Depuis l'arrêt définitif du championnat, Jean-Michel Aulas s'est exprimé à de nombreuses reprises sur l'importance d'un redémarrage de la compétition, notamment d'un point de vue financier. Christophe Lepetit, directeur des études économiques au Centre de droit et d'économie du sport, revient sur les conséquences de cette fin de saison prématurée.
Olympique-et-lyonnais.com : D’un point de vue économique, Jean-Michel Aulas a-t-il raison de s’alarmer d’une non-reprise de la Ligue 1 ?
Christophe Lepetit : Jean-Michel Aulas dit haut et très haut ce que tout le monde sait. L’arrêt total va ou peut se traduire par un manque à gagner important pour les clubs. Pour les droits TV, cela devrait être sécurisé si la Ligue obtient le prêt garanti par l’Etat. Il doit couvrir la somme qu'il restait à verser. En revanche, avoir mis fin à la compétition peut causer des difficultés aux clubs concernant les diverses prestations qui ont été vendues, notamment pour les abonnements, le sponsoring et l'hospitalité. Pour la billetterie, la question ne se pose pas car de toute façon, les matchs se seraient déroulés à huis clos.
Il y a des discussions pour que les clubs ne soient pas confrontés de manière importante à ces remboursements et qu’ils puissent procéder comme dans le secteur touristique, par le biais d’avoirs valables sur la saison prochaine. Jean-Michel Aulas n’a pas tort dans le fond car pour les autres sports et pour l’économie française dans son ensemble, arrêter les compétitions peut se traduire par un manque à gagner.
"L’OL m’inquiète moins que d’autres clubs"
Il parle notamment d’une perte comprise entre 235 et 280 millions pour les droits TV...
A priori, le prêt contracté par la Ligue peut répondre à ce problème. Alors c’est un prêt donc c’est net de trésorerie mais les clubs devront rembourser ces sommes. Ce n’est pas de l’argent qui va arriver sans aucun remboursement. Jean-Michel Aulas n’a pas tort dans le sens où s’être arrêté entérine de fait que Canal + casse son contrat et ne verse pas les sommes dues et très certainement beIN Sport également. La solution n’était pas dans la reprise mi-juin comme cela était envisagé mais plutôt sur des modalités exceptionnelles d’une fin de saison en août. La Ligue a pris cette décision en ayant bien conscience que cela se traduirait par des difficultés économiques mais elle était quelque peu contrainte et forcée par les décisions gouvernementales.
Quelles sont les conséquences de cet arrêt pour les clubs de Ligue 1 et pour l’OL ?
Des premières études circulaient au mois de mars, il me semble de KPMG (un cabinet d’expertise comptable). Elles chiffraient les pertes entre 300 et 400 millions d’euros. Les plus récentes estiment que l’on sera plutôt vers les 600 millions d’euros de pertes pour le football professionnel français. Cela va se traduire par un problème économique. Il y aura des pertes comptables à la fin de la saison et un problème de trésorerie qui pourrait arriver dans les mois à venir. L’OL m’inquiète moins que d’autres clubs. Il a la capacité, par ses fonds propres et par les actifs qu’il détient, de pouvoir trouver les modalités pour passer la crise. Les résultats économiques seront compliqués, il aura des difficultés, mais il pourra souscrire lui-même à des prêts garantis par l’Etat. Il peut activer des mécanismes de trésorerie car c’est un club très solide. Le plus dommageable pour le club est de ne pas avoir pu défendre ses chances de se qualifier pour la coupe d'Europe.
"La force de l’OL, c’est d’avoir une gouvernance très stable"
Globalement, vous êtes donc optimiste pour l'Olympique lyonnais ?
Je suis conscient des difficultés que va rencontrer l’OL. Maintenant, je pense qu’il n’est pas le club le moins armé pour faire face à ces complications. La force de l’Olympique lyonnais, c’est d’avoir une gouvernance très stable depuis l’arrivée de Jean-Michel Aulas, et d’avoir eu un projet de club extrêmement solide qui lui a permis de se développer. Ce qui a été mis en place et qui devait permettre à l’OL de se stabiliser au plus haut niveau français et de disputer chaque année la Ligue des champions, va servir de matelas pour amortir les conséquences de cette crise. Je ne suis pas inquiet outre mesure.
Les autres clubs français vont-ils pouvoir se relever ?
Pour le reste de la Ligue 1, certains sont bien armés, ils connaîtront des difficultés économiques mais ils ont les moyens de les passer, je pense notamment à Nice et Rennes. Ils sont adossés à des fortunes françaises ou internationales, ils pourraient donc faire appel à ces actionnaires. Ceux qui n’ont pas de fonds propres et/ou des actionnaires solides, auront des difficultés. Autres clubs qui pourraient connaître des complications, ceux qui ont fait des transferts la variable fondamentale de leur modèle économique, car il risque d’y avoir un ralentissement assez sévère du marché des transferts cet été et peut-être même de manière un peu plus durable. On peut penser à des clubs comme Lille ou Monaco.
"La saison 2020 – 2021, va être compliquée pour l’OL"
Cette crise va-t-elle engendrer des conséquences financières pour les prochaines saisons ?
La saison 2020 – 2021, va être compliquée pour l’OL car il ne pourra pas compter sur les recettes de la coupe d’Europe et notamment de la Ligue des champions qui amène entre 60 et 70 millions d’euros. Je pense que Jean-Michel Aulas, qui a souvent un ou deux coups d’avance, anticipe la saison prochaine et ces difficultés-là. Le prochain exercice va être compliqué car la crise risque de se traduire également sur les recettes de jour match, sur le sponsoring et sur les revenus commerciaux. Il faut attendre de voir si la Ligue des champions reprend, mais pour l’exercice en cours, c’est plutôt une bonne performance pour l’Olympique lyonnais de se qualifier pour les 8es de finale et d’avoir gagné le match aller.
