Je ne veux pas parler de retraite internationale, mais j’ai besoin de souffler. Je suis encore jeune (rires) même si, 33 ans, ça commence à faire dans le football. Je me sens jeune dans ma tête et j'ai encore mon corps qui me permet de continuer. Je m'entretiens tous les jours. Au fond de moi, j’ai envie de continuer avec l’équipe de France, car j’ai l’amour de ce maillot, le plaisir de jouer pour mon pays. Tout simplement, je ressens le besoin de faire une pause. Je ne sais pas combien temps cela durera mais voilà mon souhait aujourd’hui.
A quel moment avez-vous acté votre décision ?
Cela s'est fait naturellement. Il y a eu cette Coupe du monde et cela a été un gros échec. Je l'ai peut-être trop pris personnellement car j'ai envie de tout gagner et tout réussir. Lorsqu'on dispute une Coupe du monde dans son pays, une finale à Lyon, c'était un rêve. On ne l’a pas fait et il n’y a pas eu non plus la qualification pour les Jeux olympiques (JO). Cela a été une belle claque. J’ai vraiment bien pris le temps de la réflexion et je sens ce besoin de faire cette pause.
Cette pause est-elle irrévocable ?
Oui. Je l'ai annoncé à la sélectionneure* et au président de la Fédération française (Noël Le Graët). J’espère que Corinne Diacre entendra bien que j’ai besoin de faire cette pause, que cela va me faire du bien.
*Corinne Diacre tient à ce néologisme, plutôt qu'au traditionnel "sélectionneuse".
Ne pas être qualifier pour les JO quand on dans les 5 meilleurs pays au monde c'est une faute grave. Sinon elle a bien raison de faire une pause 👍
On peut la comprendre, aui; mais "qui va à la chasse perd sa place"... Ou, une fois qu'une remplaçante va prendre sa place, ce sera très difficile, voir impossible, à elle de la récupérer. C'est le jeu et, évidemment elle le sait.
Surtout si la nouvelle titulaire réussit de bons matchs, avec quelques exploits au compteur mais bon, Sarah a beaucoup donné, beaucoup joué, fait quelques bourdes, mais qui n'en fait pas ! elle a aussi quelques exploits à son actif, ne l'oublions pas.
A présent, il y a, peut-être, d'autres motifs à sa décision.
Tout comme d'autres Lyonnaises, Sarah n'a pas d'atomes crochus avec Diacre...
La cicatrice en est d'autant plus douloureuse, mais Sarah ne souhaite pas en rajouter après l'épisode "Wendie".
Elle pourrait revenir en EdF, mais Diacre a été reconduite....
Je pense aussi que c'est ça; aui.
Après, autant j'adore Wendie Renard, fille entière, capitaine et joueuse exemplaire, autant SB m'apparaît plus secrète.
Elle ne supporte plus sa coach, on la comprend.