ESTAC - OL : Troyes, un promu pragmatique à cheval entre solidité et jeu

Dimanche après-midi, l’Olympique lyonnais se déplace au stade de l’Aube pour affronter l’Espérance Sportive Troyes Aube Champagne (17h, beIN Sports 1). Une rencontre post-Coupe d’Europe à bien négocier face à une formation capable de gêner beaucoup d’équipes cette saison.

Depuis la reprise de la Ligue 1 Conforama au mois d’août, aucune rencontre de Troyes ne s’est soldée avec plus d’un but d’écart. Une particularité, encore plus étonnante pour un promu, ce qui démontre une certaine solidité. 12e avec trois victoires, trois nuls et trois défaites (ça ne s’invente pas !), l’Estac dispose d’un petit matelas confortable sur Rennes, 15e avec six points*.

Un collectif bien huilé

A l’issue d’une 38e journée de Ligue 2 au scénario complètement fou, Troyes a accroché la dernière place du podium synonyme de barrages face au FC Lorient. Victorieux de la double confrontation face au Bretons, l’équipe a accédé à l’élite. L’objectif pour cette saison est évidemment de se maintenir et de ne pas faire l’ascenseur comme en 2012-2013 et 2015-2016. Pour cela, le club n’a pas bouleversé son effectif et n’a pas perdu de joueurs majeurs. « Quand tu es l’Estac, il faut être malin dans le recrutement et ils l’ont été, assure Julien Collomb journaliste pour l’Est Eclair Sport. Vizcarrondo (Nantes), Bellugou (Lorient) et Deplagne (Montpellier) sont arrivés, ils connaissent la Ligue 1. Khaoui (prêté par Marseille) apporte une vraie patte technique et un peu de folie. Pelé (arrivé libre de Brest) était très intéressant en L2 et se met au niveau de la L1. Suk (attaquant sud-coréen prêté par le FC Porto) apporte une solution différente devant. C’est un vrai joueur de pivot, une force de la nature qui pèse sur les défenses. C’est un recrutement très bien fait, ils ont doublé les postes ». Un mercato qui porte ses fruits jusque-là, d’autant plus qu’il n’a rien coûté car les joueurs sont arrivés libres ou en prêt. Investis dans le projet, les nouveaux se sont rapidement intégrés et Jean-Louis Garcia a réussi à créer un vrai collectif. « Le coach l’a dit plusieurs fois, il n’y a pas de star dans cette équipe. Il a également répété qu’il pouvait faire tourner un ou deux éléments sans que ça perde en cohérence, explique le suiveur. L’Estac continue aussi de s’appuyer sur les joueurs qui ont fait monter le club comme Nivet, Darbion, Samassa, Cordoval, Giraudon, Hérelle ou les enfants du club comme Confais ou Grandsir ».

« Capable d'embêter n’importe qui »

S’il n’a pas encore joué Monaco ou le Paris Saint-Germain, Troyes n’a pas pour autant bénéficié d’un calendrier facile. Après neuf journées, le club aubois est 12e, a notamment battu Nice à l’Allianz Riviera (1-2) ou l’ASSE au stade de l’Aube (2-1). Lorsqu’il s’est incliné, comme à Bordeaux (2-1) ou contre Nantes (0-1), il n’a pas été ridicule. La belle saison de l’an dernier est bénéfique c’est une certitude. « Je pense que ça y a participé forcément. Toute équipe qui monte surfe sur une dynamique, explique Julien Collomb avant de nuancer. Mais il fallait prendre la mesure de la Ligue 1 où il y a d’autres exigences ». Les deux formations qui l’ont accompagné à l’étage supérieur, Amiens* et Strasbourg, comptent actuellement deux fois moins de points que les coéquipiers du capitaine Benjamin Nivet (blessé et absent dimanche tout comme Karim Azamoum suspendu). Le fait que l’Estac ait un passé récent dans l’élite n’est certainement pas étranger à cela par rapport à des équipes qui la (re)découvrent. « C’est un très bon début de saison pour un promu il n’y a pas de doutes là-dessus. Garcia a insufflé une vraie solidité tactique à ce groupe et c’est pour ça qu’ils sont capables selon moi d’embêter n’importe qui », estime notre confrère. Lors de ses deux dernières rencontres contre l’ASSE et le LOSC, le coach aubois a organisé son équipe en 4/2/3/1. Un système qu’il pourrait réutiliser ce dimanche. « S’il surfe sur la dynamique actuelle, normalement oui. Mais l’équipe a montré qu’elle pouvait s’adapter à d’autres schémas et faire des matchs cohérents. Garcia va peut-être s’adapter à ce que Lyon va proposer, il peut aussi offrir lui-même quelque chose de différent à l’OL », pense le journaliste du quotidien aubois.

Le pragmatisme, maître-mot de Jean-Louis Garcia et son équipe

A l’époque de Jean-Marc Furlan, Troyes était une formation réputée pour sa volonté de faire du jeu. Cela avait certainement coûté le maintien à son équipe. Aujourd’hui cette envie ne s’est pas envolée mais elle a été revue et corrigée pour tenter de décrocher le maintien en fin de saison. « En Ligue 2, ils faisaient du jeu, mais si je dois résumer l’équipe de Troyes et Garcia en un mot, ce serait pragmatisme. Elle a cette capacité à s’adapter, à prendre le jeu à son compte dès que c’est possible. D’un autre côté, elle est aussi capable de faire le dos rond, de faire mal sur des montées de balles rapides. Cela correspond bien à ce que veut faire l’entraîneur, avoir une philosophie joueuse mais ne jamais oublier cette notion d’équilibre essentielle pour se maintenir. Ils ont ces qualités d’avoir un bloc très costaud tactiquement et défensivement, et d’aller porter le danger devant avec des joueurs offensifs qui sont rapides comme Grandsir, ou expérimentés en L1 comme Darbion », détaille le suiveur. Autres atouts du promu, sa force de caractère et son mental. Réduit à 10 contre Metz et Saint-Etienne alors que le score était encore de 0-0, il s’est imposé à chaque fois. Face aux Lorrains, Grandsir avait inscrit le but libérateur dans le temps additionnel. Rebelote à Lille (2-2) le week-end dernier où c’est Niane qui a arraché l’égalisation à la 93e minute sur pénalty. « Si je devais définir Troyes en quelques points, ce serait sérieux, solidité tactique avec cette capacité à bien jouer au ballon et à se projeter vite vers l’avant, caractère, mental », conclut Julien Collomb.

Impérial contre Strasbourg (4-0), l’OL ne le fut pas face à Dijon (3-3) ou Angers (3-3), des équipes inférieures sur le papier. Cela vaut également pour Troyes dimanche, mais le foot se joue sur le terrain. Lyon est prévenu d’autant que les Rhodaniens ne gèrent pas très bien les rencontres qui suivent la Coupe d’Europe cette saison. Avec un seul point en deux matchs, ils doivent passer la vitesse supérieure en championnat s’ils veulent y goûter à nouveau l’an prochain. Le scénario de la victoire à Everton jeudi soir (1-2) ne peut que leur donner confiance.

*Amiens et Lille comptent un match en moins suite aux incidents survenus au stade de la Licorne le 30 septembre dernier.