Le secrétaire d’État aux sports, Thierry Braillard, en a fait l’une de ses priorités : permettre aux sportifs de haut niveau de réussir leur reconversion grâce à la création d’un statut administratif et social. L’ancien gardien de l’OL (2002-2005), actuel consultant du site Olympique-et-lyonnais.com, évoque sa fin de carrière et sa reconversion.
Racontez-nous votre fin de carrière...
Nicolas Puydebois : Je suis en fin de contrat à Nîmes en 2010, je me laisse un an pour retrouver un club. Comme tout salarié, un footballeur a droit à deux ans de chômage. On a des salaires assez élevés qui nous permettent d’être au plafond du chômage, à 6 000 euros nets par mois. Je me suis laissé un an pour retrouver un club, avant de me lancer dans une reconversion. Je n’ai pas trouvé de club, et je n’avais pas forcément réfléchi à ce que j’allais faire après. Je me suis lancé dans la franchise de restaurants (un concept de bar à salades) pour gagner du temps, puisqu’il ne me restait qu’un an de chômage. Ça n’a pas marché comme je voulais, je pense que je n’étais pas fait pour ça. J’avais l’habitude d’être dehors, de faire beaucoup de choses, et là... rester au même endroit, 8 heures par jour derrière un comptoir, tu découvres que ce n’est pas fait pour toi. Il a fallu se reconvertir à nouveau.
À ce moment-là, quel était votre souhait ?
Je lorgnais sur le poste de consultant, mais je ne savais pas par quel biais rentrer dans les médias. Ensuite, je voulais devenir commercial, puisque j’ai découvert que j’étais capable de le faire grâce à des amis qui sont dans ce métier et qui m’ont trouvé des prédispositions par rapport à ma carrière. Ils trouvaient que j’avais ce côté commercial, mais pas derrière un comptoir. Plutôt aller voir les gens, démarcher, entretenir une relation commerciale... Aujourd’hui, je suis épanoui, c’est quelque chose qui me plaît. J’aime discuter avec les gens, je suis assez curieux, donc on échange. Il y a une relation de confiance qui est à trouver entre le client et moi.
Un footballeur professionnel doit donc travailler, à l’issue de sa carrière ?
Dans le monde du football, certains gagnent beaucoup d’argent, mais c’est vraiment l’élite. Puis il y a ceux qui gagnent de l’argent et vont tenter quelque chose, comme moi j’ai pu faire avec les restaurants, mais qui ne peuvent pas être rentiers, à l’abri du besoin. Je n’aurais pas pu vivre le restant de ma vie avec l’argent que j’ai mis de côté.
Durant votre carrière sportive, pensiez-vous à l’après ?
On y pense sans y penser, on se dit qu’il faut préparer l’avenir. De 20 à 30 ans, tu penses qu’il ne peut rien t’arriver, tu penses que tu vas finir ta carrière comme tous les autres à 35 ans. On remet souvent à plus tard ce projet-là. On n’est pas forcément accompagné, la plupart des clubs ne sont pas structurés pour aider les joueurs à préparer leur reconversion. L’Union nationale des footballeurs professionnels [UNFP] passe une fois par an pour nous sensibiliser à cela, mais il me semble que ce n’est pas suffisant.
Peut-on parler d’une sorte de deuxième vie ?
Totalement. On rentre dans une deuxième vie, même si c’est beaucoup de sacrifices, le métier de footballeur. Je suis rentré à l’OL à l’âge de 8 ans et j’ai signé pro à 20 ans [N. Puydebois a été la doublure de Grégory Coupet dans les cages]. Il y a un travail physique à fournir, pour être performant ; il y a un travail de récupération et mental à effectuer. On ne va pas au boulot, on va à l’entraînement, on va jouer au football. Tu es professionnel, tu as un contrat, mais ce n’est pas vraiment un travail. Il y a quand même une validation des acquis. On acquiert des compétences, de marketing ou avec les médias, en représentant le club, mais qui ne sont pas valorisées dans le monde du travail. Pour eux, tu n’es qu’un footballeur professionnel, alors que tu es confronté au marketing, aux relations publiques, aux médias, à l’aspect psychologique du management... Ceux qui arrivent à se servir de leurs compétences, c’est le gratin, les meilleurs. Ils font des conférences dans les sociétés, comme Grégory Coupet ou Sébastien Chabal. Les sportifs de haut niveau peuvent transmettre des valeurs sur l’aspect mental, ils ont des choses à apporter aux salariés. Pourquoi un sportif moyen, avec ses qualités un peu moindres, ne pourrait pas exploiter les compétences acquises dans sa carrière pour une société ?
