Le défenseur central argentin de l’OL, Emanuel Mammana, 20 ans, a accepté de se raconter. L’occasion d’en savoir plus sur la trajectoire et les ambitions du natif de Merlo, dans la province de Buenos Aires.
Vous avez toujours été passionné par le football ?
Emanuel Mammana : Comme tous les footballeurs, j’ai commencé très jeune – à l’âge de 4 ans – dans un club [Los Santos, NdlR] près de chez moi. À 8 ans, j’ai été recruté au club de Ferro puis, un an plus tard, j’ai rejoint River. Et ma carrière a commencé ainsi.
Vous êtes un vrai fan de River Plate ?
Bien sûr. Je suis fan de River depuis tout petit. J’ai grandi dans ce club, j’ai passé toute ma vie là-bas. J’ai vécu dans le pensionnat de River et je pense que ce club m’a tout donné. J’ai l’habitude de dire que c’est le club qui m’a vu naître (es el club que me vió nacer). Pour être totalement sincère, je suis complètement fan de River. Ce club, je l’aime beaucoup.
Votre famille supporte également River ?
Oui, ils sont fans de River, surtout que j’y ai fait mes premiers pas. Mais il y en a qui préfèrent les rivaux…
Boca Juniors ?
Oui, Boca (sourire).
Personne ne supporte San Lorenzo ?
J’ai juste un neveu qui supporte San Lorenzo. Après, le reste, c’est soit River soit Boca.
D’autres personnes de votre famille jouent au foot ?
J’ai une nièce qui joue à River, elle est très forte. Sinon, j’ai aussi des neveux qui jouent au foot, mais ils ne sont dans aucun club.
Et vos parents aimaient le football ?
Non, vraiment pas (sourire). Mon père, il fallait le pousser ! Il n’aimait pas le foot, il n’aimait pas le sport… Enfin, si, il suivait les courses de voitures.
Vous avez perdu très tôt vos parents…
Ma mère est morte d’un cancer quand j’avais 6 ans. Et mon père est décédé quand j’avais 15 ans. J’étais déjà au pensionnat de River.
"J'ai failli tout arrêter"
Ça doit être très difficile de grandir dans ces conditions…
Oui (court silence). J’ai quand même la chance d’avoir quatre grandes sœurs et une très grande famille, ce qui m’a beaucoup aidé. Puis, maintenant, j’ai ma femme à mes côtés. Le fait d’avoir un enfant, mes beaux-parents, ça m’aide à être plus fort et à aller de l’avant tous les jours.
Votre père savait que vous alliez devenir footballeur professionnel ?
Malheureusement, quand il est décédé, il n’a pas eu la chance de me voir jouer, ni en Primera [première division argentine], ni pour l’équipe A de la sélection argentine.
Il aurait été très fier de vous…
Je pense qu’il serait très content pour moi. Même s’il ne comprenait pas grand-chose au foot, il m’a laissé jouer tout petit, il me défendait toujours (sourire). J’étais encore très jeune quand ma mère est décédée. En revanche, le décès de mon père a été très dur, très difficile à accepter. J’ai failli tout arrêter. Heureusement, j’ai ensuite rencontré ma femme, qui m’a énormément soutenu. Maintenant, il y a mon fils [Tian Camilo, né le 26 octobre 2016], donc je pense à eux et aux efforts effectués par mon père pour que je réussisse. Il a tout fait pour moi. Désormais, c’est à mon tour de soutenir ma femme, mon fils.
On dit souvent que les footballeurs ne pensent qu’à l’argent, à faire la fête…
Moi, j’adore le foot, je pense qu’à ça. J’ai commencé quand j’avais 4 ans et ça a toujours été mon rêve de jouer au foot. Je ne pense pas à l’argent, à savoir si je peux gagner telle ou telle somme car, en étant performant, la rémunération suit d’office. Mon objectif, c’est d’essayer de devenir un grand joueur.
L’équipe nationale, c’est une étape importante pour vous ?
Jouer pour la sélection nationale de son pays, c’est toujours un rêve. Mais bon, il faut se concentrer dans la vie quotidienne de son club. Je dois tout donner pendant chaque match et montrer de quoi je suis capable, en espérant que le sélectionneur me voie un jour. Ce serait vraiment un rêve que de rejouer pour mon équipe nationale [Emanuel Mammana a connu sa première sélection chez les A le 7 juin 2014, contre la Slovénie].
Il vous manque quoi pour être appelé en sélection ?
Je sais que je suis encore trop jeune [il est né le 10 février 1996]. Puis, vous savez, il y a d’excellents défenseurs centraux en Argentine. C’est pour ça que l’essentiel, aujourd’hui, c’est d’être performant à l’OL. J’espère jouer le plus de matchs pour essayer de me faire une place au sein de l’équipe nationale.
Y a-t-il des joueurs que vous considérez comme des exemples à suivre dans l’équipe argentine ?
