OL : comment utiliser les jeunes jusqu'à les faire éclore ?

L'académie lyonnaise, honorée pour la cinquième fois de suite meilleur centre de formation de France, regorge de jeunes espoirs, plus talentueux les uns que les autres, et ce, à tous les postes. Dès lors, une question se pose : comment les utiliser et en faire bon usage ?

Ils sont déjà impatients. Malgré leur jeune âge, l'envie de fouler les pelouses de Ligue 1 est bien là. Certains d'entre eux ont déjà eu cette chance, à l'image de Myziane Maolida (18 ans) en ce début saison, entré en cours de jeu face à Nantes et Strasbourg (37 minutes de jeu au cumulé). D'autres ont fait la préparation avec le groupe professionnel et ont pu prendre part aux matchs amicaux comme Willem Geubbels (16 ans), Amine Gouiri (17 ans), Elisha Owusu (19 ans) ou encore Alan Dzabana (20 ans). De quoi leur mettre l'eau à la bouche. Pour autant, ces joueurs en devenir sont des jeunes à qui il ne faut pas brûler les ailes. Certaines étapes restent à franchir.

Les intégrer pas à pas dans le groupe professionnel

"Aujourd'hui, on vit dans une société où l'on a tendance à vouloir tout un peu trop vite, analyse globalement et justement Julien Sokol, chargé de recrutement de jeunes à l'OL. En premier lieu, il faut être très performant sur les matchs de National 2 et, le plus important, maintenir ces performances sur la durée." Hors exception, c'est seulement à ce moment-là que l'intégration au groupe professionnel s'enclenche. Dès lors, il n'y a plus aucun secret. "Il faut répéter la qualité des entraînements avec le groupe professionnel, souligne le recruteur lyonnais. Ainsi, ils pourront espérer aller titiller les joueurs de l'effectif actuel." C'est ce que font actuellement Myziane Maolida et Houssem Aouar, qui ont fait évoluer leur statut de réserviste à un rôle de rotation en équipe première.

Les lancer progressivement dans le grand bain qu'est la Ligue 1

A une certaine époque, des adolescents étaient lancés dans le grand bain dès leur plus jeune âge. Joël Fréchet à 15 ans et demi en première division avec l'OL, Laurent Fournier à 16 ans. A Saint-Etienne, vers la même période (années 70), ont été lancés Laurent Roussey (16 ans) et Laurent Paganelli (15 ans), pour ne citer qu'eux. Seulement, la formation n'était pas en place et les moyens n'étaient pas les mêmes. Aujourd'hui les jeunes semblent davantage protégés. Selon Jacques Margain, recruteur à l'OL, pour qu'un joueur arrive à maturité, "il faut qu'on l'utilise à touche homéopathique." Une manière, pour lui, d'éviter les blessures. "Il faut aller doucement avec eux, que ce soit au niveau du mental ou du physique, affirme le recruteur lyonnais. Un gamin de 15, 16 ou 17 ans, même s'il va très vite, n'est pas suffisamment armé physiquement pour rencontrer, toutes les semaines, des hommes de 30 ans qui pèsent 15 kilos de plus qu'eux, si ce n'est pas plus."

C'est en ce sens que quelques brèves apparitions sur les pelouses de Ligue 1 seraient un avancement logique des choses. Stéphane Roche, ancien directeur du centre de formation et désormais entraîneur des U19, affirme que "certains garçons ont plus de précocité pour rentrer et être compétitifs que d'autres. Après, être compétitif pour être titulaire est un autre cap à passer. Il faut d'abord entrer en jeu et prouver que l'on peut apporter un plus à l'effectif." Un facteur reste néanmoins important si l'on en croit Cyrille Dolce, entraîneur des U15 de l'OL : "de manière générale, il sera toujours plus facile pour un jeune d'éclore dans un club qui enchaîne les bons résultats."

Saisir ses chances quand elles se présentent

"Nous allons intégrer des jeunes joueurs, dans le domaine offensif notamment. Il faut avoir la possibilité de s'exprimer et il faut qu'il y ait de la place pour le faire", soulignait Bruno Genesio au cours de la présentation de Bertrand Traoré, fin juin. La place, justement, il y en davantage cette saison. Mariano Diaz est le seul vrai attaquant de pointe de métier à avoir été recruté pour remplacer Alexandre Lacazette. Pour Jacques Margain, une chance est à saisir : "dans la réflexion du président, de Genesio et de son staff, s'ils n'ont pas pris d'autres attaquants, cela veut dire qu'ils estiment que Mariano a ses remplaçants naturels au centre de formation, avant de nuancer : "après on sait que d'autres joueurs de l'équipe professionnelle tels que Memphis, Cornet ou bien Traoré peuvent jouer en position de pointe."

Cela va de même pour les postes d'ailiers. Sur le côté gauche, Memphis, pas vraiment convainquant depuis son arrivée dans la capitale des Gaules peut se voir être relégué sur le banc de touche au profit de Maxwel Cornet (comme cela a été le cas à Nantes) ou bien même de Willem Geubbels, étincelant en matchs de préparation et en Equipe de France U18. A droite, Bertrand Traoré tient de main de maître son poste de titulaire, mais ne pourra jouer toutes les compétitions cette saison. Une place de rotation est donc en suspens. Enfin, dans l'axe, Houssem Aouar, qui a déjà joué quelques bouts de matchs la saison passée peut suppléer Nabil Fekir en tant que meneur de jeu. A eux de jouer.