Ce qu’a fait l’Etat pour l’économie française et qui bénéficie aussi au football et aux clubs concernant l’activité partielle, le report et/ou les exonérations des charges sociales et le prêt garanti par l’Etat, je pense que pour cette fin de saison, les conséquences ne seront pas si négatives. L’interrogation porte sur l’année prochaine, pour tout le monde et pour l’OL en particulier. Il a toutefois la chance d’avoir des fonds propres importants et des actifs valorisables et donc de pouvoir se financer s’il en a besoin par le biais de l’endettement bancaire ou financier. Il pourra également faire appel à ses actionnaires.
"Cela va soulager les tensions de trésorerie"
Que va changer le prêt de 224,5 millions d’euros contracté par la Ligue ?
La Ligue de football professionnel (LFP) qui commercialise les droits TV de manière collective pour les clubs, a souscrit elle-même ce prêt car il y a une baisse du chiffre d’affaires. Les clubs qui devaient faire une croix sur ces versements de fin de saison vont finalement pouvoir en bénéficier. Cela va soulager des tensions de trésorerie qui auraient pu se produire dans les prochains mois car on voit aujourd’hui que c’est compliqué de trouver des accords salariaux avec les joueurs. C’est un signal positif pour les clubs.
La LFP a contracté le prêt, elle va donc devoir rembourser. Maintenant, il faudra voir comment cela va être enregistré comptablement et surtout, comment va se passer le remboursement. La Ligue va-t-elle demander à chacun des clubs de rembourser les sommes dans un an ou bien va-t-elle prélever sur les futurs droits TV les remboursements ? Cela sera-t-il remboursé sur une saison ou sur plusieurs ? Toutes ces questions devront trouver des réponses. Dans l’absolu, vu que la LFP a souscrit à ce prêt pour assurer des versements aux clubs, il ne serait pas illogique que les clubs soient ponctionnés même si c’est la Ligue qui rembourse.
Des économies ? Sur les salaires !!! vu ce que touchent certains, ça en est indécent
Des nuages en perspective sur l'horizon du foot.
Certains, et pas des moindres, risquent d'y laisser des plumes.
meme nous on va laisser des plumes, le PGE c'est bien mais il en reste pas moins qu'au bout du compte il faudra rembourser, et cet argent a rembourser il faudra le trouver qqpart…
On peut espérer que les actionnaires mettent la main à la poche, notamment les chinois qui nous ont fait un joli cadeau avec ce virus...
ca fait des années qu'on nous rabbahce que les finances de OL sont au beaux fixe au dépends des titres et du jeu . Avec cette crise , on devra se passer d 'investissement et équilibrer les finances . En somme, on continue la chute libre depuis les années 2000 et c'est pas prêt de s'arranger .
"la chute libre depuis les années 2000": 7 championnats consécutifs, des beaux parcours en coupe d'Europe, la construction puis le financement du plus grand stade privé de France, déjà remboursé aux deux tiers de sa valeur totale en seulement 3 ans 1/2, des projets tout azimuts, le retour de Juninho qui est plus qu'ambitieux, l'arrivée de Guimaraes, l'internationalisation du club avec TP... Effectivement, quelle misère! Sur quelle planète vis-tu? Et à ton avis, après le départ du Qatar, quel est le club qui s'est le mieux armé pour tout rafler??...
Et j'ai oublié l'OL féminin devenu le plus grand club féminin du monde... Avec son palmarès incroyable et son aura grandissante qui permettent de faire progresser l'image et la notoriété du club dans le monde entier; en même temps qu'il fait rêver des gamines aux quatre coins du monde. Mais tout cela n'existe pas plus qu'un 0-5 contre des cetelems; bien entendu!
Bien dis !
Certains voit le verre à moitié plein, d’autre à moitié vide. L’OL a porter sa croix pendant une longue période d’abstinence de titres, mais s’en est finalement pas si mal sorti. Constamment qualifié en coupe d’Europe,ce n’est pas donner à tout le monde. Ils sont régulier dans les objectifs de fin de saison malgré leur irrégularité dans les résultats,c’est assez contradictoire. Mais au terme d’une saison,c’est très rare de ne pas voir l’OL non européen. Évidemment que le club de Lyon se doit d’être ambitieux et que l’on en attend toujours plus. Nous avions été tellement habitués aux titre pendant de nombreuses années,ceci explique notre attente autour du club.Je le dis et je le répète,je pense que le meilleur est à venir.
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Tu me surprends Hannibal lecteur 🤣😉
L'ol pourra tirer son épingle du jeu, les clubs bancales devraient souffrir davantage !
C'est quand même incroyable que dans un système où le pognon est roi, de voir qu'il n'y a que très peu de clubs sains !
La dncg fait mal son boulot !
A la place de l'état, je les laisserai galérer et se débrouiller
Je pense que la dncg controle le budget sur les engagements de recettes que le club prevoit. Pour autant cette crise laissant u manque a gagner aussi abyssal est dificile à provisionner pour ces entreprises qui voient leur revenus varier regulierement.
Sans vouloir defendre quiconque ce coup et/ou coût d'arrêt etait impossible à budgeter. Par contre je te rejoins sur la fragilité du financement des clubs le moindre accident les mets en difficultés. cette bulle financiere du foot pro n'est qu'un leurre qui enrichit les riches quand tous va bien et enfonce les pauvres lorsque ca va mal.