OL : Jérémy Morel dans l’axe, une bonne idée ?

La défense de l’Olympique lyonnais est en plein remaniement. Fernando Marçal est déjà arrivé, d'autres recrues défensives pourraient suivre. Jérémy Morel devrait lui être définitivement repositionné dans l'axe. Bonne ou mauvaise idée ?

L’OL ne fait pas semblant. Pour corriger ses lacunes défensives de la saison dernière (73 buts encaissés toutes compétitions confondues), le club a lancé les grandes manoeuvres. Fernando Marçal, prêté à Guingamp l’an dernier, est arrivé en provenance du Benfica pour 4,5 millions d’euros. Jean-Michel Aulas ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « On a l’ambition de renforcer le côté droit et aussi l’axe central. Ça ne veut pas dire qu’on va arriver à tout mais c’est inscrit dans le cahier des charges de Florian Maurice. On ne le fera pas non plus à n’importe quel prix », annonçait le président vendredi dernier. L’arrivée d’un autre arrière gauche, qui pourrait être Ferland Mendy, n’est pas à exclure non plus car Rybus devrait plier bagage. Le staff envisagerait de replacer Jérémy Morel dans l’axe, s’il reste au club. Une position qu’il avait occupé à de nombreuses reprises avec l’Olympique de Marseille. Est-ce réellement une bonne idée ? Olympique-et-Lyonnais s’est renseigné à ce sujet.

Adoubé par Marcelo Bielsa à l’OM

« Quand j'ai vu les quarante-huit matchs de la saison dernière, j'ai noté qu'il avait un très bon jeu de tête et, de mon point de vue, il détient l'un des meilleurs jeux défensifs aériens de l'équipe. J'ai donc pensé qu'il pouvait jouer à ce poste ». Ces paroles sont signées Marcelo Bielsa, le 10 octobre 2014, quelques mois après son arrivée sur la Canebière. Fidèle à ses idées directrices, le coach argentin alterne les défenses à deux ou à trois centraux, souvent avec Jérémy Morel. « Si l’adversaire jouait avec un attaquant, il alignait une défense à deux. S’il y avait deux attaquants en face, alors l’OM jouait avec trois centraux, explique Jean-Claude Leblois, journaliste sportif à La Provence. C’est Bielsa qui a replacé de suite Jérémy Morel dans l’axe, en observant les vidéos et en s’appuyant sur les statistiques. Il avait le meilleur ratio dans le jeu de tête, supérieur à celui des autres défenseurs axiaux. Cela faisait parti des arguments pour le replacer. Il apportait aussi beaucoup physiquement. Bielsa avait deviné ces qualités ». Arrivé au bord de la mer Méditerranée en 2011, Jérémy Morel est rapidement victime des moqueries de très nombreux supporters du stade Vélodrome. Pourtant, au cours de cette dernière saison marseillaise, sous les ordres d’El Loco, il renverse l’opinion. « On s’interrogeait sur ce que ça allait donner. Ce n’est pas devenu Giorgio Chiellini du jour au lendemain, mais il a tenu son rang. Là où on l’avait vu faire quelques boulettes à gauche, on l’a peut-être senti avec moins d'appréhension dans l’axe. Le coach lui faisait confiance, il a évolué plus librement », reprend notre confrère.

