OL : Nabil Fekir, capitaine légitime

Nommé capitaine ce jeudi, Nabil Fekir prend une nouvelle dimension à l’Olympique lyonnais. Plutôt réservé face aux médias, le meneur de jeu peut être un véritable leader sur et en dehors du terrain.

Même lui ne s’y attendait pas forcément. Déterminé à retrouver son meilleur niveau sur le terrain après une saison de transition, Nabil Fekir va en plus devoir assumer le rôle de capitaine lors du prochain exercice. S’il s’en sent capable, le caractère réservé de l’international français interroge. Les personnes qui le connaissent sont unanimes, le joueur formé à l’Olympique lyonnais a les épaules pour porter le brassard. Cela pourrait même lui permettre de réaliser de grandes performances.

Le plus légitime

Bruno Genesio a sans doute hésité entre Nabil Fekir et Anthony Lopes pour le capitanat. Le technicien rhodanien a finalement choisi de confier le brassard au meneur de jeu, étant plutôt réticent à le donner à un gardien. Jérémy Morel, Marcelo, Lucas Tousart et Jordan Ferri auraient aussi pu prétendre à ce rôle. Durant les matches de préparation, ils ont tous été capitaine une fois. Mais l’entraîneur lyonnais voulait déléguer cette responsabilité à un joueur formé au club et à un titulaire, ce que ne semble pas être Ferri. « C’est important qu’on maintienne cette continuité. Cette année beaucoup de joueurs nouveaux sont arrivés. Mais je pense aussi que c’est bien qu’on garde notre philosophie de formation et je trouvais que c’était important que ça soit un joueur formé au club », a-t-il avancé ce jeudi. « C’est celui qui était le plus légitime dans ce groupe, nous souffle Gérard Bonneau, qui connaît très bien le joueur puisqu’il était responsable du recrutement chez les jeunes à l’Olympique lyonnais depuis le début des années 2000, et travaille désormais avec Florian Maurice. Il est formé au club et je pense qu’il est aimé de tout le monde. Il n’y a pas de problème avec lui. Je ne vois pas de joueur qui soit en contradiction avec le fait que Nabil soit nommé capitaine. » Avec 114 matchs et 34 buts toutes compétitions confondues sous le maillot de L'OL, l’international français et un des joueurs les plus capés de l’effectif lyonnais, disposant déjà d’une forte expérience. Une forme de logique s’imposait.

Une évolution constante

Arrivé à 12 ans à l’Olympique lyonnais, Nabil Fekir après deux ans, n’est pas conservé par le club. Pas un échec pour le meneur de jeu qui se fixe comme objectif de revenir un jour à l’OL. Après un passage à Vaulx-en-Velin, il atterrit en 2010 en U19 à Saint-Priest où il peut jouer au niveau national et disputer la Coupe Gambardella. A l’époque, le meneur de jeu n’avait rien d’un capitaine. « C’était quelqu’un de discret, ce n’est pas lui qui faisait du bruit dans le vestiaire, qui mettait l’ambiance. Au contraire c’était un gars qui bossait, ce n’était pas le genre à haranguer tout le monde et il n’avait pas le comportement d’un leader aboyeur, c’était plus un leader technique », se souvient son entraîneur de l’époque Robert Mouangué. Depuis, le Lyonnais a eu l’occasion de forger son caractère. Pari réussi, en 2011 il revient à l’OL avant se réellement s’y imposer lors de la saison 2014-2015. Il suscite ensuite la polémique quant au choix de sa nationalité sportive, alors que la France et l’Algérie se le disputent, puis se rompt les ligaments croisés lors d’un match au Portugal avec les Bleus en septembre 2015. En dehors du terrain, ce n’est également plus le même puisqu’il s’est marié et est papa d’une petite fille depuis septembre dernier. « Il a vécu beaucoup de choses, tout est arrivé d’un coup, souligne Gérard Bonneau. Ce n’était pas évident. Il a pris de la maturité et fait désormais partie des joueurs confirmés. Je ne suis pas surpris qu’il soit capitaine, je le sens capable d’assumer ce rôle. » Le principal intéressé est aussi conscient du chemin parcouru. Si on lui avait dit qu’il serait plus tard capitaine de l’Olympique lyonnais il ne l'aurait pas cru, « après la vie est faite de surprises », a-t-il relativisé.

