OL Rétro / Infatigable milieu de terrain au cœur d'un des trios les plus performants de l'OL, Sylvain Deplace revient sans détour sur ses nombreuses années lyonnaises. Aujourd'hui commercial à Genas, il suit au quotidien son équipe de cœur.
Olympique-et-lyonnais.com : Sylvain Deplace, quelle place tient l'Olympique Lyonnais dans votre cœur aujourd'hui ?
Sylvain Deplace : Je suis le club avec attention, évidemment. Avec mon entreprise, nous avons pris une loge au Parc OL, comme c'était le cas à Gerland. Je suis de très près les résultats et la vie du club.
Vous qui avez été formé au club, quel regard portez-vous sur la réussite du centre de formation depuis tant d'années ? Les exemples de jeunes joueurs intégrant l'équipe première pour en devenir des leaders abondent...
C'est vraiment sympa de voir ça. C'est vrai que dans les années 2000, le centre de formation était un peu moins mis en avant. On revient à ce qui était un point fort du club dans le passé, quand par exemple José Broissart s'occupait de la formation. Il avait fait de Florian Maurice, Maxence Flachez et moi des footballeurs professionnels. Aujourd'hui, on a un joueur clé qui sort par saison pratiquement. Ce qui est sympa surtout, c'est de voir des anciens joueurs que je connais bien, comme Maxence Flachez ou Pierre Chavrondier, revenir à la formation. Ils bouclent la boucle en venant apporter leur propre vécu à des jeunes qui ne demandent que ça.
Justement, en parlant de joueur que vous avez connu, comment avez-vous réagi en apprenant que Bruno Genesio ou Rémi Garde, avant lui, prenaient les rênes de l'équipe première ?
Pour être très clair et transparent, je n'imaginais pas Bruno sur le devant de la scène. Je dois reconnaître que c'est un rôle qu'il gère finalement plutôt pas mal du tout. À l'époque, en tant que joueur, c'était un meneur de par sa niaque et son envie. Ce n'était pas un meneur de vestiaire ou de groupe, mais sur le terrain il apportait un surplus d'envie à l'équipe. Je suis quand même étonné de sa réussite l'an dernier. J'ai été agréablement surpris parce que franchement je ne m'y attendais pas. C'est génial de voir qu'il réussit et j'espère qu'il pourra apporter encore beaucoup au club. Rémi Garde, c'était autre chose. Lui, on le voyait déjà comme un futur manager. Il était très en recul avec son métier. Il était très réfléchi, très posé. Ça lui collait parfaitement.
Genesio, Garde, Flachez... Tous ces noms nous ramènent au tout début de votre carrière professionnelle, en 1991. Un certain match contre Montpellier, le 14 décembre...
J'étais remplaçant, je suis rentré pour le dernier quart d'heure. J'ai pris un carton jaune cinq minutes après mon entrée (rires). En revanche, ce n'est pas tout à fait mon premier match. Je jouais avant 1991, quand le club était encore en Ligue 2. J'avais déjà fait un ou deux bouts de matchs. J'avais joué à Caen il me semble. Puis j'avais eu une pubalgie qui m'avait éloigné des terrains pendant un an. C'est pour ça que j'ai mis du temps à revenir et à faire mon trou pour disputer ce premier match de première division contre Montpellier.
Vous avez donc connu la Ligue 2 avec l'OL !
Oui ! J'avais même fait un match à Gerland contre Le Havre. Raymond Domenech était entraîneur et Patrice Garande jouait devant pour Le Havre. Il me l'avait fait à l'envers en appelant le ballon. J'avais fait une passe en retrait au gardien, il l'avait interceptée et avait marqué. Donc pour un premier truc à Gerland, c'était pas mal (rires).
Après des saisons compliquées jusqu'en 1993-1994, l'OL recrute Jean Tigana sur le banc et quelques gros noms. Pourtant, vous parvenez à rester une pièce maîtresse de l'équipe première. Ça devait être assez grisant, non ?
Ce sont de très bons souvenirs. Le club a effectivement changé de trajectoire avec l'arrivée de Tigana et des Marseillais – Pascal Olmeta, Manuel Amoros et Abedi Pelé. Il y a deux façons d'interpréter ce qui m'est arrivé. Soit j'étais devenu un indispensable de l'équipe, soit, et c'est comme ça que je l'ai perçu, j'étais un peu dans les meubles. Je n'étais jamais remis en question par le coach. Il m'a fait complètement confiance et je me souviens même qu'il disait vouloir s'appuyer sur moi pour la construction du jeu.
En 1995-1996, la double confrontation contre la Lazio devient le premier gros exploit lyonnais sur la scène européenne. Votre but à Gerland... (interruption)
Oui enfin si on peut dire que c'est mon but (rires). On m'a attribué le but, mais Ludo (Giuly) est sur la trajectoire du ballon et le contre. Je suis à l'initiative de la frappe. Je suis surtout le passeur sur le but de Devaux sur corner. C'est un super souvenir. C'est mon meilleur souvenir à l'Olympique lyonnais. Non seulement le match à Gerland, mais surtout le match retour. Celui-ci il est ancré dans ma mémoire. Pardonnez-moi l'expression, mais on était persuadé qu'on allait prendre le turbin. Finalement, on s'est amusé comme les gamins qu'on était à l'époque.