Pensiez-vous que cette fin de carrière serait aussi délicate ?
Non, je pensais que ce serait plus facile. Je pensais avoir les pieds sur terre, de bonnes valeurs... Malheureusement, on se rend compte que, quand tu gagnes de l’argent, tu t’installes dans un confort. Même si tu essayes de rester pragmatique, tu restes dans une bulle, dans ton milieu social. Pourtant, on vient tous d’un milieu populaire, mais tu prends l’ascenseur social. Tu es en haut de cet ascenseur social et, quand tu démarres ta reconversion, tu retombes tout en bas. C’est à toi de te refaire un statut social, de remonter à l’échelle. J’ai eu la faiblesse de croire que ce serait facile. Toutefois, il faut relativiser, car c’est difficile pour tous les Français.
dure la réalité de 99% des français!!! C'est comme nos politiciens, ils ne peuvent nous représenter car ils sont à des années lumières d'un salaire à 4 chiffres. 2 ans à 6000 euros au chômage , même en travaillant , on touche pas ça à moins d'être patron d'une startop . Intéressant, son analyse à Puydebois surtout que c'est pas lui qui touchait des millions en étant gardien remplaçant. Bonne chance dans sa reconversion , mais tu sais on le vis bien d'être en "bas" de l'échelle comme tu dis et encore je ne me plains pas par rapport au smicard qui doivent galérer chaque fin de mois.
On dirait que tu lui reproche de ne pas y rester au bas de l'échelle, c'est bien français ça. Je l'encourage au contraire à grimper encore plus, peut-être par une autre expérience de dirigeant d'entreprise. On apprend de ses erreurs, il sera forcément meilleur que la première fois et maintenant il sait ce qu'il veut. Je suis sûr qu'il possède les qualités nécessaires pour y arriver.
les 6000€ de chômage il faut les mettre en balance avec ses cotisations et on s'apercevrait qu'il a participé beaucoup plus que ce qu'il a perçu...
En fait, ce sont surtout ces employeurs qui ont participé, ce sont eux qui payent les cotisations.
Mais tu as parfaitement raison, avec ce que ces employeurs ont cotisé via son salaire brut sur ces 11 ou 12 ans de professionnel, la balance est largement bénéficiaire pour pôle emploi.
Légalement les cotisations salariales sont payées par la salarié, même si dans la réalité c'est bien évidemment l'entreprise qui les paie en intégralité. Mais c'est important d'en être conscient, si on faisait des économies sur ces postes, on toucherait automatiquement plus en salaire net.
Si un employeur ne verse pas ces cotisations salariales à l'URSAFF c'est passible du pénal, même en cas de dépôt de bilan.
Olvictory = Ne me fait pas dire, ce que je n ai pas dit. On connaît suffisamment ton point de vue appelé libérale par défaut ou capitaliste. Tant mieux pour eux si ils peuvent se reposer sur l état pendant 2 ans, ça s est bien français ( cotisations payé ou non).
Je n'ai pas parlé de cotisation mais j'ai défendu le désir de s'élever dans l'échelle sociale qui est une idée à 100% socialiste à la base. En gros je ne suis pas certain que je me sois exprimé bien clairement.
Le libéralisme n'est pas le capitalisme.
Pour les américains, le libéralisme, c'est Sanders par exemple.
Il n'y a qu'en France qu'on associe libéralisme et capitalisme alors qu'en fait le libérale est attaché avant tout à la notion de liberté.
Et OLVictory en tant qu'entrepreneur ne peut être qu'un libéral. Il n'est pas dit qu'il défende le capitalisme et ses dérives.
Quand tu as essayé de vivre de ton esprit d'initiative et d'entrepreneur en France, tu ne peux QUE partager le point de vue libérale.
