OL : le changement, c'est maintenant

Après quelques matchs en Ligue 1, la trêve internationale a pu entériner une chose : l'OL est parti sur un nouveau cycle, avec de nouveaux joueurs, et une manière de jouer à trouver. Le chantier est large, mais le matériel existe.

Le départ de Sergi Darder dans les derniers jours du mercato ont validé le changement de cap de l'Olympique lyonnais : après des années à compter sur le centre de formation (même si Darder ne rentre pas dans cette catégorie), devenu la base de l'équipe première depuis au moins 5 ans, place aux recrues étrangères censées apporter un plus au groupe. Au-delà des hommes, c'est toute une manière de jouer et de penser qui est à refaire. Bruno Genesio, un des seuls rescapés (avec Lopes, Morel, Tousart et Fekir principalement), a pour charge cette métamorphose.

Des attaques, mais pas une seule

Sur le papier, les noms sonnent bien. Depuis la 1ère journée contre Strasbourg (à l'exception d'un joueur contre Nantes), c'est le même quatuor qui est aligné : Traoré, Fekir, Memphis et Mariano Diaz en pointe. A eux quatre, ils ont marqué 8 des 9 buts inscrits par Lyon en championnat, en y ajoutant 3 passes décisives. Omniprésent me direz-vous, mais cela n'est que statistique. En effet, si on s'attarde sur le terrain, sur les automatismes, les combinaisons, bref les relations qu'ont les joueurs entre eux, il y a encore beaucoup de travail, à commencer par la pointe. Le numéro 9 lyonnais est un bon renard des surfaces, efficace devant le but (2 de ses 3 buts ont été donné par Fekir et Memphis), mais il ne participe pas beaucoup au déroulement du jeu. Peu de remise, de demande de une-deux, mais pas mal d'appels efficaces pour ses coéquipiers pour prouver qu'il peut se fondre dans une ligne d'attaque. C'est le gros axe de travail pour le technicien rhodanien que d'intégrer Mariano.

Sur les côtés, Bertrand Traoré a déjà donné satisfaction. Outre son but marqué, le Burkinabé a déjà pris le dessus sur les défenseurs latéraux adverses. Quand il ne repique pas dans l'axe avec son crochet intérieur, c'est en débordant par l'extérieur qu'il fait la différence. Et c'est sans compter son entente avec le latéral droit lyonnais (Tete ou Rafael), qu'il utilise à bon escient. De l'autre côté en revanche, ça grince. Signe de la méforme de Memphis, ce dernier n'était pas titulaire contre Nantes lors de la dernière journée, Maxwel Cornet étant préféré. Le Néerlandais rappelle Valbuena à ses débuts avec l'OL, à savoir un joueur positionné côté gauche, qui garde beaucoup la balle et qui ralenti donc le jeu, sans que ses choix (dribbles, centres) ne soient bons et efficaces. Il a quand même pour lui une nouvelle mentalité collective, et on l'a vu un peu plus participer au travail défensif en se replaçant. Quant au capitaine Fekir, que dire. Il n'a jamais paru aussi en forme, et ce depuis cette blessure en septembre 2015 avec l'équipe de France. L'international tricolore est partout sur le terrain, se rend disponible pour chaque joueurs offensifs et ses dribbles font de nouveau mouche. C'est lui qui essaie de faire le lien entre tous, mais il ne pourra y arriver seul, sauf à se fatiguer pour rien. Pour l'aider, il peut compter sur le milieu de terrain, qui lui aussi va changer.

Remplacer Tolisso

Le pari Sergi Darder est tombé à l'eau avec sa vente à l'Espanyol Barcelone dans les dernières heures du mercato. A savoir celui d'un milieu technique, capable de prendre le jeu à son compte un peu plus bas sur le terrain, et qui en même temps pourrait aider Lucas Tousart à défendre (car il en a besoin). L'Espagnol ne s'est jamais vraiment adapté à cette Ligue 1 qu'il jugeait déjà "plus physique que technique" à son arrivée à l'été 2015, et qu'il trouve "plus difficile que le championnat espagnol" désormais. Pourtant, lors de sa première saison, il avait affiché quelques belles promesses (on se souvient de son match face au PSG, avec une victoire de l'OL à domicile) et s'était parfaitement intégré au groupe, notamment en apprenant vite le français et en affichant une attitude toujours positive. Or, pour cette équipe, il semble que ce profil de milieu technique et reculé ne soit pas le bon. Les joueurs capables de prendre le jeu à leur compte existent plus en avant sur le terrain, et un de plus placé plus bas ne faisait au final que ralentir la construction. Les Gones avaient besoin d'impact, de verticalité. C'est donc vers un profil à la Tolisso qu'ont recherché les recruteurs lyonnais, et c'est semble t-il chose faite avec Pape Cheikh Diop et Tanguy Ndombele.

Ayant deux profils relativement similaires sur le papier, les deux nouveaux joueurs ont toutefois leur propre caractéristiques. Pour le premier cité, d'origine sénégalaise mais évoluant avec les sélections de jeunes espagnoles, c'est un travailleur infatigable du milieu de terrain. Même s'il a peu joué l'an dernier (19 matchs TCC), le jeune milieu de 20 ans est un gros récupérateur de ballons dans les pieds adverses, et il essaie souvent d'aller vers l'avant avec une passe qui transperce l'axe. Le champion d'Europe des U19 en 2015 (avec Marco Asensio et Dani Ceballos du Real Madrid) a encore des progrès à faire sur la projection balle au pied, son gabarit menu (68kg pour 1m80) l'empêchant de faire de grosses différences à lui seul. Ce qui semble moins le cas du deuxième cité. Effectivement, s'il est moins performant que l'ancien du Celta Vigo sur le plan de la récupération et de la simplicité de jeu, Ndombele a beaucoup plus de capacité à se projeter. Acteur majeur de la montée d'Amiens en L1 la saison dernière, il a continué sur sa lancée lors de ce début de saison que ce soit contre Saint-Etienne, le PSG ou Nice. A l'aise balle au pied, le jeune milieu (pas encore 21 ans) peut faire des différences et aller vite vers l'avant grâce à sa puissance (76 kg pour 1m81). Par contre, Ndombele a une grosse marge de progression concernant le déchet technique, avec une moyenne de 15 pertes de ballons par match depuis le début de l'exercice, ce qui est sans doute dû à son jeu plus risqué et audacieux. Sauf surprise, c'est entre les deux que devrait se jouer la place aux côtés de Tousart. A savoir maintenant quel profil veut Genesio pour son équipe...