Niveau de jeu des Bleues, dosage entre jeunesse et vécu, "culture de la gagne" et ode à "l'instinct": Wendie Renard partage auprès de l'AFP sa vision du foot féminin en France avant la clôture du Tournoi de France mardi, assurant que "l'expérience ne s'achète pas".
Avant le Tournoi de France, qui s'achève mardi avec la réception des Pays-Bas à huis clos (21h00), la sélectionneuse Corinne Diacre a dit vouloir rajeunir l'équipe. Jusqu'à quel point est-ce possible et désirable ?
Wendie Renard : "Il y a de tout dans l'équipe: des anciennes, des jeunes déjà très expérimentées avec du vécu en club et en sélection. Et il y a des petites jeunes, comme Perle (Morroni) qui a fait sa première sélection et arrive petit à petit. Quoi qu'on en dise, le foot c'est cela: régénérer le groupe en fonction de la forme du moment. Mais il ne faut pas se le cacher: le noyau n'est pas énorme pour le foot féminin, surtout en France, à l'inverse des Etats-Unis par exemple où elles ont beaucoup de choix. Nous, ça ne fait pas longtemps que c'est +semi-professionnel+, il faut du temps. Il y a des jeunes avec beaucoup de qualités mais au haut niveau, l'expérience ne s'achète pas. Il faut pouvoir jouer petit à petit, apprendre de ses erreurs, les reconnaître et travailler."
Le niveau de l'équipe de France a-t-il progressé ces dernières années ?
On a des joueuses de ballon, comme ce fut le cas dans le passé avec Camille (Abily), Louisa (Necib), Marie-Laure (Délie) ou Elodie (Thomis). On a toujours eu de la variété dans notre jeu, cette identité de joueuses de ballon. On l'a perdue à un certain moment, mais on est en train de la retrouver. On a des joueuses pour faire mal. Même nos étrangères (à l'OL, ndlr) nous disent : "Mais pourquoi vous ne gagnez pas ?"
Qu'est-ce qui coince encore ?
L'efficacité, dans les deux surfaces. C'est un état d'esprit aussi. La culture de la gagne c'est, au quotidien, l'exigence mise envers toi-même. Ce n'est pas juste sur un rassemblement. Moi quand j'arrive sur un terrain à l'entraînement, j'ai envie de gagner. Je perds, je suis énervée. A l'entraînement, se dire : "Aujourd'hui je perds zéro ballon". Après tu en perds, comme en match. Mais il faut essayer de faire le moins de fautes possible, anticiper, être tout le temps en alerte. Le cerveau doit observer le moindre geste.
Gaëtane Thiney, non retenue en mars, estime que les individualités s'expriment difficilement en sélection. Partagez-vous ce constat ?
Sur le terrain, tu dois être capable de prendre tes responsabilités. Même si dès le départ il y a une consigne du coach, si l'adversaire te propose autre chose, tu dois être capable de changer. Pour moi, c'est une prise d'initiative individuelle. Cela vient avec l'expérience.
Mais la moyenne d'âge de l'équipe de France est basse. Il faut du courage pour prendre des initiatives...
Oui, mais l'expérience ce n'est pas que l'âge, c'est la maturité aussi. Sur le terrain, je vois des jeunes capables de le faire, d'autres un peu moins parce qu'elles ont peut-être peur des conséquences : "Si je fais pas ça, je vais peut-être sortir". Mais si l'adversaire te propose autre chose que la consigne donnée au départ, tu dois être capable de changer, le coach ne te dira rien. Il faut garder ce côté "instinct", jouer, se libérer. Sur un coup de pied arrêté, on me dit d'aller au second poteau mais si je vois l'espace au premier, je vais aller au premier. Si je marque, on va me dire quoi? Rien. Tous les coaches donnent des consignes, mais tu dois être capable de changer si ça n'a pas marché une fois, deux fois. Si je fais plein de jeu long et que je n'y arrive pas, même si ç'a été demandé, je vais arrêter de perdre des ballons bêtement. Tu essaies de calmer le jeu et une fois que tu es mieux, tu vas retenter. C'est des petites choses mais tu dois le faire. Jouer avec ses qualités, c'est le plus important.
Propos recueillis par Jérémy TALBOT
Est-ce pour cette attitude que CD lui a retiré le brassard ? Wendie a du caractère et ça ne lui a pas plus, je crois/pense 😉
Continue ainsi Wendie, tu es indispensable à l'EDF !
Avec Diacre, aucune chance que l'équipe de France passe un cap!
Wendy tient un discours tout à fait à l'opposé de ce que j'imagine dans le caractère de Diacre, très/trop directive.
L'affrontement de deux personnalités fortes aux idées bien arrêtées et pas toujours en harmonie qui fait que la sélectionneuse lui a retiré le brassard si on considère que la capitaine est le relais du coach sur le terrain. Wendy ne pouvant pas être renvoyée du groupe France car j'imagine le séisme que cela aurait engendré, la sélectionneuse l'a tout de même désavouée avec ce retrait de capitanat.
J'adore Wendy, une personne qui respire la liberté