Après quatre ans à l’OL, dont une dernière année en prêt à Sedan (National), Fahd Moufi (21 ans) a posé ses valises au Portugal et à Tondela, l’été dernier. Le finaliste malheureux de la Gambardella en 2015, qui n’a joué que trois matches avec sa nouvelle équipe, nous fait part de ses ambitions, de ses états d’âme et revient avec lucidité sur son passage dans la capitale des Gaules. Entretien.
Olympique-et-lyonnais.com : Huit mois après votre arrivée au Portugal, vous n’avez joué que trois matches. Comment l’expliquez-vous ?
Fahd Moufi : Quand je suis arrivé, j’ai fait les matches de préparation et ça s’est plutôt bien passé. Puis je me suis blessé. J’ai raté le début de saison et quand je suis revenu dans le groupe, j’ai joué contre Braga (1-2, 7e journée de Liga NOS) et j’ai pris un rouge au bout de quatre minutes de jeu. Après ma suspension, j’ai été aligné en Coupe, j’ai très bien joué, j’ai même été élu homme du match. Malheureusement, le coach n’a pas chamboulé son onze en Championnat. J’ai eu la chance de rejouer, mais je me suis à nouveau blessé.
Que se passe-t-il dans votre tête, au moment où vous prenez ce carton rouge contre Braga après quatre minutes de jeu ?
Quand je suis rentré aux vestiaires, je pensais que c’était un rêve. J’ai regardé mon téléphone et je suis allé sur une application de matches en direct pour m’assurer que ce qui venait de se passer était réellement vrai. Et oui, c’était la vraie vie. Je n’ai pas eu l’impression d’avoir laissé passer ma chance mais j’étais déçu.
Ce carton rouge était-il mérité, selon vous ?
Franchement ? Non. Je ne touche pas le joueur adverse, il tombe devant moi. Mais comme j’étais le dernier défenseur…
Votre suspension a permis à votre concurrent direct dans le couloir droit de la défense, David Bruno, de définitivement s’installer. Ça paraît difficile de le déloger maintenant ?
Non, je ne pense pas que ça soit difficile de le déloger. J’ai eu ma chance et ça n’a pas tourné en ma faveur parce que j’ai été blessé ou j’ai pris ce carton rouge. Mais le coach connaît mon potentiel. David Bruno a 26 ans, il est titulaire depuis le début de la saison, le coach ne peut pas le sortir de l’équipe comme ça.
Avant de signer, Tondela vous a donné des garanties sportives. Estimez-vous que le club n’a pas respecté ses engagements à votre égard ?
Avant d’arriver, j’ai parlé avec le coach et le directeur sportif, ils étaient vraiment intéressés par moi et m’ont étalé leur projet. J’ai joué, puis je me suis blessé. Mais quand je suis revenu de blessure, pour moi, je devais rejouer. Sans faire le prétentieux, je m’entraîne très bien. Pourtant, je suis sur le banc. Je suis allé me plaindre, le coach m’a expliqué qu’il n’avait rien à me reprocher mais qu’il ne pouvait pas changer son équipe. Au bout d’un moment, on ne me prend pas pour un con mais… Ce coach n’aime pas changer son onze, la concurrence n’est pas saine.
Avez-vous l’impression d’être la victime d’une forme d’injustice ?
Oui, c’est sûr. Si on me compare à l’autre latéral droit aux entraînements, on peut se rendre compte que je m’entraîne très bien par rapport à lui ou d’autres.
Votre entraîneur ne vous a-t-il pas reproché un excès d’agressivité ? Vous avez pris un carton rouge et deux cartons jaunes en trois matches cette saison…
Sur le carton rouge, j’ai fait une erreur. Il y a un carton jaune que j’ai pris parce que j’ai contesté une décision de l’arbitre. Mais le staff ne m’en a pas voulu, ils m’ont dit que ce n’était rien, que c’était dû à mon manque d’expérience, au fait qu’il fallait que je m’adapte au championnat portugais. Il ne faut pas oublier que je n’ai pas beaucoup de matches en professionnel derrière moi…
Avec le recul, regrettez-vous d’avoir signé à Tondela ? Vous aviez des offres en Ligue 1 et en Ligue 2 l’été dernier…
Non, parce que si je ne m’étais pas blessé, j’aurais joué. Mon discours n’aurait pas été le même. Mais je ne regrette pas mon choix, je suis dans une équipe de première division et je sais que je vais avoir ma chance. Après, en janvier dernier j’ai voulu partir parce j’ai vu que le coach ne voulait pas faire tourner son équipe. Le club a refusé toutes les offres qu’ils ont reçues. Il y en avait de Ligue 2, ç’aurait pu être un bon tremplin.
Le club compte donc sur vous ?
Oui, je pense. Le directeur sportif ne voulait discuter avec aucun club, cet hiver. Mais si la situation n’évolue pas d’ici la fin de saison, je vais demander à partir l’été prochain. Après, je sais que la direction ne sera pas du même avis. Je vais vous dire quelque chose qui contrarie le club. Le directeur sportif m’a dit que s’il était coach, il me ferait jouer. Le coach fait l’inverse… Les avis divergent. Mais pour me sentir bien, j’ai besoin de jouer.
« Signer pro, cela ne veut plus rien dire »
A 21 ans vous débarquez dans un pays étranger, loin de Lyon où vous avez passé près de quatre ans. Comment s’est passée votre acclimatation ?
On m’avait dit qu’au début ça allait être dur, mais j’ai réussi à m’adapter rapidement. Pendant les trois-quatre premiers mois, j’avais aussi ma famille et mes copains avec moi, ça m’a aidé. J’ai aussi eu une prof de portugais à ma disposition. Maintenant, je parle un peu la langue. Après, c’est sûr qu’il faut se faire à de nouvelles habitudes mais ça reste du football.
