Né à Lyon et formé à l’Olympique Lyonnais, Cédric Bardon a rapidement été considéré comme une potentielle pépite du club rhodanien acquérant le surnom de « futur Van Basten ». Malgré des débuts précoces et encourageants en Ligue 1 à 17 ans, il ne confirmera pas tous les espoirs placés en lui. Auteur d’une carrière très respectable qui l’a conduit aux quatre coins de l’Europe, il a eu le courage de fonder son entreprise en menant de front son business et sa carrière de footballeur. A 40 ans, l’Equipe RH est aujourd’hui une structure à la fois rentable et en plein développement.
Olympique-et-Lyonnais : Cédric, vous êtes natif de Lyon et vous rejoignez l’Olympique Lyonnais à l’âge de 10 ans. Comment se déroule votre arrivée au club ?
Cédric Bardon : J’ai commencé le football à l’UGA Décines, qui, à l’époque, était un club intéressant sur la région. Du coup, mes performances ont éveillé l’intérêt des recruteurs lyonnais. J’ai d’abord fait un an à l’OL puis je suis retourné à l’UGA pour des soucis de transport. Mes parents n’avaient pas le temps de m’emmener et à 10 ans, j'étais un peu jeune pour faire les trajets seul en bus. Donc c’était plus simple pour tout le monde que je retourne à Décines. Tout se passait bien avec l’UGA, de ce fait, j’ai effectué mon retour à l’OL à l’âge de 13 ans, en fin d’année pupilles. J’étais déjà un peu plus grand que la première fois (rires). Il y avait un véritable esprit de camaraderie à l’OL. A cet âge-là, on ne pense pas trop à la concurrence. La mentalité est différente que quand on est adulte puisque quand on devient professionnel, on vit de ça donc cela laisse place à davantage d’individualisme.
A cette période, l’OL n’avait pas le même palmarès et la même réputation qu’aujourd’hui. Quelle était votre vision du club lorsque vous étiez enfant ?
L’OL n’avait pas le palmarès qu’il a aujourd’hui mais pour moi c’était LE grand club. J’ai toujours été supporter des Gones dès lors que j’ai commencé le football. Je me rappelle que mon père m’emmenait à Gerland où l’on allait sous les projecteurs en virage pour aller voir des matchs. L’OL était alors en Ligue 2. Lyon, comme aujourd’hui d’ailleurs, était le rêve de tous les enfants de la région. L’OL m’a donné envie de devenir footballeur, j’ai eu la chance d’atteindre cet objectif, sinon je me serais orienté vers pilote d’avion qui était mon second rêve de gosse (rires).
Comment se déroule votre formation ? Dans les années 1990, on imagine que tout était moins structuré que maintenant…
Pour l’époque, je trouvais ça quand même très bien structuré. Par rapport à aujourd’hui, on va dire que l’on s’entrainait beaucoup moins. Nous n’avions pas la possibilité de vivre de suite au centre de formation du coup je me rendais aux entraînements avec Yann, mon grand frère, qui jouait également à l’OL. On avait trois entraînements par semaine sur le terrain stabilisé devant le stade de Gerland, c’était sympa (rires). Les conditions étaient bien différentes de celles de maintenant. Cela ne nous a pas empêché de progresser. J’ai intégré le centre lors de mon année de troisième. Je n’ai pas eu le choix sinon je n’aurais pas pu suivre. Du coup, j’allais en cours au collège Elsa Triolet de Vénissieux. En tout et pour tout, j’ai passé deux ans au centre de formation avant d’effectuer mon retour chez mes parents.
« L'OL s'est construit grâce à ses jeunes »
Quelles étaient les exigences de vos différents formateurs de l’époque ?
Des choses simples mais essentielles à savoir être à l’écoute, progresser et gagner. Nous étions à l’OL donc on se devait de gagner. Même jeune, il y avait un vrai esprit de compétition. Je trouve que cela a tendance à se perdre aujourd’hui, surtout dans les clubs amateurs où l’on joue davantage pour s’amuser que pour gagner. C’est ce qui fait la différence entre les bons joueurs et les autres. Ceux qui ont envie de gagner sont les meilleurs. Après, il y avait des valeurs fondamentales pour lesquelles personne ne devait déroger comme le respect du maillot et des autres. Chaque jeune est garant de l’image du club. A travers mes différents formateurs, ils souhaitaient nous transmettre l’amour du club.
La rivalité Lyon/Saint-Etienne est-elle ancrée dans la formation ?
Il y a toujours eu cette rivalité entre Lyonnais et Stéphanois, même quand je jouais à l’UGA Décines. Cela concernait aussi bien l’AS Saint-Etienne que l’Olympique de Saint-Etienne qui était un très bon club en jeunes. C’étaient forcément des matchs spéciaux. Quand on jouait contre les Stéphanois, il fallait absolument gagner (rires).
Au cours de votre formation, vous avez connu à la fois Robert Valette et Armand Garrido, deux personnes qui symbolisent la qualité de formation de l’OL. Quelle est votre vision de ces deux personnes historiques du club ?
Ce sont les gardiens du temple (rires). Ce sont eux qui ont inculqué à bon nombre de jeunes les valeurs essentielles pour réussir mais également l’histoire de l’OL. Ce n’est pas facile d’entrainer des jeunes. Ils ont aussi été garant du « beau jeu à la lyonnaise » car à l’OL, on cherche à former des bons joueurs qui rentrent dans une optique de jeu. Les joueurs de notre époque avions la chance d’avoir davantage de perspective d’avenir puisque le club n’avait pas les mêmes moyens qu’aujourd’hui et qu’au début des années 2000. Lyon s’est construit grâce à ses jeunes. Avec un bassin de population assez important, l’OL a pu attirer beaucoup de jeunes de talent. Le club a su les faire grandir et a tiré profit du travail de l’ensemble des formateurs depuis de nombreuses années. Le club perpétue d’ailleurs cette tradition aujourd’hui.