Il y a Nicolás Otamendi, Ramiro Funes Mori… Ce sont de très bons défenseurs. Dans ces conditions, c’est difficile d’être convoqué en équipe A, car ils ont de grandes qualités, ils sont bons. Je dois donc faire de mon mieux à Lyon et espérer qu’un jour ma chance arrive.
Vous êtes un défenseur atypique, élégant balle au pied. Vous n’êtes pas un vrai défenseur de métier…
Depuis mon passage en première division argentine, j’ai toujours aimé sortir balle au pied et je n’aime pas trop dégager loin. Parfois, par excès de confiance, je fais des erreurs. Il faudrait donc que j’apprenne à dégager plus et ne pas toujours essayer de sortir balle au pied.
"J'ai un peu honte de mal prononcer les mots"
À Lyon, on aime ce type de joueur, vous êtes le nouveau Edmílson…
(Sourire.) À vrai dire, je ne l’ai pas vraiment beaucoup regardé jouer. De ce que j’ai pu voir, c’est un grand joueur, qui a joué pour de très bons clubs et marqué les esprits à l’OL. Mais bon, comme je l’ai déjà dit, je suis un jeune joueur, j’ai beaucoup de choses à apprendre et à améliorer. J’espère pouvoir être, un jour, aussi bon que lui.
Lors de votre arrivée à l’OL, vous avez connu des difficultés d’adaptation…
Effectivement, cela été compliqué. J’ai quitté mon pays, ma famille, j’ai découvert une autre culture, une nouvelle langue… Forcément, cela est perturbant. Fort heureusement, je suis tombé sur un bon groupe, tout le monde m’a bien accueilli, que ce soit mes coéquipiers, les entraîneurs, Florian Maurice [le responsable de la cellule de recrutement de l’OL] ou Isabelle Dias [traductrice chargée d’aider les joueurs étrangers de l’OL]. À Lyon, tout le monde est très gentil, ça facilite mon intégration.
Y a-t-il eu des moments de doute ? Avez-vous été tenté de rentrer en Argentine ?
Non, pas du tout (rire). Forcément, il y a des jours difficiles, mais au fur et à mesure tu commences à te sentir bien. Une fois que je vais parler français, ce sera encore plus facile.
Sergi Darder a connu la même difficulté et a réussi à bien s’intégrer…
Pouvoir communiquer avec le reste de l’équipe, ça permet d’être plus à l’aise. Je suis en train d’apprendre le français avec Isabelle Dias, j’ai déjà beaucoup progressé. Je comprends presque tout, mais j’ai encore du mal à parler, mais c’est surtout que j’ai un peu honte de mal prononcer les mots. Mais bon, je sais qu’il faut que je me lâche un peu (rire).
On vous sent timide et introverti alors que, sur les réseaux sociaux, vous êtes plus fou-fou, sans parler de votre nouvelle couleur de cheveux…
(Il éclate de rire.) J’aime bien partager des photos avec ma famille, mon fils. Mais à vrai dire je suis très timide, surtout lorsque je ne connais pas mon interlocuteur.
Quelles sont vos occupations en dehors du football ?
Je suis très famille, j’aime les avoir auprès de moi. Là, ils sont rentrés en Argentine, mais ils devraient venir me voir bientôt. En fait, j’aime bien être à la maison, tranquille, si possible avec ma famille, c’est ça que je préfère.
C’est compliqué d’être un jeune père et de jouer au football ?
Non, ce n’est pas vraiment difficile, car être père a complètement changé ma vie. Il n’y a que du positif, c’est que du bonheur.
Appréciez-vous la vie lyonnaise ?
J’ai commencé à visiter Lyon en arrivant. Ça me change de Buenos Aires, c’est très beau, super calme, alors qu’en Argentine il y a plein de bruit. En réalité, j’adore Lyon, même si je ne connais pas encore tout. Sincèrement, j’apprécie de plus en plus cette ville.
Avez-vous un plan de carrière ?
J’ai surtout envie de faire de mon mieux à Lyon, de réaliser de belles choses. Ce serait magnifique de pouvoir, un jour, gagner un championnat avec l’OL.
"Je suis catholique et très croyant"
On imagine que, comme de nombreux joueurs, votre rêve serait de rejoindre un grand club espagnol ou anglais…
Bien sûr que j’aimerais jouer un jour au Real Madrid ou à Barcelone. J’adorerais suivre le même chemin que Samuel [Samuel Umtiti, qui a joué à l’OL de 2002 à 2016 et a intégré ensuite le Barça en juillet dernier]. Mais, aujourd’hui, je suis à Lyon et je dois encore faire mes preuves.
Real/Barça, est-ce comparable à un River Plate/Boca Juniors ?
Le Real et le Barça sont deux gros clubs, mais je ne pense pas qu’on puisse comparer. Le clásico River/Boca, c’est vraiment un match à part, qui se vit dans une ambiance incroyable, indescriptible.
L’Argentine doit vous manquer, non ?
