5000 personnes minimum pour OL-PSG, l'OL espère encore 20 000, tout ce qu'il faut savoir

Xavier Pierrot, le directeur général adjoint en charge du stade de l'Olympique lyonnais assure, à Olympique-et-Lyonnais.com, que le club met tout en œuvre pour permettre au moins à ses 20 000 abonnés d'assister au choc contre le PSG (ce dimanche 9 janvier à 20h45). Interview.

Olympique-et-Lyonnais.com : Quelle est votre réaction après le rejet de l'amendement sur les jauges proportionnelles à la capacité d'un stade ou d'une salle ?

Xavier Pierrot : On a travaillé depuis de nombreux mois et depuis le début de la pandémie à des solutions qui permettaient de prendre en compte la situation sanitaire du pays. Elle est réelle et il faut faire attention. La priorité du club, c'est de faire attention à la santé de nos spectateurs. Mais par contre, on ne peut pas traiter de la même façon des salles en indoor, de capacité variable de 2000 à 20 000 places, et des stades qui peuvent accueillir 5000 à 80 000 spectateurs comme le Stade de France. De mettre en œuvre un critère de variabilité des jauges en fonction des caractéristiques des stades paraissait intelligent et intéressant. Maintenant, la lecture qu'on en fait, ce n'est pas un rejet. Cet amendement déposé par des députés et validé par la commission des lois, il a été modifié. Dans cet amendement qui est en cours de vote à l'Assemblée nationale, il y a deux critères : la situation sanitaire du pays et les caractéristiques.

Effectivement, à ce sujet, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a annoncé sur Twitter mardi soir « qu’un amendement avait été déposé à l’Assemblée pour aller au-delà du plafond de 2 000 spectateurs en intérieur et 5 000 dehors, en ouvrant la possibilité d’appliquer des jauges proportionnelles'" mais que cela ne se fera "pas de manière systématique car cela pénaliserait les petites enceintes, mais spécifiquement pour les grands équipements sportifs." Cela change-t-il la donne ? 

Cela ouvre la porte à une variabilité des jauges. On estime qu'on a plutôt été entendu sur ce point-là, on espère que ça concernera le match contre Paris, même si ça semble compliqué. En tout cas, on souhaite que lors du vote de la loi, ça sera mis en œuvre et qu'on pourra arrêter avec ces jauges en valeur absolue car cela n'a aucune cohérence.

"Pour les soldes, les centres commerciaux vont accueillir des dizaines de milliers de personnes"

La rencontre contre le PSG va-t-elle se dérouler devant 5000 personnes ?

Tout d'abord, on continue de se battre. Comme je vous l'ai dit, on trouve que c'est totalement incohérent. Dans 10 jours, vous allez avoir les soldes qui vont démarrer, il y aura donc des centres commerciaux qui sont en indoor et qui vont accueillir des dizaines de milliers de personnes... Ils vont venir pour faire des courses, ce qui se rapproche du loisirs. Je peux également vous prendre comme exemple le salon de l'étudiant (ce week-end à Eurexpo) avec de nombreux jeunes qui vont être rassemblés pendant trois jours et on laisse faire. On a vraiment l'impression pour les stades, alors que nous sommes en plein air, d'être punis.

Il y avait besoin de prendre un secteur d'activité en exemple et ce sont les enceintes sportives qui sont pénalisées. On ne l'accepte pas. C'est pour cela, qu'on n'a pas communiqué sur la répartition des 5000 places car on espère faire entendre raison. Tout le monde considère que cette jauge à 5000 est aberrante. On espère que la raison va l'emporter et que d'ici dimanche, on va obtenir gain de cause pour au moins avoir 5000 personnes par tribune.

Si la jauge doit rester à 5000, concrètement, comment allez-vous choisir les personnes qui pourront assister à ce choc contre le PSG ? 

C'est très compliqué pour nous. On a 20 000 abonnés et choisir, c'est un crève-cœur. On aimerait qu'ils puissent tous être là. Même si on avait vendu plus de 55 000 billets pour ce match, on souhaite au moins permettre à l'ensemble de nos abonnés qui nous suivent toute la saison de pouvoir assister à cette rencontre. C'est pour cela qu'on se bat. Maintenant, si ce n'est pas possible, et bien, ce que l'on ne souhaite pas, on va privilégier nos partenaires économiques qui nous ont accompagnés depuis deux ans. On a des pertes de billetterie très importantes et financièrement parlant, ce sont de grosses sommes en jeu pour les clubs.