« Débuter en Ligue 1 à Gerland est le plus beau moment de ma carrière »
Comme vous, Ludovic Giuly, Jean-Christophe Devaux, David Linarès ou encore Fabrice Fiorèse intègrent petit à petit l’équipe première. Une génération très prometteuse comme le confirme votre titre en coupe Gambardella en 1994 aux dépens de Caen (5-0). Quels souvenirs conservez-vous de cette épopée victorieuse ?
Je conserve d’excellents souvenirs de cette aventure d’autant plus que j'avais marqué deux fois en finale (rires). On a fait un parcours remarquable. On enchainait parfaitement les tours puisque sur l’ensemble de la compétition, on a dû inscrire une vingtaine de buts et en encaisser un seul. La saison précédente, nous avions gagné le championnat de France moins de 17 ans, preuve de la qualité de notre génération. Malgré un statut de finaliste dans cette coupe Gambardella l’année précédente, l’OL ne l’avait pas gagné depuis un bout de temps donc c’était aussi une très bonne chose pour le club. D’ailleurs, beaucoup de joueurs qui composaient cette équipe ont ensuite signé un contrat professionnel. L’idée était ensuite de se retrouver avec l’équipe première de l’OL, ç'a été plus ou moins le cas.
Ce parcours en coupe Garbardella a-t-il suscité l’intérêt d’autres clubs ?
Oui forcément mais à l’époque ce n’était pas comme aujourd’hui. Les contrats étaient davantage respectés et les clubs avaient le pouvoir de retenir les joueurs. A l’heure actuelle, ce sont les joueurs qui décident au détriment des clubs. Ensuite, il y a eu l’arrêt Bosman, qui est entré en vigueur fin 1995. Peut-être que s’il avait été rendu plus tôt, pas mal de joueur seraient partis.
Vous continuez votre progression jusqu’à débuter en Ligue 1 à seulement 17 ans, le 1er octobre 1994, contre l'OGC Nice à Gerland. Une belle marque de confiance du club, qui vous lance dans le grand bain à un âge très précoce…
C’était super. Pour moi, c’était la récompense de tous les efforts que j’ai fait depuis que j’ai commencé le football. Sincèrement, c’est le plus beau moment de ma carrière. C’était comme dans un rêve. Je m’entrainais déjà depuis plusieurs semaines avec le groupe. Du coup, Jean Tigana m’avait plutôt bien intégré. J’ai pris place dans le vestiaire avec des joueurs comme Manuel Amoros, Pascal Olmeta ou Stéphane Paille, qui avaient un palmarès conséquent. Je me percevais comme un privilégié. Les jeunes étaient beaucoup à l’écoute. De plus, en tant que jeune non professionnel, nous n’étions pas dans le même vestiaire que les joueurs de l’équipe première. Cela symbolisait la dernière marche à gravir. Pour l’anecdote, beaucoup confondent mes débuts avec ceux de mon frère Yann qui a disputé son premier et unique match au Havre le 1er mai 1993.
« Guy Stephan m’a freiné dans ma progression »
Vous ne mettez pas longtemps à faire parler la poudre puisque vous ouvrez votre compteur but dès la semaine suivante à Montpellier, quelques minutes après votre entrée en jeu. On peut parler de débuts rêvés pour vous ?
Oui, on peut dire ça (rires). J’ai eu une progression linéaire et l’intégration avec les professionnels s’est très bien déroulée. J’avais un rôle de joker qui me convenait très bien. En revanche, l'année suivante a été délicate car je suis parti à l’armée et le courant passait beaucoup moins bien avec Guy Stéphan, qui avait remplacé Jean Tigana. Jeannot est un entraîneur qui sait gérer les jeunes joueurs et qui les lance petit à petit. Ce n’est pas le genre d’entraineur à griller des jeunes en les envoyant au casse-pipe. Il est assez protecteur également. Il nous apprenait le métier et gérait parfaitement notre temps de jeu, ce qui n’était pas forcément le cas de Guy Stéphan (sic). Ce coach m’a freiné dans ma progression.
Alors que vous êtes considéré comme un grand espoir de l’OL, quel rôle joue votre entourage ?
Mon père est issu du monde du football mais il était aussi ouvrier, un milieu où les valeurs liées au travail sont omniprésentes. Il m’a toujours dit que dans le football, tout va très vite. On peut se retrouver rapidement au haut de l’affiche tout comme on peut être rapidement au fond du trou. Il m’a toujours encouragé et m’a répété de toujours travailler. Quand j’ai débuté, il m’a martelé que ce n’était que le début et que j’avais encore beaucoup de chemin à parcourir pour devenir un bon joueur. J’ai eu également l’exemple de mon frère qui n’a pas réussi à faire carrière parce qu’il n’a pas fait les efforts adéquats pour y arriver. Mon frère m’a aussi beaucoup sensibilisé et cela m’a vraiment servi.
A cette période, Jean-Michel Aulas était largement moins médiatisé qu’aujourd’hui. Comment était-il au quotidien ?