Le plus difficile, c’est d’être loin de ma famille. L’Argentine et la France, ce sont deux pays complètement différents. Mais je suis très très content d’être ici, et je dois m’adapter, essayer de sentir ce que je ressentais chez moi, en Argentine. Je commence à le ressentir, petit à petit, car la France, c’est un magnifique pays.
Au niveau culinaire, les asados (grillades argentines) doivent vous manquer…
(Rire.) La nourriture est également différente. Un asado, au moins une fois par mois, c’est sûr que ça me manque.
Quelle est la situation actuellement en Argentine ? Votre pays se porte mieux ?
Avec le changement de président, ça a été un peu difficile. Je pense, cependant, que l’Argentine reste un grand pays et ira de l’avant. Si Dieu le veut, tout ira en s’arrangeant et la situation s’améliorera rapidement.
Vous êtes croyant, pratiquant ?
Oui, je suis catholique et très croyant. En Argentine, j’allais souvent à l’église, mais je n’y suis pas allé depuis mon arrivée en France.
Parlons du pape François, un Argentin qui aime le foot. Cela doit être une fierté pour vous ?
C’est magnifique d’avoir un pape argentin. Je n’ai pas encore eu la chance de connaître la ville de Rome, mais j’aimerais connaître la ville, voire croiser ou rencontrer le pape. Je suis très content et fier d’avoir un pape argentin. Surtout que je pense qu’il fait du très bon travail.
C a l air d etre un bon gars, et mature pour son age. Ces joueurs sud americains ont souvent eu des vies dures qui forgent le caractere et la discipline... ca change des mecs comme nasri.
Merci pour cet interview, on apprends un peu plus de ce joueur que j'ai personnellement du mal à cerné. Il a eu une vie difficile, ce qui la forgé. Il a la tête sur les épaules et ne se prends pas pour ce qu'il n'aient pas, il mérite de jouer et jouera en espérant qu'il fasse de très bon match pour que Genesio ne le fasse plus sortir du onze. La polémique des "pur" lyonnais est donc de la mer**. Comme je l'ai toujours dit ce ne sont que les joueurs qui n'ont pas réussi à l'ol qui créent cet polémique (Beauvue,Rose) certes, il devait peut-être y avoir une petite part de vérité du fait que pendant longtemps il n'y avait plus beaucoup de recrutement mais il faut pas abusé. Ce que j'aime bien c'est que tous les nouveaux joueurs louent le cadre de vie beau et calme de l'ol tout en ayant un club très compétitif (en espérant qu'on le soit plus) c'est rare. Pressez de voir le match de tout à l'heure et allez l'ol!!!
Il y a une grosse part de vérité mais il y a des raisons pour ça. Les jeunes du centre de formation sont effectivement très liés entre eux et ils acceptent mal de voir un joueur arriver de l'extérieur et piquer une place à un jeune qui lui-même empêche un autre jeune de signer un contrat pro, etc.
Quand c'est un joueur qu'ils respectent ça va, ils l'intègrent et acceptent. Mais quand c'est une grosse burne qui n'a aucun technique, qui ne saura jamais s'intégrer dans le jeu à la Lyonnaise, alors ça passe pas du tout. Et quelque part ils ont raison puisqu'on voit bien que ces joueurs quand ils partent ne jouent plus à ce niveau. Avec un autre entraîneur parfois ils ne jouent même plus du tout, comme Rose ou Beauvue.
Si on titularisait tout le monde suivant son niveau et pas suivant le montant de son transfert ou de son salaire alors ces réactions de rejet n'existeraient pas. Quelque part c'est de la justice qu'ils demandent ces jeunes, difficile de le leur reprocher.
Superbe interview,
Il a encore 15 jours avant le retour de diakaby et nkoulou. Esperons qu il fasse des matchs serieux.
Sa transversale directement en touche contre marseille m a ennervé. La relance doit etre son point fort
Je m en souviens aussi de cette transversale ratee... mais a part ca il a ete plutot bon dans la relance face a marseille.
On découvre un homme attachant, super interview, Merci O&L 😉
Des mecs peut etre qui disent de ne penser qu'au foot, c'est très bien, ca veut peut etre dire que l'argent vient en second et donc qu'il joue avant tout par pur plaisir !
Cela ne veut pas dire qu'il ne négocie pas correctement leur salaire bien sur mais par rapport aux déclaration de Ghezzal, ça tranche non ?
Super interview, on en apprend un peu plus sur Mammana. C'est vraiment quelqu'un de bien, un bon défenseur, qui à réussi à bien s'adapter à Lyon. Il doit être titulaire ce soir pour enchainer et montrer qu'il mérite une place de titulaire. Allez Mammana on est tous avec toi.
Je comprends que Buenos Aires lui manque !! et les asados encore plus!
Par son vécu qu'il énumère , c'est un joueur qui évolue par la confiance , si lyon arrive à le cadrer dans ce sens , il va exploser .
C'est sans doute sa petite famille qui lui manque, mais il parait qu'elle va revenir.