OL - Lucas Tousart : "Devenir un leader à Lyon"

À 19 ans, le milieu de terrain de l’OL Lucas Tousart est promis à un bel avenir. Plutôt discret en dehors des terrains, l’Aveyronnais a bien voulu nous en dire un peu plus sur ses aspirations.

Parlez-nous de vos débuts. Avez-vous toujours été passionné par le football ?

Lucas Tousart : J’ai commencé à l’âge de 4 ou 5 ans, à Bagnac-sur-Célé, dans le Lot, là où mon père avait été muté – il était principal d’un collège. J’ai commencé là-bas avec des petits comme moi, mais j’ai très vite été surclassé. Après, j’ai déménagé, je suis allé dans l’Aveyron et j’ai commencé véritablement la compétition à Rignac, vers 7 ou 8 ans.

Vers quel âge a-t-on décelé chez vous des qualités qui vous permettaient de devenir pro ? Vouliez-vous alors absolument en faire votre métier ?

Non, ce n’était pas un but. D’ailleurs, ma mère me le dit souvent, ce n’est pas quelque chose que je disais depuis que j’étais petit. C’est vrai qu’on savait que j’avais des qualités au-dessus de la moyenne, tant physiques que techniques. Après, je n’ai pas dit à mes parents “Je veux faire ça comme métier plus tard”. C’est venu un petit peu au fur et à mesure des matchs, au centre de formation. Ce n’était pas une ambition mais c’est vrai que ça me faisait rêver.

À cette époque, vous aviez des idoles ?

Quand j’étais petit, comme de nombreux enfants, mon idole c’était Zidane. Même si ce n’était pas forcément mon poste, Zizou était vraiment un sacré joueur. J’étais admiratif. Je regardais tous ses matchs, dans les clubs où il est passé, au Real, à la Juve…

Aujourd’hui, quel est votre modèle ?

Je n’ai pas spécialement de modèle, même si c’est vrai que j’aime bien Verratti ou Thiago Motta. C’est des joueurs dont on peut s’inspirer.

Lorsque vous êtes arrivé à l’OL (le 31 août 2015), vous avez joué avec l’équipe réserve. Il a fallu patienter avant de pouvoir vous exprimer avec l’équipe professionnelle. Comment avez-vous vécu cette période ?

Ce fut une période compliquée pour moi. J’arrivais de Valenciennes, où j’avais joué titulaire, et je connaissais déjà le monde pro. Retomber avec la CFA, ce n’est pas évident, même si je pense que j’en avais bien besoin parce que Lyon et Valenciennes ce sont deux clubs très différents question niveau. Mais, je ne le cache pas, cela a été une période pas facile à gérer. Redescendre d’un coup dans l’anonymat, ça m’a fait un peu bizarre.

Dans ces moments-là, on se dit quoi ?

On doute. On se dit : Est-ce qu’un jour j’aurai les capacités de jouer à Lyon ? Est-ce que je peux envisager de jouer ? Est-ce que j’ai ma place dans l’effectif ? On se pose pas mal de questions. Quand on fait le bilan de ma première année, c’est vrai que ça a été mitigé. Heureusement qu’il y a eu l’équipe de France U19 en fin d’année, pour relever la donne, et cet Euro qui a été réussi [les jeunes Français furent champions d’Europe], qui me permet d’être là où j’en suis aujourd’hui.

"On se pose pas mal de questions"

Cela a été une sorte de déclic ?

Oui, voilà, c’est le mot. Je pense que les gens avaient aussi besoin d’une référence pour moi, comme ils me voyaient jouer en CFA et, comme vous le savez, c’est un championnat compliqué pour s’exprimer quand on a déjà joué en pro. Je pense que cet Euro a fait du bien pour tout le monde, cela a permis de voir de quoi j’étais capable.

Maintenant que vous jouez avec les pros, on se dit : “Ce Lucas Tousart, c’est pas mal…”

C’est ça ! (Rires.)

On a le sentiment que les gens ont découvert vos capacités, le fait que vous aviez le niveau pour Lyon…

Je pense que vous avez raison. À mon arrivée, quand je croisais des gens dans la rue, ils disaient : “Tousart, on sait pas ce que tu vaux, tu joues en CFA, c’est moyen.” En gros, on ne savait pas trop ce que ça allait donner. Et là, cette année, quand je me balade dans la rue, c’est : “Tousart, continue, c’est super ce que tu fais, faut que tu perces, t’as le niveau pour jouer chez nous.” C’est vrai que c’est flatteur et ça me fait plaisir. Entre l’année dernière quand je rentrais chez moi où je me posais des tas de questions et maintenant… Ce n’est plus du tout la même chose (sourire).

Êtes-vous surpris par votre niveau actuel ou saviez-vous que vous en étiez capable ?

On est toujours conscient de son réel niveau. J’ai toujours été assez raisonnable pour ça, je ne doutais pas une seconde que j’avais les capacités pour jouer à Lyon. Simplement, je n’avais pas été mis dans les meilleures dispositions. Cette saison, ça s’est fait, je montre mes capacités à tout le monde. À vrai dire, je ne suis pas surpris et je suis très content que tout le monde puisse l’observer et apprécier mes prestations.

Avez-vous l’impression, par vos performances, d’avoir poussé Maxime Gonalons à élever son niveau de jeu ?

Je ne peux pas vous le dire. Après, je pense que la concurrence est faite pour stimuler les joueurs et pousse à donner le meilleur à chaque fois. Peut-être, inconsciemment, oui, j’ai donné à Max l’envie supplémentaire de se surpasser.