Le président a toujours mis en avant son club, que ce soit à sa prise de fonction jusqu'à maintenant. Il a toujours défendu les joueurs. A l'heure actuelle, il en fait peut être parfois un peu trop mais il aime tellement son OL qu’il a toujours été le même personnage. J’ai énormément de respect pour lui. Il a toujours été très correct avec moi. C’est une très bonne personne.
« On n’a pas eu suffisamment l’occasion de jouer ensemble avec Florian Maurice »
Lors de votre première saison en 1994-1995, l’OL termine à la 2ème place derrière le FC Nantes des Loko, Ouedec, Makélélé, N’Doram et autre Karembeu. Le club s’est-il révélé sur le plan national lors de cet exercice ?
On avait une très bonne équipe donc notre performance a pu être caractérisée comme une surprise mais ce n’était pas du tout le cas. On pouvait s’appuyer sur des joueurs de qualité comme Franck Gava, Florian Maurice, Pascal Olmeta, James Debbah, Eric Roy, Marcelo, Stéphane Paille, j’en passe et des meilleurs. Le tout mené par Jean Tigana. Le fait d’avoir un rôle à jouer pour les jeunes comme Ludovic Giuly et même-moi montrait nos qualités. Tout le monde ne pouvait pas rentrer dans cet effectif. Après, il est plus facile de jouer avec des bons joueurs qui vous font briller, dans une période où l’on gagne les matchs plutôt que de débuter lorsque le club est en difficulté. Nous avons apporté de la fraîcheur et la mayonnaise a parfaitement pris. Malheureusement, le deuxième n’était pas qualifié pour la Ligue des champions à l’époque.
La saison suivante était un peu paradoxale pour l’OL qui a réalisé de beaux parcours en Coupe de l’UEFA et en coupe de Ligue mais qui a connu beaucoup de difficultés en championnat. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Le changement d’entraîneur a eu effet négatif. Il n’y a pas eu de continuité sur le plan de jeu, sur la stratégie et sur les entraînements. De ce fait, on n’a pas pu vraiment capitaliser sur notre belle année. J’ai quand même beaucoup de regrets liés à notre parcours européen car je pense que l’on se fait un peu voler contre Nottingham Forest. Avant, la coupe de l’UEFA était une compétition à élimination directe. On avait notamment réalisé l’exploit d’éliminer la Lazio de Rome. Je le répète, on avait une belle équipe et on était capable de battre n’importe qui. On tombe sur ces Anglais en 8ème de finale. On perd 0-1 là-bas et on fait 0-0 au match retour où on s’était procuré une multitude d’occasions. Puis l’arbitre m’avait refusé un but. Je me demande encore pourquoi. Il y a aussi eu cette finale de coupe de la Ligue perdue aux tirs au but face à Metz avec, là aussi, une grosse polémique due à un but litigieux refusé à Eric Roy. C’était un peu la saison des regrets.
Ce match retour contre Nottingham Forest était également marqué par une association Maurice-Bardon, un choix suffisamment rare pour être souligné. Vous étiez fait pour vous entendre selon vous ?
On n’avait littéralement martyrisé la défense des Anglais ce soir-là (rires). Il est évident qu’avec Flo, on n’a pas eu l’occasion de jouer suffisamment ensemble et que si l’on avait eu la possibilité de le faire, cela aurait peut-être amené un plus à l’équipe. Je pense que cela m’aurait vraiment permis de passer un cap. Guy Stéphan avait son idée des joueurs qu’il souhaitait faire jouer. Je n’ai jamais été vraiment dans ses plans.
« Quand on est attaquant et que l’on ne marque pas, les critiques affluent rapidement »
La saison 1996-1997 coïncide également avec l’arrivée de Bernard Lacombe au poste d’entraîneur, à la suite du limogeage de Guy Stéphan. Est-ce un soulagement pour vous ?
Bernard reprend l’équipe a un moment où plus rien ne va. On se fait humilier à Auxerre 7-0. C’était la vraie crise. Après son arrivée, on est reparti de l’avant mais on avait accumulé trop de retard pour terminer dans le haut du classement. A mon avis, ce changement d’entraîneur est intervenu un peu tardivement. Mais ce n’est pas le style du président de limoger ses coachs, on le voit encore aujourd’hui puisque depuis Guy Stéphan, seul Hubert Fournier a été démis de ses fonctions. Il prend cette décision quand il n’a plus d’autre choix possible.
Les saisons 1996-1997 et 1997-1998 ne resteront pas dans l’histoire de l’OL tant le club a brillé par son irrégularité. Comment a évolué votre rôle au cours de cette période ?
Le club a recruté Alain Caveglia lors de l’été 1996 mais paradoxalement, j’ai davantage joué à cette période car j’ai été repositionné dans un rôle derrière l’attaquant qui me convenait mieux. Certes la concurrence en attaque était toujours aussi importante avec Florian Maurice qui était toujours là mais j’apportais une vraie alternative avec mon profil. La saison suivante, Flo a été transféré au PSG pour une somme record et j’ai encore eu davantage de temps de jeu, toujours dans ce même rôle. Dans le même temps, des jeunes formés au club comme Frédéric Kanouté et Joseph-Dérisé Job ont eu leur chance en équipe première. J’ai pris énormément de plaisir à évoluer avec Alain Caveglia. C’est quelqu’un avec qui je m’entendais très bien sur et en dehors du terrain. On s’appelle encore souvent aujourd’hui. Malheureusement, je ne marquais plus beaucoup de buts, même si je faisais quelques passes décisives. Mais quand on est attaquant et que l’on ne marque pas énormément de buts, les critiques affluent assez rapidement…
Cet exercice 1997-1998 est votre dernier sous le maillot lyonnais. Pourquoi quitter l’OL alors que vous n’avez que 22 ans ?
