OL - Cyrille Dolce : « Alexandre Lacazette a marqué l’histoire du club »

Alexandre Lacazette va selon toute vraisemblance quitter l’Olympique lyonnais. Cyrille Dolce, entraîneur des U15 de l’OL, a compté dans sa formation. Il a accepté de revenir sur l’histoire et le parcours du buteur.

« Je n’ai été qu’un petit rouage et il faut rester très humble. Mais oui je suis très fier de ce qu’il a fait et je le serai d’autant plus quand il va exporter l’image de l’OL à l’étranger comme Karim Benzema, Anthony Martial ou Samuel Umtiti. Il va véhiculer une belle image de ce qu’on fait chez nous ». C’est avec beaucoup d’humilité que Cyrille Dolce raconte le rôle qu’il a joué dans la formation d’Alexandre Lacazette. Pourtant, le joueur qui fêtera ses 26 ans dimanche 28 mai, accorde une réelle importance à l’entraîneur des U15 de l’Olympique lyonnais. « Ma première année (à l’OL) s’est bien passée. Après, je suis vite arrivé au foot à onze où j’ai rencontré un coach très important, Cyrille Dolce. Il ne me faisait pas beaucoup jouer car je ne voulais pas beaucoup courir et à l’OL il faut courir. Mais il m’avait dit : « Si tu gardes ta mentalité, tu iras très loin...», a expliqué Alexandre Lacazette dans l’Equipe samedi dernier.

Souvent remplaçant dans ses premières années à l’OL

Au moment d’annoncer son départ du club rhodanien, il a tenu à raconter ce souvenir. Une anecdote qui en rappelle une autre au formateur. « La génération 91 formait une très belle équipe avec Clément Grenier, Enzo Réale, Yannis Tafer et d’autres. Alex avait un petit coffre à cette époque-là et était donc remplaçant. Néanmoins, quand il rentrait, il marquait. Un jour, il m’a interpellé : « Coach, je rentre, je marque et pourtant je ne suis pas titulaire... ». Je lui avais répondu de continuer de travailler, que le travail allait payer. Finalement, je le met titulaire lors d’un match, il court, il s'essouffle et il ne marque pas. Il a fini par comprendre ma démarche ». Une méthode qui porte ses fruits. Lacazette comprend alors que cela lui servira pour plus tard. A force de travail, d’abnégation et d’écoute, il progresse tout en acceptant son statut. A sa place, beaucoup auraient déjà abandonné. « L’exemple, c’est la finale du tournoi de Sens (en 2004) qui arrive après cet épisode. Il est remplaçant, on joue la Real Sociedad, il rentre et il marque ». Lyon s’inclinera lors de cette rencontre, mais l’essentiel était ailleurs. Alexandre le bosseur et passionné a eu « une progression très linéaire. Il aimait ce qu’il faisait et il prenait beaucoup de recul. Son but n’était pas de devenir professionnel, c’était de travailler pour devenir professionnel. Il était dans l’apprentissage », témoigne Cyrille Dolce. Une qualité qui lui vient de son éducation : « Autour de lui il a une famille avec des parents à l’écoute et qui nous ont laissé faire avec leur enfant, sans revendiquer quoique ce soit ».

« Un véritable amoureux de l’OL »

Le natif de Lyon a donc attendu patiemment. Lorsqu’il a obtenu sa chance entre ses quinzième et dix-septième anniversaires, « il a explosé », dixit Dolce. A l’OL, mais aussi en équipe de France jeunes, où il côtoie un certain Antoine Griezmann. Vainqueur de l’Euro U19, Alexandre Lacazette se révèle et fait petit à petit son trou chez les pros. D’abord sur le côté, puis dans l’axe quand la place se libère. Sans toutefois oublier d’où il vient. « Alex, comme d’autres « lyonnais » est souvent venu parler aux jeunes que j’entraînais. La grande mode des joueurs et des jeunes d’aujourd’hui c’est le temps de jeu. Alex est donc venu raconter son expérience. Il leur disait « prenez ce que vous avez à prendre et utilisez-le au maximum ». Il conseillait aux « pressés » de travailler en leur expliquant que ça viendrait tout seul ». Un service rendu à l’un de ses formateurs car Lacazette a des valeurs et porte l’Olympique lyonnais dans son coeur : « Ça a toujours été quelqu’un qui a aimé son club, un véritable amoureux de l’OL. Alex colle parfaitement aux valeurs du club. En plus de cela, c’est quelqu’un de timide, avec beaucoup d’humilité. Il ne se met pas en avant ». 

Une légende de l’Olympique lyonnais ?

Aujourd’hui la donne a changé. Après une saison où il a fait office de patron dans l’équipe lyonnaise, il est temps de prendre du galon. Avec son doublé au Parc OL contre Nice, il a établi un nouveau record personnel sur une saison de Ligue 1 (28 buts) et a atteint la barre des 100 réalisations en championnat. Le bon moment pour partir ? « Seul l‘avenir nous le dira, répond Dolce avant d’interroger à son tour, mais est ce qu’il n’a pas fait le tour notamment en Ligue 1 ? ». Avec un troisième exercice consécutif à plus de vingt buts, on pourrait affirmer que c’est le cas. « Il part avec ces faits d’armes, en ayant l’impression d’avoir laissé une empreinte, une marque », appuie celui qui est à l’Olympique lyonnais depuis 25 ans. De là à être classé parmi les légendes du club ? Le débat fait rage en ce moment entre Rhône et Saône. Certains considèrent qu’il lui manque des titres pour entrer dans cette catégorie. D’autres estiment que la Coupe de France et le Trophée des champions glanés en 2012, couplés à ses statistiques et son influence dans l’équipe suffisent. Cette question, difficile, a été posée à Cyrille Dolce. Pour lui : « Alex a été la tête d’affiche d’une génération. En 1989, une autre génération de gamins a marqué le club en le faisant monter en D1. Il y avait notamment Bruno N’Gotty ou Bruno Genesio. Au même titre qu’Anthony Lopes, Samuel Umtiti, Maxime Gonalons, Jordan Ferri et d’autres, Alex a été quelqu’un de marquant dans sa génération. Si demain il gagne la Ligue des champions avec un autre club, on dira qu’il a été formé à l’OL. C’est à coup sûr un personnage incontournable des années 2010. Il aura marqué l’histoire du club, d’autant plus qu’il est lyonnais. Et ce sont souvent des joueurs à ce poste qui ont marqué ce club car c’est dans notre ADN de former des joueurs offensifs ».

« Un joueur qui te fait aimer le foot »

Aujourd’hui Alexandre Lacazette a su mettre en exergue les enseignements qu’il a reçu de ses formateurs et notamment de Cyrille Dolce. Outre ses qualités indéniables d’attaquant, il a su s’offrir une palette plus large qui le différencie d’autres buteurs : « C’est quelqu’un qui ne ménage pas ses efforts, notamment défensifs, ou les courses sans ballon. Dans son jeu, il gratte beaucoup de ballons, il est fin dans le replacement et sait user les défenses adverses. Je ne suis pas inquiet pour lui parce que c’est un monstre de travail. C’est un joueur qui ne fait pas rêver mais qui te fait aimer le foot. On va au stade pour des joueurs comme ça », énonce le formateur de 42 ans. Après avoir conquis la Ligue 1, Alexandre Lacazette a retrouvé la sélection nationale. Ses performances en Ligue Europa (il a marqué à tous les tours entre le 1/16^e de finale et la demi-finale) n’y sont sans doute pas étrangères. En partance pour un plus grand club, Cyrille Dolce n’a qu’un conseil à lui donner pour réussir, celui de « rester le même ».