Des qualités pour évoluer dans l’axe

Marcelo Bielsa a pour habitude de souvent changer ses compositions, en fonction de la forme du moment et de l’adversaire. Utilisé le plus souvent à gauche d’une défense à trois, Jérémy Morel a aussi évolué axe gauche d’une charnière à deux. Cela tombe bien puisque Bruno Genesio a annoncé vouloir reconduire le schéma avec lequel il a terminé la saison. Quelles sont alors les qualités du numéro 15 pour former un duo efficace ? « Même si on dirait qu’il ne va pas vite, Jérémy Morel est un mec de duel qui n’a pas d’absence. Il est concentré sur ce qu’il a à faire », estimait Bruno N’Gotty il y a quelques semaines dans l’un de nos articles sur la défense rhodanienne. « Il est rapide malgré tout, peut couvrir, coulisser et a des qualités physiques. Il est tactiquement au point, il a fait sa formation à Lorient, rappelle Jean-Claude Leblois avant de se pencher sur sa personnalité. Il est un peu introverti, mais il a de l’expérience, il sait ce qu’est le haut niveau ». Pour preuve, la vidéo d’un entraînement de l’OM dans laquelle Marcelo Bielsa interpelle Benjamin Mendy devant son groupe. L’entraîneur conseille alors à son jeune latéral gauche de parler avec Jérémy Morel ou Rod Fanni pour devenir « l’un des meilleurs du monde ». Une déclaration qui pouvait prêter à sourire mais qui en dit long sur le regard qu’il portait sur Morel. On ne sait pas s’il a écouté ces conseils, mais une chose est certaine, Benjamin Mendy a énormément progressé, au point d’être le nouveau titulaire au poste en équipe de France. Karim Mokeddem, coach de l’équipe de La Duchère, qui a manqué de peu l’accession en Ligue 2 cette saison, perçoit également des qualités chez le joueur de 33 ans. « L’impression que Morel dégage, c’est qu’il est quelqu’un qui a beaucoup d’assurance sur sa prestation. Je pense qu’il a de la personnalité, car il en faut pour s’être imposé à Marseille. Toutefois ce n’est pas un leader selon moi. Il faut lui trouver le bon coéquipier ».

Quelle association pour la charnière ?

« Dans une défense à trois, je le mets tous les jours, affirme Karim Mokeddem. Mais dans une défense à quatre c’est le binôme qui fait qu’on est performant ». Et malgré des qualités dans le jeu de tête louées par certains, la taille de Jérémy Morel représente un handicap pour le coach de La Duchère. « Il a un déficit de taille (1,72m selon le site de la LFP) malgré une envie débordante. Une défense Mammana-Morel, c’est impossible pour moi parce que le déficit de taille est trop important. Sur les coups de pieds arrêtés, il faut un certain équilibre avec la taille. S’il y a déjà deux latéraux pas très grands et deux centraux pas très grands non plus, ça met un bémol », assure le technicien. L’argument s’entend lorsqu’on s’aperçoit que Rafael (1,72m), Jallet (1,78m malgré un bon jeu de tête), Marçal (1,78m) voire Rybus (1,73m) ne dépassent pas 1,80m. Le défenseur argentin culmine lui à 1,83m, soit six centimètres de moins que Mouctar Diakhaby. « Une association avec Diakhaby, pourquoi pas. Mais j’espère que l’OL va recruter. Il faudrait un grand, costaud et leader », avance Karim Mokeddem parmi les solutions pour former une charnière avec Jérémy Morel. « J’aurai fait jouer Morel dans l’axe avec Nicolas Nkoulou ou Mouctar Diakhaby », regrettait Bruno N’Gotty, apparemment moins marqué par le gabarit du natif de Lorient. Et le principal intéressé qu’en pense-t-il ? « Bielsa, c'est lui qui a osé me faire jouer sur une longue durée au poste de défenseur central. J'avais déjà pris du plaisir en charnière et je savais que j'étais capable de le faire. Même si sur la durée, c'est toujours plus compliqué », racontait-il à l’Equipe en janvier 2016. A 33 ans, Jérémy Morel a-t-il encore la forme physique pour tenir sur le côté gauche ? Nombreux sont les latéraux à s’être reconvertis dans l’axe en fin de carrière (Lilian Thuram, Jérémy Mathieu, Eric Abidal...). « Vu ses qualités, son âge grandissant ça semble être la meilleure solution pour Lyon », conclut Jean-Claude Leblois. Auteur de bonnes performances dans certaines rencontres de Ligue Europa, Jérémy Morel avait été élu dans l'effectif type. Mais il n’a pas toujours évolué à ce niveau cette saison.