Je prends cette décision pour diverses raisons. Au cours des derniers mois, j’avais l’étiquette du gars qui jouait parce qu’il était apprécié des cadres du vestiaire. On ne regardait plus vraiment mes performances. Sortir à Gerland sous les sifflets était très dur pour moi, qui est un enfant du club. J’ai la sensation d’avoir toujours tout donné pour le maillot lyonnais après il y a des gens qui ne comprennent pas grand-chose au football. Il y a les supporters et les « footix » comme on dit aujourd’hui. Globalement, j’avais une bonne relation avec les supporters mais il y avait une poignée d’imbéciles qui me prenaient en grippe. On ne peut pas les empêcher de venir au stade. De ce fait, j’ai ressenti ce besoin de partir et de m’épanouir ailleurs. Avec le recul, je n’ai pas de regrets. Je referai la même chose si la situation était similaire.
« Certains ne comprenaient pas pourquoi le futur Van Basten ne marquait pas à chaque match… »
Votre situation de l’époque n’est pas sans rappeler celle de Maxwel Cornet aujourd’hui qui malgré son jeune âge et des statistiques honorables, n’est pas indispensable et est rayé par une partie du public…
Oui à la seule différence qu’aujourd’hui, l’OL a un effectif pléthorique par rapport à la période où je jouais. De ce fait, pour être performant sur la durée, le club a besoin de remplaçants d’un niveau assez proche des titulaires. Etre remplaçant de luxe aujourd’hui, n’est clairement pas le même statut qu’il y a 20 ans. Du coup, j’ai préféré aller jouer ailleurs plutôt que d’être remplaçant de luxe à Lyon. Je n’ai jamais souhaité être prêté mais j’ai eu l’occasion de partir avant dans des gros clubs français de l’époque. Mais à cette période, le président n’avait pas souhaité me vendre à un club rival. Aujourd’hui, on voit que Monaco prête des joueurs à Paris (rires). Ça ne se passait pas comme ça avant.
Avec vos performances en jeunes et vos débuts précoces en Ligue 1, vous étiez considéré comme une future pépite du club comme en témoigne votre surnom de futur Van Basten. Est-ce facile de jouer avec une telle étiquette et d’énormes espoirs sur les épaules ?
Non, car cela rajoute forcément de la pression supplémentaire. Certains le vivent mieux que d’autres. Je pense que cela a joué contre moi et c’est sans doute pour cela que les gens étaient aussi exigeants avec moi. Certains ne comprenaient pas pourquoi le futur Van Basten ne marquait pas à chaque match… Quand on est gamin et que l’on vit mal cette situation, on pense à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. J’avais le sentiment d’être dans l’œil du cyclone dès que ça n’allait pas pour l’équipe. Quand on est joueur et que l’on a une idée dans la tête, il faut aller au bout de son idée. Dans la vie, c’est la même chose. Il faut faire des choix et ne pas les regretter. Pour moi, c’était le départ.
Finalement vous n’avez remporté qu’une coupe Gambardella avec l’OL. Le regret n’est-il pas de ne pas avoir gagné un titre majeur avec votre club formateur ?
Forcément mais c’est facile à dire après coup. Quand on voit la réussite de l’OL par la suite, il est évident que j’aurais aimé prendre part à ce projet qui s’est mis en place deux ans après mon départ. L’arrivée de plusieurs gros investisseurs a fait passer le club dans une nouvelle dimension. Mais bon, je pense qu’à l’époque où je portais le maillot lyonnais, on a accompli de très belles choses et je ne suis pas certain que l’on aurait pu faire beaucoup mieux. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas de regrets. Je me suis éclaté à l’OL.
« Quand je jouais contre l’OL, il y avait une petite forme de revanche »
Vous prenez la direction de Rennes où vous restez trois saisons puis vous portez les couleurs de Guingamp pendant trois saisons et demi avant de jouer six mois au Havre. Quel sentiment vous laisse ces diverses aventures ?
Je fais le choix de Rennes car c’était un club qui montait, avec un vrai projet et était prêt à payer mon transfert avec l’arrivée de François Pinault aux manettes. Le changement a été radical surtout au niveau des conditions d’entraînements qui étaient rudimentaires par rapport à ce que j’ai connu à Lyon. En Bretagne, j’évoluais en neuf et demi avec Shabani Nonda. C’était un joueur vraiment exceptionnel, l’un des meilleurs avec qui j’ai joué. Tout se passait bien puis je me suis blessé. Le club a eu des ambitions démesurées en recrutant des joueurs très mauvais pour des sommes astronomiques (sic). Je pense aux Severino Lucas, Luis Fabiano, Mario Hector Turdo et compagnie. Il fallait les faire jouer à cause de leur prix de transfert. Ce fut un cauchemar pour moi et pour beaucoup d’autres. Tout le monde voulait partir puis Guy Lacombe m’a fait part de son intérêt et je suis allé à Guingamp. J’avais besoin de me mettre dans le dur au sein d’un club un peu moins huppé. Il fallait que je me relance. Cela s’est bien passé au début puis j’ai eu pas mal de blessures, le club est tombé en Ligue 2 et je ne m’entendais pas avec Yvon Pouliquen donc j’ai rejoint Le Havre pour une opération maintien de six mois. On est parvenu à se sauver grâce à des jeunes très talentueux comme Lassana Diarra, Didier Digard ou Steve Mandanda. Je garde un très bon souvenir de mon passage en Normandie. Je n’ai pas progressé de la façon que je voulais mais chaque expérience m'a fait grandir.
