OL : Darder, Mammana, pas le profil pour la Ligue 1

Les départs de Sergi Darder et Emanuel Mammana posent la question de l’adaptation de joueurs très techniques en Ligue 1. Dans un championnat qui demande du volume physique, ces profils peuvent-ils vraiment s’imposer ?

L’Olympique lyonnais n’avait pas forcément prévu de les vendre. Sergi Darder comme Emanuel Mammana laisseront une énorme impression de gâchis à l’OL. Encensés à leur arrivée et présentés comme de futurs très grands, le premier est désormais retourné dans son club formateur l’Espanyol Barcelone alors que le second est parti au Zénith Saint-Pétersbourg. Deux joueurs qui ne semblaient pas avoir le profil pour évoluer en Ligue 1. Malgré quelques coups d’éclats, l’Espagnol et l’Argentin n’ont jamais su s’adapter au championnat français.

Un aspect athlétique primordial

La qualité technique de Sergi Darder et d'Emanuel Mammana n’a jamais fait aucun doute. C’est même leur point fort. Le milieu de terrain dispose d’une très bonne qualité de passe et s’est plusieurs fois montré capable de gestes de grandes classes sous le maillot lyonnais. L’Argentin fait lui preuve d’une élégance assez inédite pour un défenseur central. Pour s’imposer en Ligue 1, cela n’a pas suffit. « En France, l’idéal c’est d’avoir l’aspect athlétique. Le jeu demande de l’engagement physique, il faut être dur dans les contacts et les duels, après si on peut allier ça à la technique c’est encore mieux », nous confie l’ancien latéral droit Jean-Marc Chanelet, deux fois champion de France avec l’Olympique lyonnais. A défaut d’être un monstre physique, il faut savoir en imposer pour prétendre à évoluer dans le championnat français. « Il ne faut pas forcément être très costaud, souligne l’ancien milieu défensif Philippe Violeau, triple champion de France avec l’OL. Le plus important c’est d’imposer une présence physique. Il faut être actif, mettre de l’impact dans les duels. Plus il y a d’activité, plus le joueur est proche de ses adversaires. » Pour leur tendresse et leur manque de robustesse, Mammana mais surtout Darder ont souvent été pointés du doigt. A juste titre. « Darder reste pour moi un joueur de très haut niveau mais il n’a pas su s’adapter comme il se doit à la Ligue 1. Les joueurs aujourd’hui sont très précoces et s’ils ne s’adaptent pas au bout d’un an ou deux on peut penser qu’ils ne le feront jamais. » Cela pourrait justifier assez logiquement leur départ.

Trouver le juste milieu

Dans le 4-2-3-1 de Bruno Genesio, Sergi Darder a éprouvé toutes les difficultés du monde à s’adapter. Il jouait pourtant à son poste. Pas assez présent dans les duels, nerveux, l’Espagnol apparaissait frustré. Ce qui a conduit à son expulsion contre Bordeaux. Sa dernière apparition sous le maillot de l’OL. L’ancien joueur de Malaga n’a pas su trouver le juste milieu entre ses qualités techniques et l’aspect athlétique nécessaire pour évoluer en Ligue 1. Il a pourtant eu un bon modèle la saison dernière. « Corentin Tolisso présente le profil idéal du footballeur moderne. Il a beaucoup d’impact physique dans la récupération et une capacité à se projeter vers l’avant très intéressante. Quand on prend le nombre de buts qu’il a marque l’an dernier, pour un milieu de terrain c’est assez exceptionnel », s'exclame Philippe Violeau. Le néo-Munichois assurait parfaitement la transition entre la défense et l’attaque, tout en abattant un travail considérable à la récupération et en apportant sa pierre à l’édifice en phase offensive. Ce que ne parvenait pas à apporter le double pivot Tousart-Gonalons. En alignant Darder aux côtés de l’international Espoirs français, Bruno Genesio espérait sans doute voir le natif d’Artà (Îles Baléares), suivre les traces de Tolisso. Cette tâche va désormais revenir à Pape Cheikh Diop et Tanguy Ndombele, le nouveau joueur de l’Espanyol Barcelone n’y étant pas parvenu.

En Ligue 1, physique prime sur technique

Exceptés les postes offensifs, une tendance se dégage : pour évoluer en Ligue 1, mieux vaut être fort physiquement que très technique. Tout le contraire de ce qu’étaient Emanuel Mammana et Sergi Darder. « Le championnat français demande beaucoup de rigueur et d’engagement physique » lance Phillipe Violeau. En défense, les entraîneurs privilégient souvent les profils athlétiques. « Un joueur comme Rami, dans son registre à lui, est plus dans le domaine physique. Et ça marche. C’est pour ça qu’il fait une longue carrière et qu’il a connu plusieurs grands clubs, souffle Jean-Marc Chanelet. Mammana avait la technique et le côté beau jeu mais pas cet aspect athlétique. Le profil idéal c’est Thiago Silva, il a un beau jeu de tête, une belle détente, de la vivacité et le ballon ne lui brûle pas les pieds. Mais un joueur comme ça ne court pas les rues. »

Au milieu non plus, la technique n’est pas primordiale. « On n’a pas besoin d’être techniquement exceptionnel pour évoluer à ce poste-là. Il faut simplement une bonne technique générale, une technique sûre. Le plus important c’est d’imposer sa présence. Pour certains comme Darder ce n’était pas naturel et c’est peut-être pour ça qu’il a commis des fautes qu’il ne fait pas habituellement », lance Violeau. A travers l’Europe, le championnat de France est redouté par les joueurs pour cette dureté physique. Beaucoup se sont cassés les dents, croyant qu’un fort gabarit ou une technique très développée pouvait suffire. « Il faut simplement en imposer, analyse Chanelet. En Angleterre, Kanté a prouvé qu’il ne fallait pas être une montagne de muscles et avoir une technique fabuleuse pour être le meilleur joueur ». Darder et Mammana devraient à nouveau s’épanouir, loin des standards de la Ligue 1. Marcelo y est déjà comme un poisson dans l’eau, Diop et Ndombele pourraient imiter le Brésilien. Des profils qui semblent davantage coller aux exigences du championnat de France.