Après six années passées en tant qu'éducateur à la préformation à l'OL, Jean-François Vulliez a été nommé, à l'aube de cette nouvelle saison, nouveau directeur de l'académie en lieu et place de Stéphane Roche. L'occasion de découvrir un peu plus en profondeur l'homme ainsi que certains aspects propres au club rhodanien, tels que sa philosophie.
Olympique-et-lyonnais.com : Quel est votre parcours dans le monde du football ?
Jean-François Vulliez : Je suis éducateur depuis l’âge de 26 ans. Avant ça, j’ai fait la fac de sport à l'UFR STAPS de Lyon entre mes 18 et 23 ans. J’ai joué en CFA à Thonon mais j'ai dû arrêter car au même moment je suis entré au district du football en tant qu’éducateur sportif. J’ai commencé à entraîner les jeunes et les séniors de Thonon en même temps, de 1996 à 2003. Je suis resté 13 ans au district de football. Après, je suis devenu cadre technique fédéral de la Haute-Savoie et du Pays de Gex de 2005 à 2011, et, par mes prises de fonction, j’ai côtoyé la ligue et toutes ses composantes, c’est-à-dire la formation d’entraîneurs, les sélections au niveau régional où j’ai développé un réseau et des connaissances… Je suis une personne qui fonctionne par projet, j’en avais mis un en place au district mais j’avais envie de trouver un projet club. J’ai eu quelques propositions mais un ami m’a mis en contact avec Rémi Garde. Il était manager du centre à l’époque. Il cherchait une personne pour faire évoluer toute l’organisation et la pratique, les méthodologies d’apprentissage pour la préformation des U7 jusqu’au U15. Je suis donc arrivé en 2011 avec Jean-Yves Ogier qui est passé rapidement directeur adjoint de Stéphane Roche (directeur du centre de formation). Moi, j’ai beaucoup œuvré sur l’école de foot (préformation U7 jusqu'au U15) pendant six ans en essayant d’expérimenter, d’innover, de faire beaucoup de recherches et de fédérer tout le projet jusqu’à la catégorie U15. Ensuite, Jean-Michel Aulas, fin 2016, a demandé un audit interne pour réorganiser l’académie avec ses collaborateurs. Quelques mois plus tard, j’ai été nommé directeur de l’académie de l’OL.
Est-ce que des joueurs vous ont particulièrement marqué lors de votre passage à la préformation de l’OL de 2011 à 2017 ?
Lorsque je suis arrivé en 2011, je suivais la génération 1997-1998, des joueurs de 13, 14 ans à l’époque. C’est ceux que l’on retrouve aujourd'hui. Ceux qui m’ont marqué ? Il y a par exemple Elisha Owusu, Yoann Martelat, Houssem Aouar, Gédéon Kalulu, Timothé Cognat. En plus jeunes il y a Amine Gouiri, Mohamed Bahlouli, Mathis Louiserre, Lilian Perrier, Willem Geubbels... Beaucoup ont du talent mais le talent ça doit être aussi l’efficacité. On est souvent bouche bée devant un geste technique, un engagement défensif… mais ce qu’il faut, c’est que le joueur doit être constant. Le talent sans l’efficacité ça ne sert pas à grand-chose dans les matchs de haut niveau.
"On a quatre valeurs ici : l’humilité, l’excellence, l’engagement et le respect."
Quelles valeurs et principes sont importants pour réussir en centre de formation à l’OL ?
La force de l’OL repose sur le fait qu’il y ait une stabilité d’encadrement avec des nouvelles personnes qui arrivent pour faire évoluer la formation et avoir une vision d’avenir. La clé de la réussite s'appuie sur le transfert du savoir-faire et des valeurs. On en a quatre ici : l’humilité, l’excellence, l’engagement et le respect. On doit, chacun de nous en tant qu’encadrants, les transmettre aux plus jeunes. Ces derniers, s’ils les incarnent, peuvent atteindre les objectifs. La philosophie du club est la même depuis ses débuts, mais elle évolue parce que le jeu évolue. Elle repose sur du jeu combiné, de la possession de balle, de la technique, de l'intelligence de jeu et de l'intensité… ce sont des principes de haut niveau qui sont assez forts dans le développement à l’Olympique lyonnais. Il faut pouvoir les ajuster au jeu de 2020, 2025 et 2030 puisque les joueurs de la préformation joueront à cette époque. On anticipe, on évalue l’évolution du jeu. Comment on peut adapter nos principes de jeu dans notre travail quotidien avec les coachs ?
"8 à 12% des joueurs à l'OL, par génération d’âge, arrivent à signer un contrat professionnel au terme de leur formation."
L’académie de l’OL est le premier centre de formation français depuis 4 ans devant Monaco et Paris, le 2ème en Europe, nous imaginons que c’est une fierté pour vous et le reste des encadrants ?
C’est une fierté pour le club, le président, pour les moyens qu’il nous donne, pour toutes les personnes qui œuvrent dans l’académie. Nous sommes fiers de ces résultats mais il faut que l’on anticipe sur les années à venir pour que l'on puisse continuer à être les meilleurs. Nous avons aussi la fierté de faire réussir des jeunes du centre hors de l’OL. On a un taux très élevé de réussite. 8 à 12% des joueurs, par génération d’âge, arrivent à signer un contrat professionnel au terme de leur formation. Pour comparaison, les autres clubs français tournent autour des 5, 6%.
En tant que nouveau directeur du centre de formation, quelles sont vos nouvelles tâches ?