Vous faites partie de l’effectif guingampais lorsque percent à la fois Florent Malouda et Didier Drogba. Jean-Michel Aulas vous a-t-il appelé pour avoir des informations sachant que seul Malouda a signé mais que Drogba était aussi courtisé ?
J’ai reçu un appel oui, mais de Bernard Lacombe, pas de Jean-Michel Aulas. Je lui avais dit tout le bien que je pensais de Flo qui était un très bon joueur. Didier, je savais qu’il irait à Marseille et non à Lyon. Il aimait Marseille déjà avant de signer là-bas. J’avais de très bons rapports avec lui. On se voyait régulièrement en dehors du terrain. Malouda est une personne davantage casanière donc je n’étais pas très proche de lui.
Comment viviez-vous vos retrouvailles avec l’OL sous le maillot d’un autre club ?
Plutôt bien. D’ailleurs Lyon est une équipe qui m’a pas mal réussi puisque j’ai rarement perdu contre eux et j’ai marqué quelques buts (rires). Il y avait forcément une petite forme de revanche. Inconsciemment, on est davantage motivé que lors d’un autre match. On se dit qu’on va faire une grosse performance pour leur montrer qu’ils auraient dû me garder (rires). Puis j’ai toujours été bien accueilli à Gerland, c’est quelque chose qui m’a touché.
« Si je pouvais revenir à l’OL en tant qu’éducateur, ce serait avec plaisir »
A 29 ans, vous décidez de tenter l’aventure à l’étranger. Votre road-trip footballistique débute en Bulgarie au Levski Sofia. Trois ans plus tard, vous rejoignez l’Israël et le modeste club de Yahuda durant six mois. Vous vous engagez ensuite avec le club chypriote de Famagouste avant de retourner au Levski Sofia. Vous terminez votre carrière à Fréjus-Saint-Raphaël en 2011. Que retenez-vous de vos passages à l’étranger ?
Je ne garde que des bons souvenirs. J’atterris en Bulgarie grâce à un agent. J’ai emmené ma famille avec moi. Quasiment dans la foulée, on joue en coupe de l’UEFA contre Auxerre, on se qualifie et je marque, donc l’histoire était lancée. L’adaptation s’est bien passée malgré les difficultés liées à la langue et à l’écriture en lettres cyrilliques. Personne ne parlait français du coup il y avait un Nigérian qui me traduisait en Anglais et un Brésilien qui me traduisait en Espagnol (rires). J’ai tout gagné là-bas et j’ai joué la Ligue des champions donc c’était parfait. J’ai eu la chance d’être au niveau rapidement ce qui m’a permis d’être adopté. Ce n’était pas facile parce qu’en tant qu’étranger, j’avais un gros salaire pour le club. Ensuite, j’ai une opportunité d’aller en Israël. J’en avais un peu marre de Sofia et à 31 ans, c’était compliqué de trouver un club français. Le club était lanterne rouge et finalement on se sauve. Il n’y avait aucune pression, c’était du football à la carte. Je me croyais en troisième division (rires). Le souci est que je n’avais pas ma famille à cause du contexte. En définitive il ne se passe rien. Je n’ai jamais été aussi tranquille qu’en Israël. Je voulais rester mais Famagouste fait une belle offre et Yahuda décide de me vendre. Le projet était beau, avec la Ligue des champions. On jouait devant 15 000 personnes. Chypre c’était top. S’il y a un pays où je dois aller vivre c’est là-bas. Sur le plan sportif on manque d’un point la qualification pour les 8èmes de finale de Ligue des champions puisque José Mourinho s’était un peu arrangé avec Brême car il voulait un joueur de là-bas. Même dans des pays sous médiatisés, j’ai pu jouer beaucoup de matchs de coupe d’Europe. J’ai la chance d’avoir vécu de très belles expériences à l’étranger. A Fréjus, j’ai fait l’année de trop. J’ai découvert le monde du foot amateur qui ne m’a pas plu.
A l’issue de votre carrière, vous souhaitez rester dans le football et vous devenez entraineur de différents clubs comme l’UGA Décines et Misérieux Trévoux. Deux expériences qui n’ont pas duré. Pourquoi ?
J’avais cette volonté de rester dans le monde du football mais j’ai vite compris que je devais arrêter. Le foot amateur, ce n’est pas mon truc. J’ai un œil de joueur professionnel, qui a toujours joué pour gagner. Quand je suis arrivé dans ces clubs, la mentalité était différente. Je suis tombé sur des joueurs qui me disaient que ce n’était pas grave de perdre, que l’on gagnera la prochaine rencontre. J’ai aussi eu le cas de joueurs qui ne venaient pas à l’entrainement parce qu’ils avaient piscine ou un empêchement ridicule du même type. Pourtant, j’entraînais au niveau DH donc c’était plutôt honorable. Mais pour un passionné comme moi qui était investi à fond, il y a des choses que je ne pouvais pas concevoir. J’étais trop exigeant pour ce monde-là. J’aurais dû chercher à rentrer dans un club pro mais je n’avais pas le temps de faire les formations adéquates.
L’OL fait beaucoup confiance à ses anciens joueurs pour entrainer les équipes de jeunes et même l'équipe première. Revenir au club est une hypothèse envisageable à court ou moyen terme ?
J’aurais aimé aller à l’OL pour inculquer aux jeunes les valeurs que me formateurs m’ont apprises au sein de ce club. C’est toujours une volonté. Si je pouvais le faire, ce serait avec grand plaisir. Même bénévolement, je signerais sans hésiter. L’OL est mon club et m’a sans doute permis d’être la personne que je suis devenue. J’aimerai rendre au club ce qu’il m’a donné. L’OL reste mon club.