"L'OL a joué le jeu de la vaccination"

Il n'est donc pas question d'un match à huis clos ?

Je ne sais pas comment est sortie cette information car on n'a jamais communiqué sur cette possibilité d'un match à huis clos. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'a pas envie de trier parmi nos abonnés. C'est très compliqué. Pourquoi untel et pas l'autre ? On ne veut pas aller sur ce terrain-là. En cas d'une jauge à 5000, trois (nord, sud et l'est) des quatre tribunes seront fermées dimanche et on regroupera les personnes autorisées à venir au sein de la tribune ouest.

Allez-vous communiquer rapidement afin que les gens puissent s'organiser ?

On aurait aimé communiquer il y a dix jours pour annoncer à nos abonnés qu'ils peuvent tous venir, car à 20 000, c'est la jauge idéale, mais doit-on communiquer et accepter telle quelle cette décision injuste ? On a même accepté de fournir des masques FFP2 à l'ensemble de nos supporteurs (le club était même prêt à en distribuer au départ des tramways). On a joué le jeu depuis le début de la pandémie avec le centre de vaccination implanté dans notre stade, on a même rouvert des dates en janvier (2022) en concertation avec l'ARS et les pompiers. On joue le jeu de la vaccination à outrance et, désormais, pour punir les gens vaccinés et abonnés à l'OL, il y a cette jauge de 5000 places. C'est incohérent ! C'est une bataille à mener jusqu'au bout et s'il faut batailler jusqu'à vendredi, samedi, on le fera. Car c'est injuste. On a conscience des difficultés que cela engendre aux spectateurs potentiels de ce match, mais on se bat aussi pour eux.

"Une violence inouïe"

Sans excuser la violence, on l'a condamne systématiquement, je trouve que cette volonté de mettre en avant les vaccinés afin qu'ils puissent avoir une vie normale et les sanctionner s'ils sont abonnés dans des clubs de football en les empêchant de venir dans les stades, cela crée une frustration et une violence philosophique individuelle qui est importante. On a de nombreux spectateurs qui se sont vaccinés, je dirais presque suite à nos conseils, pour continuer à vivre leur passion alors qu'au départ, ils étaient plutôt contre. Aujourd'hui, qu'ils sont vaccinés, on leur interdit de venir aux matches. C'est d'une violence morale qui est inouïe. Et ça, on va le payer. C'est pour cela, qu'on ne comprend pas cette injustice.

Quid du remboursement pour vos abonnés et ceux qui ont déjà acheté des places pour la venue du PSG ?

Ceux qui ont acheté des places, le sujet sera rapidement tranché car il faudra les rembourser. Par contre, pour nos abonnés, on doit définir précisément les modalités. Le gouvernement a dit qu'il allait mettre des moyens en œuvre pour compenser économiquement les stades impactés. Je rappelle que la dernière compensation billetterie n'était pas au niveau attendu par les grands stades. On est triplement pénalisé. On a un grand stade privé et on est sur des matches très importants donc on prend des risques financiers conséquents. Et comme la compensation billetterie était plafonnée l'année dernière, on est moins aidés que d'autres.

Quand vous voyez ce qui se passe dans d'autres secteurs d'activité : la restauration, les stations de ski qui sont largement soutenues, d'ailleurs, on ne les entend pas se plaindre car les aides compensent la fermeture. L'Olympique lyonnais a communiqué ses chiffres et l'impact sur la billetterie est important.

Pour finir, quel est l'impact économique pour l'Olympique lyonnais ?

On avait mis en place un pack or avec les trois matches (Marseille, Paris et Saint-Etienne), je ne reviens pas sur le premier, les deux autres tombent sur la période de restrictions. On espère que la loi (pass vaccinal) du 15 janvier va nous permettre au moins pour la venue de Saint-Etienne de mettre en place une jauge variable plus importante si on n'obtient pas gain de cause pour Paris. Pour le reste, on est une société cotée en bourse donc je ne peux pas vous donner de chiffres précis mais il y a un impact important.