Connu sous le pseudonyme de Phanou Herko sur Twitter, Stéphane partage avec sa communauté son savoir et ses trouvailles sur l'histoire de l'Olympique lyonnais, son équipe de toujours. Supporteur de l'OL depuis 35 ans, il aime se plonger dans les archives et autres boîtes à souvenirs afin de faire perdurer la riche histoire du club rhodanien. Pour Olympique-et-lyonnais.com, il se livre sur cette passion pour son Olympique aimé.
Olympique-et-lyonnais.com : Pourquoi avoir créé ce compte Twitter dédié à l'histoire de l'Olympique lyonnais ?
Phanou Herko : Quand j’étais petit, on m’a offert deux livres sur l’OL : "Le défi de l’Olympique lyonnais" d’Olivier Blanc (ancien journaliste qui a occupé durant de nombreuses années le poste de directeur de la communication du club) et "L’Histoire de l’Olympique lyonnais depuis 1950" de Jean-François Mesplede et Marc Naville. Ils étaient mes livres de chevet. Dans les années 80, la gloire du club se vivait plutôt au passé et faute d’apprécier les résultats du moment (l’OL est resté six ans en D2) j’étais très fier des trois coupes de France et de la demi-finale de Coupe d’Europe de 1964 même si je n’avais pas vécu ces événements. Puis j’ai grandi avec le club. J’avais 11 ans quand l’OL est remonté en D1 et 23 ans quand il a été sacré champion de France pour la première fois. J’ai donc gardé une affection toute particulière pour les années 90, et, ayant plutôt une bonne mémoire, j’ai beaucoup de souvenirs de cette époque.
En 2003, j’ai dû quitter Lyon pour quelques années. Je me suis inscrit alors sur le forum de discussions du site Internet de l’OL afin de rester « connecté ». J’aimais beaucoup écrire sur l’histoire de l’OL et partager avec d’autres internautes ce que j’apprenais au gré de mes lectures et de mes recherches. C’était particulier de parler du passé à un moment où le club et ses supporteurs étaient surtout centrés sur les succès et les grandes ambitions européennes du moment. Je dois avouer également que je ne me reconnaissais pas toujours dans la nouvelle politique de l’OL. Avec cette diversification des activités (OL coiffure etc), les projets du nouveau stade, l’entrée en bourse, je craignais que le club perde son identité. Je me réfugiais donc dans mes souvenirs. Depuis je continue, je cherche, je fouille, je passe une partie de mon temps libre dans les bibliothèques et les archives et je diffuse le plus possible ce que j’apprends sur le club via mon compte Twitter.
"Je craignais que le club perde son identité"
Êtes-vous nostalgique de l'histoire de l'OL ?
Être nostalgique, c’est être optimiste à contre-temps : on prend conscience de la qualité de l’instant mais après coup. Pour l’OL, ma tendance à regretter le passé n’a jamais été conditionnée aux résultats de l’équipe, pour preuve, j’avais déjà cette façon de voir les choses quand le club enchaînait les titres de champion de France. C’est davantage une certaine idée de l’OL qui me manque mais il ne faut pas confondre la nostalgie avec le passéisme. Pas question d’être rétrograde. Être nostalgique ce n’est pas clamer partout « c’était mieux avant », c’est juste rappeler qu’ « avant, c’était bien ». C’était bien quand l’Olympique lyonnais ne jouait qu’avec des maillots rouge, bleu ou blanc, c’était bien quand des milliers de supporteurs adverses pouvaient se déplacer pour les derbies, c’était bien quand le club était un peu plus populaire et un peu moins médiatique. Ce n’est pas qu’une question de temps qui passe mais c’est aussi un état d’esprit qui part et parfois revient. Cela peut paraître absurde mais je suis beaucoup plus nostalgique des années pendant lesquelles Rémi Garde était l’entraîneur de l’OL, entre 2011 et 2014, que de la décennie des titres (2001-2008).
"Être nostalgique, c’est être optimiste à contre-temps"
Pourquoi s'intéresser à l'histoire de l'Olympique lyonnais ?
Quand l’Olympique lyonnais a rencontré le succès dans les années 2000, certains (des détracteurs ?) lui ont donné la réputation d’un club neuf, récent, lisse et sans histoire. Cette image était erronée et injustifiée. Elle était aussi la conséquence d’une gestion et d’une politique qui se voulaient modernes, très « à la pointe » et très « business » de la part des dirigeants pour qui cultiver le passé était l’apanage des clubs qui n’ont plus que ça pour exister. C’était une erreur. Depuis l’OL s’est réconcilié avec son histoire notamment en inaugurant le musée du Parc OL qui est une grande réussite. Reste que certains pans de l’histoire de l’Olympique lyonnais demeurent relativement inconnus, même parmi les plus fidèles des suiveurs du club.
L’OL a une histoire atypique. Il est né d’une scission quand la plupart des autres grandes associations de football sont issues de fusions. Il a été fondé dans la difficulté après plusieurs décennies d’incompréhension entre le football professionnel et la ville de Lyon. Au niveau local, il a dû se battre pour exister face à la concurrence du rugby puis vivre, longtemps, dans l’ombre de l'encombrant voisin stéphanois. Certains de ses précurseurs, de ses fondateurs et de ses dirigeants ont été de grands hommes et des personnalités qui méritent d’être connues. J’ai vraiment envie que les gens qui aiment l’OL en prennent connaissance parce que je pense qu’on ne mesure pas la grandeur d’un club à son budget ni même à son palmarès mais bien à l’attachement de ses supporteurs et à la somme des souvenirs, bons ou mauvais, qu’ils partagent.
"L’OL a une histoire atypique"
Vous reconnaissez-vous dans l'équipe actuelle ?