« Lyon est le deuxième club français »
Quels sont vos liens avec l’OL aujourd’hui ?
Je fais partie de l’association OL Légendes, de ce fait je vais régulièrement au stade. C’est d’autant plus facile pour moi que j’habite à proximité. J’aime beaucoup retrouver les anciens et échanger avec eux. Je tenais à féliciter le club et le président pour la création de cette entité. Cela montre que le club n’oublie pas ses anciens joueurs qui ont contribué à ce que l’OL devienne ce qu’il est aujourd’hui. C’est une façon de rendre aux joueurs ce qu’ils ont donné pour le club. A Rennes, il y a un petit peu le même système. Mais ce n’est pas le cas de tous les clubs, Guingamp en tête. Je trouve ça dommage qu’un club qui a, soi-disant, des valeurs familiales, ne mettent rien en place pour ses anciens joueurs. Surtout de la part d’un président qui donne des leçons à tout le monde (sic). Au final, on se rend compte que ce sont peut-être les plus gros clubs qui sont les plus familiaux.
Quelle est votre vision de l’OL actuel ?
Je pense que derrière Paris, Lyon est le deuxième club français. Le club a la chance d’avoir un président qui est un monsieur. J’espère avoir la même réussite professionnelle que lui. Même si j’en ai que la moitié, je serais déjà très heureux (rires). Pour en revenir au terrain, je ne pense pas que Monaco soit supérieur à l’OL. Il y a eu un recrutement intelligent et Bruno Genesio a la notion club. Si tous les joueurs adhèrent à son projet de jeu, il y a moyen de faire quelque chose de bien. Maintenant, le football ne se joue ni dans les médias, ni sur le montant des transferts. Le terrain est le seul juge de paix. Certes, l’OL a perdu des joueurs clés mais ils voulaient partir ! Je pense qu’il vaut mieux avoir des joueurs un peu moins forts mais qui ont envie d’être là plutôt que des grands joueurs qui ont la tête ailleurs.
En début de saison, les Lyonnais ont affiché leurs ambitions en visant le podium de Ligue 1 et la finale de l’Europa League, qui aura lieu au Groupama Stadium. N’est-il pas un peu anticipé de mettre en lumière de tels objectifs ?
Non car l’OL est un club ambitieux et il n’a pas de raison de le cacher. L’Europa League est la coupe d’Europe la plus accessible pour les Gones. Lyon fait office d’épouvantail dans cette compétition puisque c’est l’un des plus gros clubs qui va la jouer. Je suis désolé mais si on commence à avoir peur d’Everton, c’est qu’il y a un souci. C’est le genre de club qui n’a rien fait sur la scène européenne depuis belle lurette. Pour moi, l’OL a de vraies chances dans cette compétition. En tant que supporter de l’OL, je préfère largement gagner une Europa League plutôt que d’être éliminé en 8ème de finale de la Ligue des champions.
« La défense de l’OL est-elle fautive ou ce sont les attaquants qui ne défendent pas ? »
Bruno Genesio est-il l’entraîneur qu’il faut à l’Olympique Lyonnais pour atteindre les objectifs fixés ?
J’ai joué avec Bruno Genesio et je sais que c’est un gros travailleur. Il a toutes les cartes en main pour réaliser une belle saison. Je ne connais pas un coach au monde qui ne va pas faire jouer ses meilleurs joueurs. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas de Bruno. Il est critiqué certes, mais le souci c’est que l’on est tous entraîneur alors qu’il n’y en a qu’un seul qui voit ses joueurs au quotidien, c’est Bruno Genesio. Je préfère l’avoir comme entraîneur de l’OL car il a l’ADN du club plutôt qu’un entraîneur plus réputé mais qui prendra énormément d’argent sans vraiment garantir de meilleurs résultats. De toute façon, dans le football, un entraîneur est toujours sur la sellette.
En tant qu’ancien attaquant, quel regard portez-vous sur le recrutement de Mariano Diaz ?
Il a montré sur les premiers matchs que c’était un bon joueur, doté d’une belle frappe de balle. Il a marqué quatre buts mais le championnat français est compliqué et maintenant, l’effet de surprise lié à la méconnaissance des défenseurs à son égard, est terminé. Il va être attendu et c’est maintenant que l’on va voir de quoi il est capable. On est tous un peu dans l’expectative le concernant.
Cette saison encore, la force de l’OL semble être davantage le secteur offensif. N’est-ce pas un problème de ne pas avoir un collectif homogène ?
Une équipe performante puise aussi bien sa force dans l’attaque que dans la défense. Je me souviendrais toujours d’un phrase de José Broissart, mon entraîneur lorsque l’on a gagné la coupe Gambardella. Il disait que, dans le football, il n’y a pas d’attaquants et il n’y a pas de défenseurs car tout le monde attaque et tout le monde défend. Enfin si chacun fait son travail car le premier attaquant est le gardien et le premier défenseur est l’avant-centre. On pointe souvent du doigt la défense de l’OL, mais qui est fautif ? Les premiers défenseurs ou les derniers défenseurs ? C’est la question qu’il faut se poser. Si les premiers défenseurs ne défendent pas, c’est toute l’équipe qui en pâtie. De même lorsque les défenseurs ou les milieux cherchent à faire du jeu mais portent trop le ballon, ce qui permet à l’équipe adverse de se replacer et cela nuit au rendement offensif de toute l’équipe. C’est ma philosophie de jeu.