Le libéralisme s est ni plus ni moins de l individualime. C est écrasé autrui sans accepté aucune entité supérieur pour sa propre vertu. Quand au capitalisme, j ai une vision plus marxiste de la chose en référence aux riches investisseurs qui le reste au dépend du prolétariat qui subit leur loi. Même si ce lieu ne se prête pas à ce genre de débat politique , ça m hérisse le poil de lire qu une ascension sociale est possible sans marcher sur les autres. Mais chacun à le droit de penser la société comme il l entend et je suis ouvert à la discution.
Je ne suis pas libéral, pas complètement. Je suis pour que les fruits du travail aillent à ceux qui travaillent, d'ailleurs en 2000 ma deuxième entreprise était une SCOP où je suis resté jusqu'en 2010.
Maintenant quand je vois à quel point les entreprises ne sont pas considérées autrement que comme des vaches à lait là je deviens libéral. Normal c'est de la survie.
Tout n'est pas toujours aussi tranché que POUSSIN l'exprime 😆
Et j'ai rien compris à l'avant-dernière phrase...
Le patron investisseur compte tout autant que ses employés qui travaillent pour lui. L un ne va pas sans l autre encore faudrait il que le patron ne souspaye pas ses propres salariés pour son propre profit personnel. Les actionnaires ou autres investisseurs oublient un peu vite que sans les travailleurs leur intervention financière ne serviraient à rien. Certes en France l impôts des entreprises est surévalué et ne permets pas toujours la pérennité de celles ci mais elles protégés malgré tout notre société pour ne pas laisser sur la touche certaines personnes. Ce n est pas parfait mais elles ont le droit d exister.
Je t'invite à lire la définition du libéralisme sur Wikipédia.
Notre vision du libéralisme est radicalement différente de ceux qui ont inventé le concept, inspiré par la philosophie des lumières.
Ta vision du libéralisme est très très française, voire même extrême gauche française.
Après, je pense qu'on partage une partie de nos analyses sur le capitalisme, surtout actuel, notamment sur les actionnaires (ou les investisseurs).
Avec les charges actuelles, pour être rentable, un employé doit rapporter à son "patron" 2,5 fois la valeur de son salaire net. Pour les artisans, les PME, il n'est pas toujours facile de "bien" payer ses employés, même quand la volonté est là.
C'est la contre-partie pour avoir un système français avec l'assurance chômage, la sécurité sociale, etc.
En fait les dérives découlent du libéralisme, et non du capitalisme. Le libéralisme, c'est de la dérégulation pure et simple, c'est la foire, la jungle, chacun pour sa pomme quoi... le capitalisme est encadré.
Et effectivement, dans le cadre d'une société économiquement libérale, il n'est pas possible de s'élever "pécuniairement" (<-- là les libéraux disent "socialement") sans marcher sur qq'un d'autre.
En tout cas, il faut qu'il reste consultant pour "tant qu'il y aura des gones".
J'adore son côté totalement "pro" Lyon et subjectif, et surtout sans langue de bois !
A propos de "Tant qu'il y aura des gones", l'émission est confirmée pour le prochain championnat ? Avez-vous une idée de la date de démarrage ? La formule va-t-elle évoluer ?
Pour avoir eu la chance d'échanger un peu avec lui dans le cadre du travail, je peux affirmer sans hésitation que Nico est un mec bien avec des valeurs, très abordable et franchement sympa. Il gagne donc largement à être connu et je trouve son témoignage touchant à l'opposé des discours conventionnels des autres footeux. En plus, ses analyses sur l'OL sont souvent pertinentes ! C'est bien aussi que Olympique et Lyonnais évoque ce sujet peu traité de la reconversion des anciens footballeurs pro. Un papier intéressant !! 🙂
Nico a le mérite d'être honnête dans l'article et je ne vois pas pourquoi vous lui "taillez un costard" ! De plus c'est quelqu'un de très sympa (qui ne se la joue pas) et je le dis parce que je l'ai rencontré une fois et j'espère que cela ne sera pas la dernière. En revanche, moi ce qui m'intéresse c'est qu'il reste consultant dans TKYDG car il a toujours de bons arguments. Allez vivement la reprise afin que l'on puisse retrouver notre équipe de choc en espérant bien sûr que l'émission perdure.