OL : Lyon-Lopes, un jeu à double tranchant

A dix jours de la reprise du Championnat, Anthony Lopes n’a toujours pas prolongé son contrat avec l’OL. Brillant pendant la préparation, le gardien lyonnais ne laisse rien transparaître. Mais le contexte qui l’entoure pourrait rapidement devenir problématique.

En ce samedi ensoleillé du mois de juillet, Juninho avait beau avoir pris place dans les tribunes du stade Pierre-Rajon de Bourgoin-Jallieu, les supporteurs lyonnais n’avaient d’yeux que pour Anthony Lopes, leur chouchou depuis plusieurs saisons. Au milieu des chants à la gloire du gardien de but, les supporteurs se sont quand même adressés à Juninho, et à Jean-Michel Aulas, par le biais d’une banderole : « Prolongez Lopes », pouvait-on simplement lire, alors que l’OL affrontait le Servette de Genève. Une manière de faire comprendre à la direction lyonnaise qu’un départ du portier rhodanien, à la fin de son contrat en juin prochain, serait difficile à encaisser. Le 11 juillet, Jean-Michel Aulas a donc tenté de rassurer tout le monde. « On est d’accord avec Anthony, révélait le président lyonnais. Il ne reste plus qu’à se mettre d’accord avec ses agents. Ils défendent particulièrement bien les intérêts de leur joueur. On va se consacrer à ce qui nous relie avec eux, et ça va aboutir. » Depuis ? Le silence radio. Ni le président lyonnais, ni son directeur sportif ou son entraîneur, ni même l’intéressé, n’ont évoqué ce sujet bouillant.

Pas de quoi perturber Anthony Lopes, qui s’est plutôt montré à son aise durant les matches de préparation. Auteur de trois arrêts exceptionnels en première période face à Arsenal (2-1), dimanche, l’international portugais (28 ans) est parti sur les mêmes bases que la saison dernière. Mais à dix jours de la reprise du Championnat, la situation dans laquelle se trouve le Lyonnais interroge. « Je trouve que l’OL prend beaucoup trop de temps pour prolonger un pilier son équipe, qui est régulier, performant et qui a l’ADN OL collé à la peau, indique notre consultant Nicolas Puydebois. Pour moi, Lopes a le droit de revendiquer un nouveau statut. » Lequel exactement ? Potentiellement, celui de joueur le mieux payé du vestiaire devant Memphis Depay. Alors qu’il perçoit actuellement 220 000 € bruts mensuels, le portier souhaiterait presque doubler son salaire. Une requête à laquelle Jean-Michel Aulas semble avoir accédée. Au début des négociations, en janvier, le président lyonnais ne paraissait pourtant pas disposé à casser sa grille salariale pour un joueur du cru, qui plus est un gardien. Reste donc à trouver un accord avec ses conseillers.

Le capitanat pourrait revenir au cœur de débats

En même temps que le dossier de sa prolongation de contrat, qui avait déjà fait des remous en 2015, la question du capitanat pourrait refaire surface. Au vu de son expérience et de son poids dans le vestiaire rhodanien, Anthony Lopes apparaît comme le successeur légitime de Nabil Fekir, parti au Betis. C’était déjà le cas en 2017, lorsque le brassard de Maxime Gonalons cherchait preneur. A l’époque, Bruno Genesio avait préféré le confier à Fekir, estimant qu’un gardien de but ne pouvait pas occuper la fonction de capitaine. Sylvinho est un peu du même avis. « Les entraîneurs ont l’habitude de choisir des capitaines qui jouent au milieu, parce que ça permet une communication plus facile avec les autres joueurs sur le terrain. Je suis un peu de ceux-là », soufflait le technicien brésilien, vendredi.

« Je pars du principe qu’on se coupe d’une voix sur le terrain quand on donne le brassard à un gardien de but, pense également l’ancien gardien de l’OL Nicolas Puydebois. Quand on est gardien de but, nous ne sommes pas assez au cœur du jeu pour peser sur les adversaires et influencer l’arbitre. Mais Lopes peut continuer à jouer ce rôle de leader sans pour autant être capitaine. » Il n’empêche, s’il a toujours fait partie des leaders du vestiaire lyonnais, Lopes avait très mal vécu l’épisode de la succession de Gonalons.

Une nouvelle concurrence

En plus de sa prolongation et de l’incertitude concernant le capitanat, Anthony Lopes doit désormais gérer une nouvelle concurrence. Alors qu’il avait pris l’habitude de travailler avec Mathieu Gorgelin, sa doublure désignée durant cinq saisons, le portier a vu débarquer Ciprian Tatarusanu à l’intersaison. Au contraire de Gorgelin, l’international roumain est à l’OL pour jouer et revendique clairement la place de numéro 1. « Personne ne m’a dit que je serais numéro 2. Je ne serais pas venu si l’on m’avait dit ça. Je suis venu pour jouer, et après, c’est l’entraîneur qui décidera qui va jouer. Anthony est un bon gardien, j’espère qu’il y aura une belle concurrence », déclarait l’ancien Nantais, lors de sa conférence de presse de présentation.

« Pour Anthony Lopes, c’est nouveau mais c’est une bonne chose qu’un gardien ambitieux, qui vient pour le titiller, soit arrivé, relève Nicolas Puydebois. Ça va lui permettre de repousser encore plus ses limites. Il n’a plus le choix, il faut qu’il soit performant. Quand on veut jouer au très, très haut niveau, c’est la concurrence qui fait avancer et qui fait progresser. » Qui ouvre aussi, parfois, de nouvelles portes. « S’il continue d’être performant, il trouvera certainement un point de chute. » S’il n’a toujours pas prolongé, Lopes sera libre de s’engager où il le souhaite au mois de janvier.