« Je voulais être maître de ma propre reconversion »
Parlons désormais de votre société, l’équipe RH, que vous avez fondé en 2005 en parallèle de votre carrière. En quoi consiste votre entreprise ?
C’est une société de travail temporaire spécialisée dans le secteur du transport et de la logistique. Le siège se trouve à Corbas dans l’agglomération de Lyon. J’ai décidé de créer cette entreprise avec un associé lorsque je me suis blessé aux ligaments croisés alors que j’évoluais à Guingamp. J’avais beaucoup de mal à revenir et j’ai souhaité sécuriser mon futur en tentant l’aventure de l’entreprenariat. A la fin de ma carrière, je ne voulais rien avoir à demander à personne et être maître de ma propre reconversion. Je ne conçois pas la vie sans travailler. J’ai choisi ce secteur car mon associé de l’époque était issu de ce milieu. Je voulais investir dans un projet développable. Au début, ma volonté était de racheter une entreprise de transport mais ce sont souvent des moutons à cinq pattes (rires). Là, on est vraiment parti de zéro et on a construit nous-même. J’ai continué ma carrière et je suivais ça de très loin d’autant plus que je suis parti à l’étranger. La crise de 2008 nous a fait beaucoup de mal et on a dû prendre des décisions radicales comme fermer des agences et se séparer de personnel pour survivre.
Vos choix stratégiques vous ont donc permis de sauver votre entreprise ?
Depuis deux ou trois ans, l’activité repart bien car le travail temporaire a le vent en poupe. L’avantage pour nous est que dans le secteur du transport, il y a énormément de demandes de personnel. Malheureusement, on n’a pas assez de monde pour satisfaire cette demande. On recrute en permanence car on a du travail en permanence. Si des gens cherchent du travail dans le transport, qu’ils n’hésitent pas à venir nous voir. Sur la Bretagne, nous recherchons plus de 3000 conducteurs par exemple.
La progression du travail temporaire est tout de même synonyme d’une hausse de la précarité au sein du monde du travail. Quel est votre avis sur ce thème ?
Je pense que le travail temporaire colle davantage aux activités des entreprises car elles sont fluctuantes dans le temps. Ainsi, il est difficile pour les entreprises d’engager des personnes en CDI alors l’activité peut être différente d’un mois à l’autre par exemple. Sur le long terme, embaucher du personnel en CDI peut mettre en péril les sociétés si cela est mal géré. Je prends l’exemple des sociétés de transports qui signent, pour la plupart, des contrats à l’année. Si d’une année sur l’autre les contrats ne sont pas renouvelés, elles mettent la clé sous la porte du fait de ressources humaines trop importantes vis-à-vis de l’activité. Du coup, les entreprises font le choix du travail temporaire pour répondre à un accroissement d’activité à un moment M. Cela créé de la précarité mais j’ai envie de dire qu’elle existe également en CDI parce qu’une société qui souhaite licencier, elle licencie. De son côté, l’intérim a bien évolué puisque les droits se rapprochent des CDD ou des CDI. Les salariés intérimaires que j’ai, ils travaillent toute l’année avec nous. Je les connais tous.
« Des ouvertures d’agences sont prévues pour fin 2017, début 2018 »
Qui sont vos clients ?
On a un peu de tout. Ce sont surtout des PME (Petites et Moyennes Entreprises) et des grands groupes. Je pense qu’il est important de travailler avec le tissu local.
L’équipe RH s’appuie aujourd’hui sur quatre agences (Corbas, Avignon, Rennes et Paris). Quelle est votre stratégie de développement ?
L’idée est de continuer à ouvrir des agences en misant sur le réseau de proximité. Autrement dit, on vise des villes importantes mais à 150 kilomètres maximum des agences déjà existantes pour capitaliser sur celles-ci et renforcer le réseau entre agences. Des ouvertures d’agences vont avoir lieu d’ici fin 2017 ou début 2018. Notre volonté est donc de se développer en créant des réseaux régionaux. Mais on veut s’implanter dans des villes porteuses pour notre secteur sachant que l’on ne fait que du transport et de la logistique. La mode des agences d’intérim est se mettre agent généraliste et de traiter une pluralité de profession. Mais à vouloir tout faire, on fait tout mal. D’où notre choix d’être spécialisé. On fait sans doute moins de volume d’affaires que les autres mais je suis convaincu que le travail bien fait fini toujours par payer. Pour le moment, tous les voyants sont au vert. On compte entre 100 et 150 travailleurs temporaires cumulés sur les quatre agences. C’est un chiffre qui est en constante progression depuis deux ans, tout comme notre chiffre d’affaires où nous sommes sur une tendance à +10%, comme en 2016.
Quel est votre vision du marché actuel des transports sachant que l’on a beaucoup parlé de la concurrence déloyale des étrangers dont les salaires sont très bas ?
Ce fléau est toujours présent et il le sera toujours, il ne faut pas rêver. Quand on voit des travailleurs d’Europe de l’Est qui attaquent le marché français et qui briguent un salaire de 1000€ par mois pour 300 heures de travail, c’est compliqué. Il y a des disfonctionnements européens qui font que les entreprises françaises sont touchées de plein fouet par les directives continentales. Mais j’ai tendance à dire que le transport français s’est réorganisé. Les gens qui n’étaient pas professionnels ont disparu. Ainsi, les entreprises françaises se sont, soit réorientées vers des marchés porteurs et/ou ont réduit leurs coûts structurels notamment sur le plan des frais de personnel. Beaucoup d’entreprises embauchaient des gens pour le plaisir d’embaucher. Elles étaient en sureffectif et elles sont tombées. Or, il faut créer des emplois simplement quand cela est nécessaire. Désormais, les entreprises se regroupent et se donnent du travail entre elles pour être pérennes.