Je dois appliquer à la formation le projet qu’on a identifié avec la direction. Je me focalise sur le management de l’académie avec la mise en place d’un process et d’une organisation hebdomadaire. Mon rôle est aussi de fédérer l’académie et toutes ses personnes qui en sont les leviers pour l’apprentissage et la formation des jeunes. Ce que je veux, c’est travailler avec toutes les composantes du centre dans un projet commun. Et quand on travaille de manière systémique, cela nous permet de faire évoluer le projet.
Comment s’est passé le passage de relais avec Stéphane Roche ?
Cela s’est très bien passé puisque l’on se connait depuis sept ans. On a beaucoup échangé ensemble. Ce n’est pas des situations faciles à vivre, que ce soit pour lui ou pour moi, mais on a su faire la part des choses. Aujourd’hui, on est dans le même projet et on a un but commun : faire progresser les jeunes.
Comment jugez-vous la nouvelle académie ?
Elle est très fonctionnelle. On a une structure qui nous permet d’être efficient dans la fonctionnalité, on ne perd pas de temps. Il y a aussi une forte unité puisque dans un espace restreint, tout le monde se croise. On peut donc se transmettre des informations et une énergie football. En termes de qualité et d’efficience de travail c’est aussi le top niveau. La distance géographique entre l’académie (Meyzieu) et le centre d’entraînement du groupe pro (Décines) nous permet de fixer un certain objectif aux jeunes pour les rendre plus performants. Quand on arrive à Décines, on arrive dans l’espace réservé aux professionnels…
"Le projet, c’est celui-là : avoir une équipe issue à majeur partie de l’académie, parce que c’est le sens de l’histoire et ça doit être notre but."
Quel regard portez-vous sur ces jeunes du centre qui s’entraînent avec le groupe professionnel cette saison ?
Ce sont de très jeunes joueurs. Ils sont encore en apprentissage. Ce n’est pas parce qu’ils sont en équipe professionnelle qu’ils ont fini leur formation. Il faut qu’ils portent leur attention là-dessus. Surtout lorsqu’ils ont entre 16 et 22 ans, parce que même s’ils s’entraînent avec les pros, ils ont une marge de progression encore très importante. S’entraîner avec eux les fera progresser. Notre travail est de leur faire comprendre quel sera leur futur métier et qu'ils se fixent par eux-mêmes des objectifs à court terme de maîtrise et de performance. Je leur dis souvent : « vous voulez devenir quoi plus tard ? », ils me répondent : « footballeur professionnel », je leur rétorque : « ah bon ? ». Je leur dis qu’il faut qu’ils deviennent des champions ! C’est-à-dire travailler en cherchant toujours une meilleure performance et se dire : comment je m’organise dans ma vie pour être le meilleur possible ?
Qu'avez-vous pensé du recrutement de l’OL cet été ?
La stratégie de recrutement a été fixée en fonction du projet de jeu. Les statistiques montrent que la majorité des buts sont marqués entre 0 et 9 secondes, cela veut dire qu’aujourd’hui il faut être bon sur les transitions défensives-offensives. Quand l’adversaire est en train d’attaquer, il faut savoir utiliser les espaces libres pour aller marquer en contre-attaque. Mais il faut aussi être bons sur les attaques placées. Il faut garder un équilibre dans le jeu.
Que pensez-vous des prix des transferts qui flambent ? En parlez-vous avec les plus jeunes ? Leur expliquez-vous ?
On met en place une formation pour les préparer au métier de footballeur professionnel et à celui d’éducateur. Dans cette formation, on les fait réfléchir sur des questions médiatiques, financières… des aspects qu’il faut prendre en compte dès le plus jeune âge. Nous avons des personnes qui interviennent à l’académie pour répondre aux questions des jeunes et leur expliquer ce qu’ils ne comprennent pas. Mais la flambée des prix, c’est une chose que l’on ne peut pas maîtriser. Notre travail est d’être en réflexion avec eux. Il faut qu’ils puissent avoir une analyse critique de la situation. Toute la formation est basée sur ça.
Quel est le rêve que vous souhaiteriez réaliser avec l'OL ?
J’ai deux ballons de la Ligue des champions dans le bureau. C’est l’objectif du club. Il faut croire en ses rêves et notre rêve est de la gagner avec des jeunes de Lyon. J’espère que l’on y arrivera. Je crois qu’aujourd’hui on se donne les moyens de le faire et on peut y arriver car on a de bons joueurs, on a tous les atouts pour réussir, on a aussi beaucoup d’idées. Nous avons une culture, une expertise et un modèle différents de nombreux autre clubs européens et nous voulons atteindre nos rêves en cultivant nos valeurs humanistes de formation. On peut construire une équipe avec des jeunes issus du centre de formation. Pour moi, le projet c’est celui-là : avoir une équipe issue à majeur partie de l’académie, parce que c’est le sens de l’histoire et cela doit être notre but.
Intéressant d'avoir ce type d'interview avec des acteurs agissant dans l'ombre du club. Bravo de proposer cela .
Idem, j'adore !! J'éprouve autant de fierté après lecture de cet entretien que lors d'une belle victoire ; Merci ?
Merci pour vos retours. On essaie de monter en puissance sur l'éditorial.
non c'est impossible peut être dans 10 à 20 ans si les club auront moins argent et que les club se consacre beaucoup plus sur la formation oui c'est possible.
sinon dans état actuel je vois pas comment c'est possible avec inflation des prix,les nouveaux riche investiteur qui arrive ça sera tres difficile de luter même si on sort 11 top player.