Quelques mois plus tard, vous disputez votre dernier match à Gerland. Avant le coup d'envoi, sur le terrain avec vous, il y a le jeune Karim Benzema. Qu'est ce que vous ressentez à ce moment-là ?
Pour être très clair, c'était un arrachement. Vraiment, ça me faisait chier de partir de l'Olympique lyonnais. On était en discussion très avancée avec le président et avec Bernard Lacombe. Il était question de prolonger avec un contrat assez long sur la durée. On me proposait sept ans de contrat. C'était super intéressant, mais ça rejoint un peu ce que je disais plus tôt. À un moment donné malheureusement, quand on est formé au club, on devient un meuble et on est considéré comme un vieux meuble. Il y avait aussi, il ne faut pas le nier, une question salariale. J'avais de bien meilleures propositions ailleurs. Même si le cœur me disait de rester, il faut penser à soi même. J'ai donc choisi une autre voie. On ne refait pas le passé, mais force est de constater que je me suis trompé. La suite de ma carrière ne m'a pas donné raison. Mais je n'ai aucun regret. Seulement, avec le recul, je me dis que si c'était à refaire, je prolongerais.
Tout au long de votre carrière à l'OL, vous avez disputé beaucoup de derbys. Gardez-vous des souvenirs de ces matchs particuliers ?
Pour être très honnête, j'ai des souvenirs mémorables de confrontations contre le PSG ou Marseille, mais les derbys ne m'ont pas marqué plus que ça. Je comprends la rivalité, mais nous sur le terrain à l'époque on avait pas mal de collègues qu'on fréquentait en équipe de France en jeunes ou en espoirs. C'était des mecs avec qui on était super copains. Le derby, oui, forcément il y a l'émulation autour. Mais pour moi, c'était un match comme un autre, il fallait le gagner, point barre. C'était moins excité à l'époque. Pourtant, Domenech et Lacombe savaient allumer les mèches.
Après votre carrière de footballeur professionnel, vous avez su rebondir dans une entreprise de la région, Tarvel. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous y faites ?
Je suis arrivé chez Tarvel suite à une rencontre hasardeuse on va dire. J'étais entraîneur du club de Marcy-l'Étoile et en charge d'aller chercher des sponsors. Tarvel réalisait le terrain synthétique de Marcy-l'Étoile donc forcément j'ai démarché et j'ai rencontré le boss de la boite. Ça a été un coup de cœur réciproque. Il m'a proposé de tenter l'expérience. Ils avaient besoin de développer les ventes de terrains de football en gazon synthétiques et naturels puisque c'est une corde qu'ils n'avaient plus à leur arc depuis un petit moment. J'y suis depuis 2009 et on a fêté mes sept ans là bas récemment.
Une reconversion réussie, donc ?
Ça me plaît énormément puisque je reste dans le domaine sportif. Et puis j'en découvre le côté un peu plus obscur. Je traite avec des élus et plus avec le monde sportif directement. Chacun a sa vision des choses : certains s'en foutent royalement et d'autres consacrent beaucoup pour le sport dans leurs communes.
Vous avez longtemps entraîné le club de Marcy-l'Étoile, c'est toujours le cas ?
Non. Je ne le suis plus depuis le mois de juin 2016. Je prends une année sabbatique et on verra si je recommence derrière ou pas.
Que pensez-vous du début de saison de l'OL ?
Il faut reconnaître qu'il y a eu quelques aléas qui ne nous facilitent pas la tâche. On pense bien évidemment à la blessure d'Alexandre (Lacazette). Une fois qu'il sera revenu, que son duo avec Fekir sera réunifié et qu'on aura sécurisé l'aspect défensif, je pense qu'il y a de quoi faire. Aujourd'hui, on manque surtout d'une assise défensive. Personnellement, je ne me fais pas trop de soucis, je pense que ça va rouler.
On se voit au stade dimanche, donc ?
Oui ! Je n'y suis pas pour chaque match, mais le derby j'y tiens. Aujourd'hui, ça me passionne. Il ne faut pas se voiler la face, je pense qu'il y a eu une grosse débauche d'énergie contre Séville et que ça va faire de ce derby un match tendu. Ça va se jouer sur des petits détails. Moi je vois la victoire, c'est sur. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement pour une première au grand stade. Mais je vois une victoire étriquée. Je vois un 2-1.
Bonjour à tous,
Très sympas, d'avoir des nouvelles des anciens joueurs et gloires de L'OL. Sinon oui, L'OL dois gagner dimanche pour son premier derby au parc OL. Les gobes doivent faire honneur au public. ALLEZ L'OL
Très bonne interview. Avec un titre bien pensé, serait-ce en lien indirecte avec la situation de Rachid Ghezzal? Sylvain dit clairement qu'il avait préféré l'argent ailleurs plutôt que de prolonger avec son club formateur...Et aujourd'hui, il regrette amérement son choix.