« Quand un sportif arrête sa carrière, il doit avoir la lucidité de se dire qu’il gagnera moins »
Quels sont les marchés porteurs dans le secteur du transport ?
Je pense aux matières dangereuses, aux transports spéciaux ou à la messagerie qui progressent régulièrement. Le transport se réorganise en France et nous n’avons pas assez de chauffeurs en France. Il faudrait que l’on forme davantage de conducteurs et surtout qu’on les forme mieux. Aujourd’hui, les professions dans le transport ont mauvaise presse puisque beaucoup croient qu’il y a énormément de manutention et que les salaires sont bas. C’est une vision archaïque car les métiers ont évolué avec le progrès technique. Puis honnêtement, ce n’est pas si mal payé que ça. Mais cette mauvaise image colle à la peau du secteur et personne ne bouge pour l’améliorer. Les mecs qui sortent d’écoles pensent qu’ils vont très bien gagner leur vie en faisant très peu d’efforts. Du coup, dès qu’ils rentrent dans la vie active, ils en font le moins possible ou alors ils ne veulent carrément plus travailler ! On se retrouve donc avec une demande des entreprises mais des gens formés que ne veulent pas travailler. La situation est assez ubuesque.
Est-ce que votre nom et votre passé de footballeur professionnel vous a aidé dans le développement de votre entreprise ?
Franchement, pas vraiment. Même si je suis parfois reconnu, je ne suis pas le footballeur le plus réputé de la planète. Mais quand je vais voir des clients qui se souviennent de moi, ils sont parfois un peu sceptiques car ils ont du mal à voir la légitimité d’un ancien footballeur dans ce domaine spécifique qu’est le transport. Au début, je ne connaissais pas grand-chose (rires). D’où l’importance d’avoir été entouré par des professionnels du secteur. Je me suis formé sur le tas et aujourd’hui, je maîtrise beaucoup mieux mon sujet.
Qu’est ce qui est le plus dur alors, gérer une entreprise ou devenir joueur de football professionnel ?
C’est de loin de gérer une entreprise parce qu’il faut être attentif à plusieurs facteurs que ce soit les demandes des clients, les ressources humaines, l’évolution du marché tout en faisant vivre au quotidien son activité. Courir derrière un ballon, même si ce n’est pas donné à tout le monde, c’est quand même beaucoup plus simple. Le monde du football est très formateur car on est tantôt mis sur un piédestal, tantôt trainé dans la boue. Du coup, cela nous forge un vrai caractère et nous permet de relativiser les choses. D’ailleurs, je respecte vraiment Jean-Michel Aulas pour avoir su tenir de front à la fois son entreprise et la présidence de l’OL car ce sont deux emplois à plein temps et une double pression à supporter.
Beaucoup de sportifs de haut niveau, que ce soit dans le football ou dans d’autres sports ont sombré dans la dépression à l’issue de leur carrière ou ont rapidement été ruiné à cause de leurs mauvais choix et leur train de vie royal. Avez-vous eu la peur du vide pendant votre carrière ?
Forcément, on y pense car une carrière de sportif de haut niveau, ce n’est finalement qu’éphémère. A un moment donné, il y a eu une mode chez les sportifs qui consistait à acheter des bars ou des restaurants et beaucoup ont fait banqueroute. Il ne faut pas se leurrer, en tant que sportif, on ne s’improvise pas restaurateur ou barman. Il faut simplement bien s’entourer. Il faut avoir une certaine connaissance des métiers. Par ailleurs, quand on arrête notre carrière, il faut aussi avoir la lucidité de se dire, avant je gagnais tant et je dépensais tant. Maintenant, j’ai ça et je dois dépenser 10 fois moins. Certains n’ont vraiment pas conscience de ça. Ils continuent à vivre comme avant et un matin, ils se lèvent et ils n’ont plus rien. Personnellement, je savais très bien que j’allais gagner moins mais ma volonté est de me permettre à ma famille et à moi, de continuer à vivre correctement. Je m’y atèle jour après jour.
Bravo à celui aura tout lu...trop long pour moi..^^
C'est le but. On propose un gros entretien par semaine. Il faut prendre du temps pour le lire.
J'ai tout lu et je peux te jurer que je prefere 1000 fois ce genre d'interview aux interviews de joueurs qu'on peut voir dans d'autres medias où les personnes ne font rien d'autres que de pratiquer la langue de bois.
Franchement j'adore ce rdv itw du mercredi...............
Toujours Aussi intéressant quand un ancien du club se livre comme ca .
Bravo a O&L , et continuez surtout........
J'attends impatiemment mn joueur préféré de tous temps.......Sonnygoal.
Et j'aimerais également bcp avoir des news de Peggy
On dirait un commentaire de Hiro ?
Pk ? Lol
Car ils sont souvent long,très long. Mais c'est aussi souvent un plaisir de le lire. ?
On voit les choses de l'intérieur
Bravo pour cet entretien : on en apprend toujours et le fait de sortir du cadre footballistique nous permet de mieux appréhender l'homme, ses valeurs, sa psychologie
Je suggère un Sonny Anderson, bien sûr...
Joueur avec lequel j'ai eu la chance de jouer à l'UGA decines.
Très très bon joueur, si il avait eu un peu plus de vitesse il aurait pu faire une superbe carrière.
Très bonne interview
Bravo