OL : ça fait du bien !

Pour la première fois cette saison, l'OL a gagné un match en donnant une impression positive. Cinq buts, aucun encaissé, et de plus en plus de jeu et d'actions offensives collectives. Ce n'était que Troyes certes, mais tout de même.

Pour une fois, on peut aller dans le sens de Bruno Genesio à l'issue de la rencontre remportée 5 à 0 sur la pelouse de Troyes. "J’ai la sensation qu’on accumule de la confiance, c’est la différence avec le début de saison, assure-t-il. Sur certains matches ce n’était pas toujours abouti, mais je pense qu’on a été très sévère avec nous car on n’a perdu qu’un seul match toutes compétitions confondues cette saison et ça montre le caractère de cette équipe." Les trois succès consécutifs en une semaine font beaucoup pour la confiance, mais sur le plan du jeu, c'est aussi de plus en plus intéressant.

Un milieu souverain et complémentaire

Premier coup d’œil à la composition d'équipe, Nabil Fekir est sur le banc. Des douleurs au dos suite au match contre Everton trois jours avant, et un possible carton jaune comme épée de Damoclès qui pourrait le suspendre lors du derby ont fini de convaincre Bruno Genesio. Conséquence de tout cela, le technicien rhodanien modifie son dispositif tactique et pose un 4-3-3 sur la pelouse, avec au milieu une sentinelle (Lucas Tousart) et deux relayeurs (Tanguy Ndombele et Houssem Aouar). Certains supporters demandaient cela depuis quelques semaines, et on peut leur donner raison au vue de la rencontre. Avec ses deux relayeurs, l'OL a enfin posé le jeu et ce même à l'extérieur. Ndombele et Aouar ont dominé le milieu du terrain (tous milieux confondus ce sont les deux joueurs qui ont touché le plus le ballon avec au moins 60 prises), le tout en étant très propre (environ 90% de passes réussies chacun, sachant leur volonté d'aller vers l'avant, c'est fort!). Mais ce qui a sauté aux yeux, c'est leur complémentarité, qui s'est vue sur les actions de but de Lyon.

Entre Aouar qui pose le jeu, et Ndombele qui transperce les lignes, les Gones disposent de joueurs pouvant faire évoluer les options tactiques offensives en cours de match. L'adversaire ne sait pas sur quel pied danser, et cela rend les Lyonnais encore plus dangereux. Sur le premier but, c'est le numéro 8 de l'OL qui décale Marçal en une touche alors que la gonfle vient de la droite, et c'est lui qui redemande dans la foulée au latéral brésilien afin de joue en une deux en profondeur. Ce style élégant ne dispense pas Aouar des tâches offensives, et sur le troisième but de son équipe, c'est lui qui va au duel pour récupérer le ballon dans son camp, avant que Mariano ne traverse tout le terrain avec. Quant à Ndombele, il se montre comme il sait si bien le faire. Cuir au pied, l'ancien du Havre fait une percée de 50 mètres plein axe en prenant de vitesse tous ses adversaires. Une passe dans la profondeur pour Memphis, et celui-ci n'a plus qu'à enrouler au deuxième poteau. En alternant ces types d'actions, les Rhodaniens ont posé de gros problèmes à Troyes, tout en instaurant un équilibre collectif bénéfique pour toute l'équipe. Et Tousart dans tout cela? Il s'est concentré sur son rôle de sentinelle, en récupérant les ballons (un tiers de ses ballons provient de récupération) pour les donner à ses deux acolytes du milieu. On ne lui en demandait pas plus étant donné la performance de ses deux compères.

Une attaque qui se tire la bourre

Grâce à tout ce travail derrière eux, les attaquants n'avaient plus qu'à concrétiser les actions qu'ils se procuraient. Avec cinq buts, on peut dire que c'est chose faite, et surtout on constate une certaine émulation entre eux. Il faut aussi rappeler que contrairement à d'habitude, le trio d'attaque n'avait pas Nabil Fekir pour les fournir en ballon, ou alors pour prendre ses responsabilités quand ceux-ci étaient moins performants. A eux de se montrer, comme des grands. Après son but victorieux à Everton, on commence à retrouver Bertrand Traoré, celui si virevoltant du début de saison. Plus en jambe, le Burkinabé a fait pas mal de différence surtout en première période (avec un but à la clé en piquant au deuxième poteau), mais a moins été aidé par Rafael que d'habitude. Normal dès lors qu'il ait moins été en vue au fil de la rencontre, obligé un peu plus qu'à l'accoutumée d'exploits individuels, tandis que de l'autre côté du terrain on combinait d'avantage (Aouar insiste toujours pour jouer avec son latéral). Pour les deux autres protagonistes de devant, on peut presque dire que c'était une compétition à distance.

Memphis a fini avec un triplé, Mariano un seul but. Le Dominicain a même laissé évacuer toute sa frustration en concrétisant enfin cette occasion à la 90e, et il faut souligner que si le Néerlandais a marqué d'un joli enroulé en lucarne plus tôt dans le match, Mariano avait "manger" la feuille en partant dans un raid solitaire depuis son camp sans voir son coéquipier démarqué à ses côtés. Symbole de ce duel pour le but, Mariano a tenté de s'approprier le penalty alors que la hiérarchie des tireurs désignait Memphis. Attention, on ne dit pas que cette concurrence pour le "goal" entre les deux joueurs est mauvaise, bien au contraire. L'ancien de Manchester United a sans doute disputé son meilleur match cette saison, avec un triplé donc, mais aussi en forçant moins son jeu de dribble et en jouant plus simple, en moins de touche. Quant à Mariano, il n'y a qu'à voir toute la hargne qu'il met sur chaque action, que ce soit offensive (il a insisté pour marquer son but) ou défensive (son pressing ne laisse pas la défense tranquille). Et comme tout fini bien, l'ancien du Real Madrid retiendra sans doute que c'est lui qui envoie magnifiquement Memphis en profondeur dans le dos de la défense troyenne sur l'action du penalty. Que toute cette concurrence continue à tirer l'OL vers le haut.