Réservé en apparence

Face aux médias, Nabil Fekir apparaît comme un joueur réservé, peu bavard. Deux caractéristiques qui ne collent pas forcément au rôle de capitaine. Tout l’inverse même de Maxime Gonalons. « Je ne m’inspire pas de Max. C’était un très très bon capitaine à Lyon après chacun sa personnalité, je vais rester moi-même », a glissé le meneur de jeu, ce jeudi. L’international français, avec son caractère, saura s’affirmer dans son nouveau rôle. « Nabil c’est la force tranquille. Un capitaine c’est aussi quelqu’un qui doit avoir une gestion des émotions très fortes, à ce niveau-là, il est très intéressant, murmure Gérard Bonneau. Je pense qu’avec ses mots il peut faire passer les messages sur le terrain et dans le vestiaire. » Comme l’une de ses idoles, le gaucher est parfois mal perçu. « Il me fait un peu penser à Zidane. Tout le monde a l’impression qu’en dehors du terrain c’est un gentil garçon, mais on a bien vu qu’il avait du caractère quand il a commencé à mettre des semelles et des coups de boule. Nabil Fekir c’est pareil que Zidane », lance Robert Mouangué. Son parcours et ses choix de carrière permettent également de tirer quelques enseignements. « A l’époque où Nabil a quitté Saint-Priest, des clubs lui proposaient des vrais contrats, il n’y a que Lyon qui ne lui proposait rien [un contrat amateur, NdlR], précise son ancien entraîneur. Il a choisi le plus dur, la difficulté. Ce qui montre que c’est un mec qui en a, il a les épaules, du caractère, il est courageux. » Même s’il a encore « à faire un effort dans la communication », comme le pense Gérard Bonneau, le numéro 18 rhodanien a déjà fixé sa feuille de route : « prendre un peu plus de responsabilités, encourager les joueurs, prendre un peu plus la parole dans le vestiaire. » Pour ce qui est de la motivation personnelle, elle semble bien présente.

Un leader technique

Après une année de transition, Nabil Fekir semble avoir retrouvé la pleine possession de ses moyens. Très affûté pendant les matches de préparation, le gaucher avec le départ d’Alexandre Lacazette, est appelé à être le leader technique de son équipe. « Il y avait des leaders qui étaient en place, lui a eu une blessure et est vraiment revenu la saison dernière. Je pense qu’avec les nombreux départs, il y a eu une libération mentale. Bien sûr il n’est pas content que ses coéquipiers soient partis mais il fait partie des leaders techniques de l'équipe maintenant », analyse Gérard Bonneau. Pour le recruteur, le brassard de capitaine peut même « être un déclic très important pour lui, ça peut libérer quelque chose. » Bruno Genesio qui dispose de quelques certitudes quant au niveau de jeu de l’international français, attend désormais qu’il s’assume pleinement dans son nouveau rôle. « Concernant son niveau jeu, il n’y a pas de problème, j’attends maintenant qu’il s’investisse davantage dans le groupe, a avoué le technicien rhodanien. Des joueurs cadres sont partis, j’attends qu’il prenne le relais, c’est aussi une des raisons pour laquelle je l’ai nommé capitaine. » Auteur de deux buts en match de préparation, le Lyonnais prend désormais une nouvelle dimension au sein de son club formateur, prêt à atteindre ses objectifs. « Cette année va être très importante, il y a la Coupe du monde en fin d’année mais pour l’instant il faut bien faire les choses à Lyon pour espérer y aller », a-t-il déclaré. Capitaine Fekir est lancé.

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