Pour moi, historiquement parlant, l’équipe idéale de l’OL, c’est un onze qui réunit une majorité de joueurs formés au club, accompagnés par quelques sud-américains et par des éléments recrutés intelligemment sur leur talent davantage que sur leur nom, le tout guidé par un esprit offensif, l’ambition de développer du beau jeu et la détestation de la défaite. En ce moment, ce n’est pas encore tout à fait cela, mais j’ai pleinement confiance en Juninho pour bâtir un avenir prometteur et respectueux de l’ADN du club.
Allez-vous au stade de temps en temps ?
Tout le temps. J’ai raté très peu de matchs depuis 1989 et même pendant la période où je ne vivais plus à Lyon, je suis resté abonné.
"Le temps n’a pas de prise sur l’enthousiasme, l’euphorie et la mauvaise foi"
Avez-vous gardé cette passion intacte au fil du temps ou s'est-elle détériorée ?
Ma passion pour l’OL a évolué, elle a même grandi parce que maintenant je la partage avec mon fils mais finalement, elle n’a pas tant changé. Je m’étonne toujours de constater, qu’au stade, j’ai un peu près les mêmes réactions à 40 ans que celles que j’avais à 20 ans. Le temps n’a pas de prise sur l’enthousiasme, l’euphorie et la mauvaise foi.
Quelle période de l'histoire de l'OL préférez-vous ?
En ce moment, ce qui m’intéresse le plus c’est 1950, la fondation de l’OL et surtout tout ce qui s’est passé avant. Essayer de comprendre pourquoi la rencontre entre le football professionnel et Lyon a été si tardive et si complexe. Mais j’ai également beaucoup d’affections pour d’autres périodes parce que celles-ci, je les ai vécues pleinement : la remontée en D1, les années Tigana mais aussi la génération Lacazette, Fekir, Umtiti.
"En ce moment, ce qui m’intéresse le plus c’est 1950"
Quel joueur vous a le plus marqué ?
Il m’est impossible de répondre au singulier. Il y a eu Rémi Garde parce qu’il était le leader d’une génération qui a sauvé le club. Eugène Kabongo parce qu’il était la star de mon enfance. Franck Gava, pour son talent, sa finesse et son altruisme. Alain Caveglia, parce qu’il était nous (les supporteurs du virage) sur le terrain. Et puis évidemment, Juninho parce que, finalement, à lui seul, il a été un peu la synthèse de tous ceux que je viens de citer. Quel autre joueur, dans l’histoire de l’OL, peut prétendre avoir fait autant grandir le club que lui ?
Avez-vous une anecdote marquante liée à l’OL ?
J'ai beaucoup d’anecdotes, mais l'une d'elles est plus marquante. Elle est assez récente et personnelle. Le vendredi 6 mai 2016, en sortant, en famille, du parking République, on croise un homme en costume gris qui dit à mon fils, alors âgé de 11 ans et vêtu de son plus beau maillot de l’OL : « Beau maillot jeune homme ! ». C’était Jean-Michel Aulas. Nous n’avons pas eu le temps de réagir, nous ne l’avions pas reconnu avant, mais lui, il a glissé ce mot comme n’importe quel supporteur aurait pu le faire. Le lendemain, il était célébré par 60 000 personnes au Parc OL lors de ce match mythique contre Monaco (6-1) qui offrait une énième qualification en Ligue des champions. Pour moi, cela résume assez bien ce qu’est devenu notre club : une institution très moderne qui a de l’ambition, qui réussit mais qui continue de reposer sur un fondement profondément humain avec son principal dirigeant qui manifeste, avec beaucoup de simplicité, la même passion que celle d’un jeune supporteur de 10 ans.
Bravo ,superbe interview d'un passionné de l'ol et de son histoire.
J'aime bien ses passages sur OLTV
Que ça fait du bien de lire un article comme celui-là... Le fond, la forme, tout y est. Et on sent chez ce supporter une véritable passion intelligente. Bravo et longue vue à lui et à l’OL!
Très bonne interview, et définition de la nostalgie et du passéisme qui me convient parfaitement : "Être nostalgique, c’est être optimiste à contre-temps : on prend conscience de la qualité de l’instant mais après coup", "Être nostalgique ce n’est pas clamer partout « c’était mieux avant », c’est juste rappeler qu’ « avant, c’était bien »".
Ce qui fait que le passéisme se définit a contrario par « c’était mieux avant ».
+ 1 milliard lorsqu'il dit "Pour moi, historiquement parlant, l’équipe idéale de l’OL, c’est un onze qui réunit une majorité de joueurs formés au club, accompagnés par quelques sud-américains et par des éléments recrutés intelligemment sur leur talent davantage que sur leur nom, le tout guidé par un esprit offensif, l’ambition de développer du beau jeu et la détestation de la défaite".
MOIMOIOUMOI
Parfait ton commentaire ,après un article enfin intéressant.
Suis personnellement concerné par ce que tu évoques.
Ouai super article et Bravo pour ton travail de recherche. Idem pour la nostalgie, j'aime cette façon de l'aborder 👍 Je suis un peu comme toi, la période de Remi m'a beaucoup marqué, ce qu'il a fait à été exemplaire, en plus passer derrière ce que Puel à détruit, c'était pas Évident. Il manque juste un ptit mot sur Sonny qui devrait être reconnu autant que Juni au niveau de l'apport 😉
Mais comment peut-on être nostalgique de cette période maudite ?
Vous avez oublié les purges qu'on se tapait sous Garde, l'élimination contre Nicosie, la défaite 5-1 contre Montpellier, la 5ème place à 8 points des verts..?
Du reste sa carrière pathétique post OL atteste qu'il s'agit d'un très mauvais manager...