Après votre prêt à Sedan, vous avez pris part à la reprise de l’entraînement avec les pros à Lyon. Bruno Genesio vous a tout de suite dit qu’il ne comptait pas sur vous ?
Oui, il a pris un petit groupe de joueurs et nous a dit qu’il ne comptait pas sur nous. Il m’a proposé d’aller jouer en réserve, tout en m’assurant que sa décision n’était pas arrêtée. Je ne voulais pas redescendre d’un cran [du National à la CFA, NdlR], alors je lui ai dit que je voulais partir.
Un prêt a-t-il été envisagé ?
Oui, le dossier le plus proche d’aboutir était celui de Bastia. Ils venaient de descendre en Ligue 2 et leur coach me voulait vraiment. J’ai quand même attendu pour signer, car le club était menacé par la DNCG. Florian Maurice me conseillait de ne pas aller là-bas parce qu'il savait qu’ils allaient descendre en National 3. Il m’a dit de patienter, il a eu raison. Quand ils ont déposé le bilan, j’ai demandé un transfert définitif dans un autre club.
Comment avez-vous réagi quand Bruno Genesio vous a annoncé qu’il ne comptait pas sur vous ?
Je l’ai mal pris, mais je m’en doutais quand même un peu. Il faut voir la réalité en face. A mon poste, il y avait (Christophe) Jallet, Rafael, et je savais que (Kenny) Tete allait arriver. Même (Jordy) Gaspar est parti parce qu’il a bien vu qu’il ne pourrait pas jouer. Je ne pouvais pas venir et dire : « J’ai fait une saison en National, je viens pour jouer ». C’était impossible.
Avez-vous des regrets, feriez-vous les choses différemment avec le recul ?
Non, non, non (il insiste). C’est vrai que j’aurais aimé évoluer en équipe première. Cela ne s’est pas fait, c’est la vie. Il y a pleins de joueurs qui ne se sont pas imposés dans leur club formateur, ce n’est pas pour ça qu’ils n’ont pas fait carrière.
Que vous a-t-il manqué pour vous imposer à l'OL, dans votre club formateur ?
De la maturité. J’ai manqué de maturité dans la vie de tous les jours. C’est ça qui reflète les performances sur le terrain. Même si j’étais bon, j’étais trop dans la folie, je rigolais aux entraînements, il fallait qu’on me tape sur les doigts pour que je sois sérieux. J’étais un gamin. Maxence Flachez me disait de me réveiller, Stéphane Roche, aussi, me donnait de très bons conseils.
Avez-vous un conseil à donner à tous les jeunes du centre de formation, qui rêvent de s’imposer à l'OL ?
Il faut rester les pieds sur terre, être mature et essayer de comprendre avant les autres. Il faut travailler, aussi. Sans le travail, on n’a rien. Quand on signe pro, cela ne veut plus rien dire, non plus. Quand j’ai signé mon premier contrat professionnel [en février 2016, NdlR], vous savez ce qu’on m’a dit ? Le premier ce n’est pas le plus dur, c’est le deuxième.
« Nabil Fekir a eu ce rôle de grand frère avec moi »
L’été dernier avant de partir de l’OL, vous avez eu une discussion avec Mustapha Hadji, l’adjoint d’Hervé Renard en sélection du Maroc. Vous a-t-il conseillé de signer à Tondela ?
Non, il m’a conseillé de signer au Portugal. Il m’a dit que le championnat portugais était un très bon championnat où l’on pouvait rapidement exploser.
Au moment où vous avez cette discussion avec lui, est-ce dans l’optique de prendre part, à court terme, aux rassemblements de la sélection A ?
C’est mon objectif numéro un, en tout cas. Hervé Renard me connaît déjà, son staff aussi. Quand j’étais en Espoirs, je suis monté avec eux car on avait fait un match amical contre les A. Ils avaient bien aimé ma prestation.
Quand vous décidez de partir de l’OL, avez-vous la Coupe du monde dans un coin de la tête ?
Non, c’était encore trop loin pour moi. Je n’aime pas trop me projeter, je préfère y aller étape par étape. Si j’avais fait une saison pleine, j’aurais peut-être été à la Coupe du monde et j’aurais remercié Dieu. Mais si l’on veut quelque chose et qu’on n’arrive pas à l’avoir, c’est un échec. C’est pour ça que j’essaie d’y aller par paliers.
Vous ne serez pas à la Coupe du monde, Nabil Fekir, un de vos amis les plus proches, pourrait en revanche y aller. Échangez-vous régulièrement avec lui ?
Oui, mais il n’y pas que lui. J’échange encore avec tous ceux de l’OL, notamment Mouctar Diakhaby et Christopher Martins Pereira [prêté à Bourg-en-Bresse cette saison, Ndlr], avec qui j’ai toujours marché. Mais c’est vrai que Nabil a eu ce rôle de grand frère avec moi. Il me disait ce qui était bien et ce qui ne l’était pas, surtout sur le terrain. Il me le dit encore aujourd’hui. »
Je trouve que c'est quand meme beaucoup " de la faute aux autre " .
Quant a la phrase qui m'a bien fait rire " meme Jordy Gaspar est parti parce qu'il a vu qu'il ne pourrait pas jouer "
Perso je dirais plutôt qu'il est parti a Monaco parce qu'il se voyait trop beau et voulait tout tout de suite.......
mais rassure toi il joue..........
Au Cercle de Bruges !!
Bon vent. Je t'ai adoré.
Ce joueur a toujours une excuse à ses échecs, ça me rappelle un coach...
C'était qui le formateur de ce joueur?
Flachez et roche, comme dit dans l'article.....
ça me rappelai la méthode de Génésio : 1 échec= 1 excuse