"J'ai des progrès à faire dans l’orientation du jeu"

Êtes-vous complémentaires ?

Je pense que ça peut être bénéfique pour moi de jouer avec lui et, oui, je pense qu’on est complémentaires. On a pu le montrer lors des dernières rencontres, contre Angers, contre Montpellier, ça s’est soldé par des résultats positifs donc je pense qu’on a des points en commun, mais aussi des différences. On peut s’appuyer l’un sur l’autre pour former un bon duo, c’est une alternative en plus pour le coach. Pour nous deux, c’est bien de pouvoir évoluer ensemble, on voit que ça peut mener à des bons résultats et de bonnes choses.

Selon vous, même si ce n’est pas facile de se juger, quels sont vos points forts et vos points faibles ?

Je vais commencer par mes défauts (sourire) : j’ai des progrès à faire dans l’orientation du jeu, je me dois d’être plus rapide dans les enchaînements ; au niveau des passes, je pense que je peux également m’améliorer. Concernant mes points forts, on va dire : l’agressivité que je peux apporter. Après, au niveau des duels, que ce soit au sol ou aériens, j’arrive à récupérer pas mal de ballons.

Vous êtes encore jeune, mais pensez-vous, d’ici un ou deux ans, devenir un leader de cette équipe lyonnaise ?

Je suis capitaine en équipe de France Espoirs, je ne pense pas que ça soit le pur hasard. Le sélectionneur m’a choisi car il a jugé que j’avais la capacité de mener un groupe, de tirer tout le monde vers le haut. Sur le terrain, il faut des joueurs qui se chargent d’être des relais pour le coach et cela me plaît de le faire. Ça serait bien que d’ici un ou deux ans je devienne un leader à Lyon. Je serais très content.

Quels sont vos objectifs personnels cette saison ?

Je dois continuer sur ma lancée de fin 2016. J’aspire à acquérir davantage de maturité et avoir beaucoup de temps de jeu. J’espère que je vais accumuler les matchs et enchaîner les bonnes performances.

Avez-vous un plan de carrière bien établi ?

Déjà, quand j’ai eu l’opportunité de signer à Lyon, c’était une évolution dans la logique des choses. Je suis très content d’être à l’OL. C’est un très bon club, le meilleur de France, toutes les conditions sont réunies pour être épanoui. Je suis encore jeune [Lucas Tousart a 19 ans], mon objectif premier, c’est de m’imposer durablement ici et de gagner des titres. Pour le reste, on verra, je peux difficilement en dire plus car je suis très bien à l’Olympique lyonnais.

"Il y a une part de vérité mais il ne faut pas généraliser"

Êtes-vous attiré par un championnat en particulier ? Un club ?

Je ne vais pas le cacher, depuis petit, je suis attiré par l’Angleterre. C’est un championnat qui se rapproche de mon style de jeu. J’ai toujours regardé à la télé les matchs de Premier League, donc plus tard pourquoi pas aller là-bas. C’est vrai que c’est quelque chose qui me fait rêver. Par contre, je ne peux pas vous citer un club en particulier, je n’ai pas vraiment d’équipe favorite. C’est plus le style de jeu et ce championnat qui me plaisent.

Quel est votre regard sur le milieu du football ?

Dans le milieu du foot, à l’heure actuelle, nous sommes beaucoup décriés par rapport à certains mauvais comportements, à nos salaires… Bref, à tout ce qui tourne autour du football. Il y a une part de vérité, mais ce qui me dérange, c’est qu’on ne doit pas généraliser. On nous colle une étiquette sur la tête alors qu’il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Il y a aussi des gens bien et qui sont très loin de tout ça. Il faut chercher à apprendre, à nous connaître avant de porter de tels jugements. Malheureusement, nous ne sommes pas aidés par les médias. Par exemple, publier nos salaires dans un quotidien [Lucas Tousart vise ici L’Équipe], je ne suis pas d’accord. Cela attire des lecteurs pour eux mais, derrière, cela nous fait passer pour des gens qui ne pensent qu’à l’argent.

À ce sujet, quelle est votre approche avec votre entourage qui n’a pas le même train de vie ?

J’essaie de garder les pieds sur terre. Je suis très lucide et je suis conscient qu’il y a des inégalités salariales entre nous. Avec ma famille, j’essaie de rester le plus simple possible, je les aide quand je peux, je fais des choses pour eux. C’est quelque chose qui me tient à cœur. C’est pour cela que j’aime retourner d’où je viens, dans l’Aveyron, car les gens sont simples et quelque part cela me remet les idées en place.

Vous intéressez-vous à l’actualité ? Vous suivez les informations, les débats politiques ?

Pour la politique, je suis un peu jeune (rires). Je vais pouvoir voter pour les présidentielles, donc je vais accomplir mon devoir de citoyen. J’avoue que c’est un peu compliqué pour moi de bien suivre les débats, mais sinon je suis les informations, je m’informe pour savoir ce qui se passe.

En dehors des terrains, quelle est votre personnalité ?

Je suis de nature calme, je suis assez casanier. Je suis bien chez moi, dans ma petite maison. J’essaie de récupérer car on enchaîne les matchs. Si on veut être efficace sur le terrain, cela passe par ce travail invisible en dehors, c’est pour cela que je me repose au maximum. Après, j’aime bien me promener avec mes amis et ma copine dans les rues de Lyon. D’ailleurs, c’est une très belle ville.